Un investisseur chinois ne veut plus mettre d'argent dans le dentellier Desseilles car un jugement du tribunal administratif oblige l'entreprise à réintégrer des salariés licenciés, "des fouteurs de merde" selon le patron.
<"On a 3 semaines pour éliminer le noeud du problème qui concerne 5 salariés protégés qui ont réintégrés par le tribunal administratif. Cette décision du truibunal met clairement l'entreprise en liquidation aujourd'hui. On n'en serait pas là si on n'avait pas eu cette décision." Renato Fragolli, délégué CFTC, n'y allait pas par quatre chemins mercredi matin à la sortie du tribunal de commerce. Il met clairement en cause et la pression sur les 5 salariés protégés, représentants du personnel et membres du comité d’entreprise, 4 CFDT et un CGT. Licenciés, ils ont obtenu il y a deux mois leur réintégration par décision de justice.Problème, le repreneur chinois qui pourrait sauver l'entreprise refuse de prendre en charge le coût de cette réintégration : entre 700 000 et 1 million d'euros pour l'entreprise (obligée de verser au moins deux ans de salaires). Seuls trois des cinq salariés protégés ont demandé leur réintégration. « La décision du tribunal administratif est à l’opposé de celles de l’inspection du travail, du ministère du travail et du tribunal de commerce de Boulogne en 2014, qui, par deux fois, nous avaient donné raison sur ces neuf licenciements en assurant que le motif économique n’était pas contestable », assure au monde le PDG M. Dussart.
3 semaines pour sauver l'entreprise
Du coup, le dilemme est le suivant selon le dirigeant de l'entreprise et certains salariés : soit l'entreprise coule, soit elle sacrifie 3 salariés pour en sauver 74. Gérard Dezoteux, directeur de création et de production, accuse les délégués CFDT d'avoir coulé sa boîte. "Ce sont des fouteurs de merde. Ils ne pensaient qu'à une chose, détruire la boîte", lâche-t-il. Ce n'est pas cohérent. Ils sont censés défendre les salariés. Là on va réintégrer 5 personnes qui vont faire disparaître 74 personnes."Hors micro, certains des salariés protégés incriminés évoquent quant à eux une mauvaise gestion. Desseilles, qui fabrique de magnifiques dentelles pour des marques de lingerie chic, comme La Perla. L'entreprise, la plus ancienne fabrique de dentelle qui subit la concurrence asiatique, pourrait fermer ses portes d'ici trois semaines si aucune solution n'est trouvée.