Cannabi-culture : saisie record à Hem, plantations "indoor" en développement dans la région

La PJ de Lille a saisi ce mercredi matin environ 4000 plants de cannabis, cultivés dans un hangar à Hem. Une saisie record dans le Nord Pas-de-Calais, où ces plantations de grande envergure auraient tendance à se développer ces derniers mois.

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"C'est un axe de travail important", déclare le patron de la police judiciaire de Lille Romuald Muller, "content" d'avoir réalisé avec son service des stups mercredi matin à Hem, une saisie record de 4000 plants de cannabis cultivés dans un hangar désaffecté.

La plus importante, donc, jamais réalisée dans le Nord Pas-de-Calais. Et ce moins d'un mois après une précédente opération durant laquelle 3200 pieds avait été découverts simultanément à Steenvoorde, Auby et Roye (Somme), et lors de laquelle 6 personnes avaient été interpellées. 


Production industrielle

Selon le chef de la PJ, il n'y aurait pas de lien entre ces deux dossiers. Alors qu'on parlait déjà de "production industrielle" le 20 janvier dernier avec la découverte de plus de 3000 pieds cultivés en plusieurs endroits par un seul réseau, l'affaire de Hem ce mercredi semble être plus aboutie encore, avec une logistique plus importante. Le hangar désaffecté de 500 à 600 mètres carrés était "dédié", "spécialement conçu" pour la culture "indoor" de cannabis (ou cannabi-culture), selon Mr Muller.

A l'intérieur de cet entrepôt situé au milieu d'une petite zone industrielle, ont été aménagés huit modules grâce "à des gros travaux des maçonnerie" : 5 modules pour la production, un pour le séchage, un local technique avec notamment 300 transformateurs gérant les lampes de manière autonome, et une zone d'entrée et de stockage de produits d'engrais entre autres. A tout cela, il faut ajouter un système d'irrigation et des moyens d'extraction d'air importants. "Du travail de pro".


"Organisations criminelles"

"Il y en avait pour 100 000 euros de matériel", explique Romuald Muller. "Derrière il y a des organisations criminelles avec beaucoup d'argent". L'investissement est lourd, pas à la portée de n'importe qui. Mais avec environ 3 récoltes annuelles sur ces 4000 pieds de cannabis, les producteurs peuvent potentiellement générer, sur une année, 2 à 3 millions d'euros de profit à la revente. Si selon la PJ personne n'a encore été interpellé dans le cadre de cette affaire à Hem, cette herbe leur a été coupée sous le pied à "48 ou 72 heures de la prochaine récolte". Le matériel et le hangar sont également neutralisés, un joli coup porté à cette filière. L'enquête se poursuit pour remonter jusqu'aux responsables de ce réseau.

"Mais peut-être que d'auters hangars ou entrepôts dans la région" sont actuellement prévus ou utilisés à cet effet. Parce que ces grandes plantations de cannabi-culture s'y développent, et ont désormais franchi le cap "industriel".

"On a déjà saisi plus de 7000 plants depuis début 2016, alors qu'on en a saisi 3000 au cours de toute l'année 2015", constate Mr Muller. L'an dernier, les stups de la PJ lilloise ont réalisé "6 ou 7" opérations de ce type, mais dans des plantations qui ne comptaient pas plus de 500 ou 600 pieds. Avec des moyens de production "propres, mais plus artisanaux".


Le Nord, terre de grossistes en stupéfiants ?

Ces saisies d'envergure inquiètent les autorités. Elle disent vouloir s'attaquer tout de suite à ce probléme, qui aurait tendance à s'installer dans le Nord de la France. Selon Romuald Muller, "la problématique stupéfiants dans le Nord Pas-de-Calais est plus importante" que dans le Sud, comme dans la région marseillaise par exemple. Certes, le trafic y est là-bas important dans certains quartiers et fait malheureusement de nombreuses victimes de règlements de comptes, mais le phénomène reste relativement "local". 

Le Nord Pas-de-Calais, au-delà des cultures de cannabis indoor qui s'y développent, est également devenu une "zone de stockage et de redistribution". Des sortes de grossistes en cannabis, voire en héroïne, y sont implantés. Dans la région, la PJ de lille a saisi une tonne de cannabis en 2015, qui n'était pas seulement destinée à la revente locale.

Dans certaines affaires significatives (260 kg de cannabis saisis à Watrellos, 360 kg à Hénin-Beaumont, 45 kg d'héroïne à Roubaix entre autres), les enquêteurs ont pu établir que la marchandise était stockée dans le Nord, pour être redistribuée dans d'autres régions de France et notamment en Rhônes-Alpes, dans le Sud-Ouest ou encore dans l'Ouest (Nantes, Quimper, Rennes, Angers).

Les acheteurs de ces régions "préfèrent payer un peu plus cher et prendre moins de risques" à redescendre la drogue depuis la Belgique ou les Pays-Bas. Ou ils n'ont tout simplement pas les "connexions" avec les réseaux de ces pays là. 

Certains se feraient même livrer par les grossistes du Nord... 
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