Le sculpteur français Eugène Dodeigne, dont les oeuvres parfois monumentales sont exposées en plein air dans plusieurs villes du monde, est décédé jeudi près de Bondues à l'âge de 92 ans, a annoncé sa petite-fille Marie Vaquette.
Né en 1923 en Belgique, il était membre de l'Académie des Beaux-Arts depuis 1999. Dès l'âge de treize ans, Eugène Dodeigne avait appris le métier avec son père, tailleur de pierre tombales. Décelant son talent, celui-ci lui fait prendre des cours de dessin et de modelage à Tourcoing puis à Paris à l'Ecole des Beaux-Arts.
Dodeigne adopte dès 1955 la pierre bleue de Soignies comme matériau de prédilection, qu'il sculpte d'abord dans des volumes lisses et denses. "Ces formes organiques lui valent une reconnaissance précoce dans le milieu artistique du Nord", peut-on lire sur le site du Musée Rodin qui lui a consacré une exposition en 2007.
Au début des années 1960, Dodeigne emprunte la technique de la pierre éclatée qui le mène à une figuration abrupte et fortement expressive. Il expose dans plusieurs galeries parisiennes puis à Berlin, Hanovre, Rotterdam, Bruxelles et Pittsburgh.
Dans les années soixante-dix, il évolue vers la monumentalité qui coïncide avec le développement simultané de la sculpture en plein air. Des sculptures de Dodeigne se retrouvent dans beaucoup de villes et de musées : Lille, Dunkerque, Villeneuve-d'Ascq, Grenoble, Angers, Paris, Liège, Hanovre, Utrecht, Bâle, Bruxelles, Washington.
Dodeigne développe dans les années 1980 une expression originale en laissant apparentes, dans ses pierres monumentales, les traces des outils qui les ont dégrossies. Une de ses oeuvres se trouve au jardin des Tuileries à Paris. "Le Nord vient de perdre un de ses derniers géants", a indiqué Martine Aubry, maire de Lille, dans un communiqué.
"En voyant ces silhouettes à la fois massives et élégantes dressées Place de la République (à Lille), face à la Citadelle, au Palais des Beaux arts, on ne peut que penser au regard bleu d'homme du Nord, à la poignée de main si solide et si chaleureuse à la pudeur et à la discrétion de ce grand sculpteur que fut Eugéne Dodeigne qui sut transmettre son humanité à la pierre", a-t-elle ajouté.
Il était également peintre.