La fillette kurde de deux ans a été tuée jeudi pendant une course-poursuite entre la police et des migrants, près de Mons.
Après le choc, les questions. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une fillette de deux ans a été fatalement touchée par une balle à bord d'une camionnette à l'issue d'une course-poursuite entre des migrants et la police. Elle est décédée dans l'ambulance, après l'interception du véhicule.Une enquête a été ouverte au parquet de Mons et confiée à la police des polices belges, le "Comité P", pour savoir si la balle reçue par la petite Mawda provenait ou non d'un tir de la police. L'autopsie avait révélé que la petite fille avait reçu une balle au niveau de la joue.
On n'exclut pas que cette balle pourrait provenir d'une arme d'un policier,
Le procureur du roi avait d'abord assuré jeudi que l'enfant n'était "pas décédée des suites des coups de feu des policiers" tout en évoquant trois autres causes possibles : une maladie, un accident de la circulation ou un coup porté à l'enfant. Le parquet se montre désormais plus prudent et attend des rapports balistiques plus complets avant de se prononcer.
"On n'exclut pas que cette balle pourrait provenir d'une arme d'un policier, mais l'enquête devra déterminer si il y a eu d'autres coups de feu, savoir quel policier - si c'était un policier - ou alors une personne présente dans la camionnette qui aurait pu être armée", a expliqué un magistrat à l'AFP.
Selon plusieurs médias belges et notamment La Dernière Heure, l'enfant aurait été tenue à bout de bras à l'extérieur de la camionnette pour faire office de bouclier humain pendant la poursuite. Une information que le parquet n'a pas pu confirmer.
Événement tragique avec conséquences dramatiques. L’enquête est en cours. Cet événement met à nouveau en évidence les tristes circonstances dans lesquelles le trafic d’êtres humains prospère. https://t.co/gBNPla4fn5
— Jan Jambon (@JanJambon) 18 mai 2018
Les policiers pouvaient-ils tirer ?
Il est en tout cas avéré que la police a ouvert le feu sur la camionnette. Un usage qui pose d'ailleurs question, puisque les policiers belges ne sont pas censés utiliser leurs armes dans le cadre d'une course-poursuite. : "On peut faire légitimement usage d’armes à feu en tant que policier lors d’une situation de légitime défense" précise à nos confrères de RTL.be Marie-Aude Beernaert, professeure en droit pénal à l’UCL.
En l'occurrence, d'autres solutions existaient, comme le détaille à nos confrères Michel Terf, coordinateur à l’école de police de Liège. "Le premier objectif pour un véhicule à immobiliser sera d’essayer si possible la crevaison contrôlée avec l’usage de herses. Si on n’a pas d’autres moyens, tirer sur les pneus est possible".
Des appels à la démission
La camionnette avait été prise en chasse après un contrôle, sur un parking d'autoroute près de Namur. Alertés par une fausse plaque d'immatriculation, les policiers avaient ensuite appelé des renforts. Outre la filette, 26 adultes et 3 enfants d'origine kurde se trouvaient à l'intérieur lorsque le véhicule a finalement été intercepté.
Jeudi, après le drame, plusieurs associations de défense des droits réclamaient la démission du ministre de l'intérieur Jan Jambon ainsi que du secrétaire d'État à l'asile et la migration, Theo Francken. Entre 150 et 200 personnes ont manifesté devant l'Office des étrangers, à Bruxelles. Une seconde manifestation s'est tenue vendredi.