La décision d'interdire certaines distributions de repas aux migrants a provoqué une vague de forte de protestation.
Les défenseurs des migrants se sont indignés vendredi de l'interdiction faite aux associations non mandatées par l'Etat de distribuer des repas aux exilés à Calais, une décision "intolérable" prise par la préfecture locale sous "prétexte" de la situation sanitaire.
"Il y a un prétexte sanitaire mais aux distributions de La Vie Active (l'association mandatée par l'Etat), c'est pareil, les gens sont les uns sur les autres", a réagi François Guennoc, vice-président de l'Auberge des migrants, une des associations visées par la décision de la préfecture du Pas-de-Calais.
L'organisation assure distribuer chaque jour entre 200 et 300 repas à des migrants en centre-ville et plusieurs centaines d'autres cinq jours sur sept dans divers points de la ville. "Si l'Etat veut entasser les gens autour de l'hôpital", site de distribution de La Vie Active, "où il y a déjà 700 personnes, il prend ses responsabilités, mais on va arriver à une situation pire que précédemment", a-t-il estimé.
La préfecture a annoncé jeudi l'interdiction jusqu'à fin septembre de "toute distribution gratuite de boissons et denrées alimentaires [dans une vingtaine de rues, quais, places du centre-ville] pour mettre fin aux troubles à l'ordre public et limiter les risques sanitaires liés à des rassemblements non déclarés".
Cette décision, entrée en vigueur dès vendredi, a été prise au lendemain d'une entrevue à Beauvau entre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
et la maire de Calais. "Ces distributions se font devant les habitations, à des horaires pas toujours adaptées. Cela laisse des tonnes de déchets...", explique Natacha Bouchart (LR).
Dans la mesure où l'Etat a mandaté La Vie Active pour fournir "4 distributions quotidiennes de repas", que l'Etat met à disposition des migrants 38 robinets d'eau 5 jours sur 7, dont "22 accessibles 7 jours sur 7" et que de l'eau est distribuée pendant les repas, la préfecture considère assurer "des prestations humanitaires suffisantes".
"Non-respect des mesures de distanciation sociale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19"
Elle estime notamment que les distributions des autres associations sont "caractérisées par le non-respect des mesures de distanciation sociale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19", qu'elles créent des nuisances et que des déchets sont laissés sur place. "Il est urgent que les autorités françaises reviennent sur leur décision", ont réagi dans un communiqué commun six ONG et associations engagées dans la défense des exilés, dont Amnesty international, Médecins du monde ou Médecins sans frontière."En interdisant l'action humanitaire des citoyens, c'est la fraternité et la solidarité (...) qui sont foulées aux pieds. C'est intolérable", a par exemple fustigé Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique-Caritas France. Pour Amnesty international, qui estime à 1.500 le nombre d'exilés présents à Calais et ses environs, la décision "est une nouvelle démonstration du harcèlement dont font l'objet les défenseurs des droits des migrants dans la région".
A La Vie Active, on indique que l'association distribue au total de 1000 à 1200 petits-déjeuners et autant de déjeuners chaque jour à Calais, sur deux lieux différents. L'association parvient à toucher "la majorité" des migrants présents.