Dans une lettre ouverte à Bernard Cazeneuve, huit associations parmi lesquelles Médecins du Monde, Emmaüs et le Secours Catholique, ont demandé jeudi au ministre de l'Intérieur de reporter le démantèlement programmé d'une vaste partie du bidonville annoncé par la préfecture.
Dans cette lettre, les associations (Médecins du Monde, le Fnars, Emmaüs, le Secours Catholique, la Cimade, le Secours Islamique, ATD Quart Monde et CCFD Terre solidaire) ont fait part de leur "profonde opposition" au projet de démantèlement qui ne s'accompagne pas, selon elles, "de véritables solutions alternatives".
Selon les signataires, ce démantèlement "ne fera qu'ajouter des tensions aux tensions, et fragiliser encore un peu plus les quelques milliers d'exilés que la France et la Grande-Bretagne se montrent incapables d'accueillir convenablement". Pour eux, "il n'est pas question" de "vouloir pérenniser des conditions d'accueil à bien des égards dégradantes", mais les alternatives que la préfète "estime suffisantes" pour justifier le démantèlement de la jungle, où vivent actuellement 4.000 migrants, sont "très loin de répondre aux besoins et aux problèmes rencontrés".
Par ailleurs, ils estiment qu'"une évacuation brutale provoquerait des reconstitutions de campements, notamment à Grande-Synthe", où 1.500 migrants vivent déjà dans la précarité.
Faire évacuer la moitié de la Jungle
La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, a annoncé vendredi vouloir faire évacuer un millier de migrants (jusqu'à 2.000 selon l'association L'Auberge des migrants) de la partie sud de la "Jungle" de Calais, soit 50% de la superficie totale.Ils ont le choix entre le Centre d'accueil provisoire (CAP) ouvert en janvier dans la partie nord du camp, et capable d'accueillir 1.500 personnes dans des conteneurs aménagés, ou différents centres d'accueil et d'orientation (CAO) créés ailleurs en France.
Mais, pour les associations, le CAP "est encore largement sous-dimensionné" et le placement en CAO "se réalise dans une telle improvisation" que "ces centres ne répondent pas à leurs propres objectifs" : "offrir la possibilité de recevoir une information fiable" sur leurs options.
Par ailleurs, "sans une renégociation d'ensemble et transparente des conditions dans lesquelles la France et le Royaume-Uni se répartissent l'accueil des exilés, le phénomène rencontré à Calais depuis des années ne pourra que perdurer", ont estimé les associations, pour qui "cette renégociation s'impose
d'urgence". "En l'état actuel du manque d'alternatives sérieuses", les associations demandent "de surseoir à cette évacuation". "Nous serons déterminés, si cela devait se produire, à nous y opposer", ont-elles conclu.