Il n'y a plus que "mille personnes" qui vivent encore dans la "Jungle" de Calais, a déclaré mercredi la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio.
"On estime à mille" le nombre de "personnes encore sur le camp de la Lande et qui vont partir", a affirmé ce mercredi matin la préfète du Pas-de-Calais Mme Buccio à son arrivée à l'entrée du camp.6.400 migrants selon la préfecture, 8.100 selon des associations, y étaient installés avant le début de l'évacuation lundi matin.
Démolition de cabanes
Les travaux de démolition de cabanes et les maraudes pour persuader les migrants de partir en centre d'accueil ont repris ce matin dans la "Jungle" de Calais, au troisième jour du démantèlement.Par un brouillard épais, cinq petites pelleteuses et une plus grosse ramassaient vers 9h30 les débris de cabanes laissées vides que leur apportaient des employés, sous le regard de quelques migrants à l'air désemparé. Les opérations ont lieu dans la zone où elles s'étaient arrêtées mardi soir, autour des conteneurs du Centre d'accueil provisoire (CAP) qui hébergent désormais les mineurs.
"Il faut partir"
Un peu plus loin, les équipes de maraudeurs de la préfecture entraient dans des cabanes pour convaincre les migrants de se joindre aux files déjà fournies, mercredi matin, des candidats au départ en Centre d'accueil et d'orientation (CAO).L'association Care 4 Calais assurait elle-même des maraudes: "Il faut partir, la police est juste à côté en train de démolir, prenez vite vos
affaires, parce que d'autres avaient oublié leurs sacs et la police n'a pas voulu les laisser les reprendre", disaient-ils notamment aux migrants. Dans la "Jungle" circulaient par ailleurs des migrants emmitouflés dans des couvertures, sac à la main, pour partir vers les bus.
En deux jours, plus de 4.000 d'entre eux ont été "mis à l'abri" selon le gouvernement: 3.242 majeurs ont quitté le camp en autocar pour rejoindre des CAO répartis dans toute la France et 772 mineurs ont été relogés dans le CAP.
Quel bus ? Quel centre?
"Ma tente a brûlé dans la nuit, je suis venu ici dès 04h00", a témoigné Siddik dans la file des mineurs, enveloppé avec deux amis dans une large couverture, comme beaucoup dans ce froid glacial. Après l'ouverture du centre à 08h00, les premiers refoulés ont émergé des barrières.Mokaissi, une jeune Soudanaise de 16 ans, et son cousin Abdoul viennent de se faire rejeter de cette file. "On nous a dit de prendre le bus pour faire une demande dans un centre. Mais quel bus? Quel centre? Où est ce qu'il faut aller?", s'exclament-ils, désarçonnés car incapables de prouver leur âge, avant de repartir vers la "Jungle".
Au sein du camp circulaient des migrants emmitouflés dans des couvertures, sac à la main, pour partir vers les autocars. Certains semblaient jetés sur les chemins par les incendies de la nuit.
Feu aux habitations de la "jungle"
En effet, plusieurs feux ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans la "Jungle", faisant un blessé léger aux tympans et provoquant l'évacuation de 150 à 200 migrants mais sans déclencher de panique. Ces incendies sont une "tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter", ce qui "prouve aussi que les migrants s'en vont", a affirmé Mme Buccio. Le même phénomène avait été constaté en mars lors du démantèlement de la zone sud.L'adjoint au maire de Calais chargé de la sécurité, Philippe Mignonnet, a parlé pour sa part de "départs de feux malveillants". Allumés dès le début de soirée mardi, les incendies se sont "intensifiés entre 00h30 et 03h00, notamment dans la zone des commerces" à l'entrée du camp, selon la préfecture. Au moins deux bonbonnes de gaz ont ensuite explosé. Lors de leurs interventions, les pompiers, accompagnés de CRS, ont "été caillassés", a expliqué à l'AFP un soldat du feu.
Les associations, redoutant "qu'un drame ne se produise", avaient distribué plusieurs dizaines d'extincteurs à des migrants.