"A bras ouverts", la comédie sur les Roms qui ne fait pas rire tout le monde

"A bras ouverts", la comédie sur une famille rom avec Christian Clavier, a été conspuée à sa sortie par la critique et par des associations de défense des Roms, même si l'acteur et le réalisateur Philippe de Chauveron se défendent de tout racisme.

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"Beurk !" écrivait mercredi "Aujourd'hui en France", qui déplore l'image "détestable d'une communauté déjà largement stigmatisée" et le propos "porté par un réalisateur
très populaire
", après les 12 millions d'entrées de "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?". Jouant de nouveau du choc des cultures, il imagine cette fois la cohabitation
entre un intello "gauche caviar" et une famille rom.

"Racisme à haute dose", estime Le Monde, tandis que Le Soir en Belgique évoque "un film pas drôle, voire dangereux". Seul Le Figaro évoque "une vraie comédie de moeurs, sur notre société multiculturelle" et un film qui "fait valser les préjugés et les clichés".

"Nous aimerions bien pouvoir rire, mais la situation ne s'y prête absolument pas", a réagi le collectif national Droits de l'Homme Romeurope, dans un communiqué. Et de rappeler que les Roms restent "en tête du box-office des personnes les plus rejetées en France", avec "des incendies de leur habitat précaire" et "des expulsions à répétition sans solution de relogement"...

"A bras ouverts", esprit fermé - Communiqué du CNDH Romeurope - CNDH ROMEUROPE

" A bras ouverts ", esprit fermé Paris, le 5 avril 2017 Comme beaucoup de spectateurs, nous sommes atterrés par l'image des personnes dites Roms que renvoie le film A bras ouverts. Empilement de clichés racistes et de préjugés stigmatisants, ce film est un miroir du traitement particulier dont les Roms sont l'objet ...


"Nous avons vu le film ce matin (...) et ça été une épreuve", indique de son côté l'association "La Voix des Roms", évoquant "une représentation fausse", "humiliante"
et "traumatisante", sans toutefois envisager de porter plainte. "Les acteurs campent des personnages abjects qui inspirent la haine et le dégoût (...): ils mangent des taupes, ils boivent du kérosène, ils vivent avec des poules et un cochon", souligne Anina Ciuciu, une des porte-parole.

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/a-bras-ouverts-vu-par-la-communaute-rom-le-film-nous-presente-comme-des-sauvages-05-04-2017-6825396.php#xtor=AD-1481423551

Publié par La voix des Rroms sur mercredi 5 avril 2017

Bien avant sa sortie, le film avait suscité la polémique en raison du titre envisagé ("Sivouplééé"), jouant de l'image de Roms faisant la manche. Cherchant à déminer le terrain, Christian Clavier a affirmé sur Twitter que le film est "une comédie drôle, corrosive et bienveillante". "On rit avec et pas contre!", a insisté le comédien des "Bronzés" et des "Visiteurs".

"Plus c'est gros, plus ça passe"


Le réalisateur a lui plutôt insisté sur la collaboration avec un membre important de la communauté rom en Roumanie, dans les notes d'intention du film. "Il avait pour mission de nous dire si ce que nous faisions ou montrions était juste ou pas, tout en sachant évidemment qu'il ne s'agissait pas d'un documentaire, mais d'une comédie !", se défend-il.

"A bras ouverts" fait le portrait d'un intello de gauche, Jean-Étienne Fougerole, aux faux airs de BHL, qui propose d'accueillir des Roms chez lui, lors d'un débat télévisé où il est pris à partie par un polémiste d'extrême-droite. Vivant coupé des réalités, dans une luxueuse maison en banlieue parisienne (avec domestique), il voit débarquer chez lui Babik (Ary Abittan) et sa famille qui vont poser leur caravane dans le jardin.

La cohabitation entre les deux familles va donner lieu à un choc des cultures et à une accumulation de clichés, tant sur les Roms que sur la "gauche caviar". "Plus c'est gros, plus ça passe", répète à l'envi l'éditrice de Fougerole dans le film. Une assertion qui se traduit à l'écran par des personnages avec des dents en or, des scènes de manche musicale dans le métro et des repas à base de taupes. En face: l'univers feutré des Fougerole, avec champagne, mets raffinés, vêtements de marque et idéaux de gauche enterrés.

Exploitant le même filon que "le bon Dieu", le réalisateur égrène pendant 01H30 les clichés communautaires, avant de céder à un "happy end" autour d'une fête arrosée.
"Après une certaine province bourgeoise de droite, ça nous plaisait bien de rire d'un bourgeois parisien de gauche", souligne Philippe de Chauveron, qui s'apprête à écrire une suite au "bon Dieu". Tournage prévu en 2018.
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