Lutter contre Alzheimer avec une tasse de café ?
"Une consommation régulière et modérée de caféine ralentit le déclin cognitif lié à l’âge et le risque de développer une démence". En clair, boire du café régulièrement pourrait permettre de lutter contre des maladies comme la maladie d'Alzheimer. A la fois pour réduire le risque de développer la maladie mais aussi pour essayer de la traiter.
C'est l'une des conclusions d'une étude publiée dans la revue "Frontiers in Molecular neuroscience", et réalisée par l’équipe de David Blum, directeur de recherche à l’Inserm de Lille, avec la collaboration d’un institut de médecine de Lisbonne, au Portugal, et de l’université de Bonn, en Allemagne.
Comment la caféine peut-elle ainsi agir sur le cerveau ? "Les cibles principales de la caféine sont des récepteurs appelés récepteurs adénosinergiques, explique David Blum (étude complète ci-desssous). Les effets de la caféine sont particulièrement liés à sa capacité à bloquer l’un de ces récepteurs appelé récepteur adénosinergique A2A."
Beneficial Effect of a Selective Adenosine A2A Receptor Antagonist in the APPswe/PS1dE9 Mouse Model of Alzheimer's Disease
Consumption of caffeine, a non-selective adenosine A2A receptor (A2AR) antagonist, reduces the risk of developing Alzheimer's disease (AD) and mitigates both amyloid and Tau lesions in transgenic mouse models of the disease.
3 à 4 tasses par jour ?
L'expérimentation sur des souris a permis de démontrer que des composés dérivés de la caféine ciblant ces récepteurs adénosinergiques "agissent positivement vis-à-vis des deux lésions cérébrales caractéristiques de la maladie". Les chercheurs pensent que "les effets protecteurs de la caféine seraient optimaux pour des doses correspondant à 3 à 4 tasses par jour."
Il faut néanmoins rester très prudent à ce stade : l’utilisation de molécules dérivées de la caféine est bien envisagé comme une option thérapeutique chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Mais les chercheurs doivent encore le confirmer :"Nous espérons pouvoir définir une stratégie d’essai clinique dans les 3 à 5 ans à venir et réunir des financements à cette fin", écrit David Blum. A noter que ces molécules issus de la caféine ont déjà fait l’objet d’essais cliniques pour le traitement de la maladie de Parkinson.
D'autre part, une autre étude publiée cette année dans la revue médicale Frontiers in Pharmacology a montré que la caféine peut aussi aggraver "les symptômes neuropsychiatriques des souris atteintes de la maladie d'Alzheimer". Il faudra donc aussi vérifier que les bénéfices de la caféine pourront compenser ses effets négatifs.
850 000 personnes sont atteintes par la maladie d’Alzheimer. Cette maladie neurodégénérative est la première cause de démence en France.