Le Nord et le Pas-de-Calais auront un nouveau club dans l'élite du volley-ball français la saison prochaine : Cambrai.
Vendredi soir, le Comité directeur de la Ligue Nationale a voté en faveur d’un arrêt définitif des championnats de Ligue A Féminine, Ligue A Masculine et Ligue B Masculine. Une décision logique dans la mesure où il ne restait que deux journées à disputer avant la fin de la phase régulière.
Cette décision a été prise à l’unanimité des 29 voix. Le nouveau prolongement du confinement annoncé mercredi soir par l’Elysée, et la volonté de libérer les athlètes ont motivé cette décision.
« Compte-tenu d’un déconfinement qui s’annonce incertain et qui sera dans tous les cas long et sûrement pas homogène sur l’ensemble du territoire, du temps de réathlétisation, des incertitudes concernant les réouvertures de salles, nous avons décidé de mettre fin à nos championnats. De plus, il faut penser à nos athlètes et nous sommes incapables de dire dans quel état physique et moral ils auraient pu éventuellement reprendre la compétition. », écrit Alain Griguer, président de la LNV.
Dans un second temps, le Comité directeur s’est également positionné sur l’issue de la saison. L’éventualité d’une saison blanche sans montée ni descente a été écartée. Il a été voté de faire monter et descendre une équipe par division conformément au classement arrêté au 12 mars.
Cambrai en Ligue A masculine !
Cette décision concerne directement les trois clubs professionnels du Nord-Pas-de-Calais. Le Tourcoing Lille Métropole Volley Ball (TLM), 12è sur 14 à l’issue de la 24è journée, se maintient donc en ligue A masculine alors que les Tourquennois étaient engagés sur une très mauvaise série (7 défaites d’affilée !).
Même chose pour les Volley Club de Marcq-en-Baroeul (VCMB), 7è en ligue A féminine et bien placé pour une qualification en play-off, avant la suspension.
Le grand bénéficiaire sera certainement le Cambrai Volley Elan du Cambrésis. Premier de ligue B à deux journées de la fin, le CVEC accédera donc à la ligue B, si son dossier financier est validé par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNACG), ce dont ne doutent pas les dirigeants.
« C’est exceptionnel, c’est fantastique pour le Cambrésis ! », se réjouit le président Jean-Louis Machut, le président du Cambrai Volley, très sollicité depuis l’annonce de la montée. "L’arrêt des championnats, c’était la décision que tous les clubs souhaitaient. En revanche, nous refusions une saison blanche. Avec la validation d’une montée et d’une descente, nous avons obtenu satisfaction ».
C’est certes une accession sur le tapis vert. Mais pour le président cambraisien, elle est méritée aussi sur le plan sportif. "Avant la suspension, nous étions premier au classement, après une série de 9 victoires consécutives. De plus, nous avons battu notre concurrent direct, Nancy 2è, deux fois sur le score de 3 sets à 1, en Lorraine et chez nous. Notre montée n’a donc rien d’inéquitable », explique le président cambraisien.
Cette montée récompense le travail de plusieurs années, durant lesquelles Cambrai joue les premiers rôles en ligue B masculine, sous la houlette de son entraîneur nordiste Gabriel Denys. Reste maintenant à valider ce résultat sportif auprès de la DNACG, le gendarme financier du volley-ball.
Présenter un dossier solide
« Avant le coup d’arrêt du 17 mars, nous étions en plein boom », poursuit Jean-Louis Machut. "La salle était pleine à craquer. Avec les victoires, nous avions 4 ou 5 partenaires nouveaux qui s’étaient manifestés pour nous accompagner la saison prochaine. Nous conservons le soutien des collectivités territoriales : Région, Département, Agglomération ; nous espérons maintenant un petit coup de pouce de la Ville. Le 22 mars, nous devions aussi lancer notre clubs de partenaires avec le parrainage de l’entraîneur de l’équipe de France Laurent Tillie ». La manifestation a été annulée ; mais ce n’est que partie remise.
C’est pourquoi les dirigeants sont raisonnablement confiant sur le dossier qu’ils présenteront, probablement fin juin, à la DNACG. "Plus que l’enveloppe du budget, souhaité par la Ligue à 1 million d’euros, c’est la qualité du dossier qui sera déterminante ».
Hormis le montage financier, le club va se concentrer maintenant sur le recrutement d’un effectif solide, pour assurer le maintien en Ligue A. Gabriel Denys est conforté dans son rôle."C’est un Nordiste, qui a donc la fibre locale, et avec qui je m’entends bien », confirme Jean-Louis Machut. "Nous allons conserver l’ossature de cette année, avec des joueurs de qualité comme notre capitaine Yannick Bazin. Mais nous allons renforcer l’effectif avec des joueurs expérimentés de ligue A ».
Le président du Cambrai Volley est raisonnablement confiant pour la préparation de la prochaine saison. "Cambrai est une ville moyenne. Mais notre club peut être le ciment du territoire, car c’est un acteur économique incontournable ». Comme Chaumont, ville plus petite que Cambrai, qui a vu son club de volley-ball, sacré champion de France en 2017, lui donner une notoriété grâce au sport.
Nouvelle page pour le TLM
La saison prochaine, il y aura donc deux derbies entre Cambrai et Tourcoing. C’est la 1è fois qu’il y aura deux clubs nordistes dans la 1è division masculine. Le TLM s’attendait aussi à ce choix de la Ligue nationale. Mais le club vainqueur de la Coupe de France 2018 se sent un peu frustré de n’avoir pas pu terminer la saison. Les Tourquennois, 12è, pouvaient quand même atteindre les play-off en remportant leurs derniers matches contre Paris et Poitiers.
Au-delà de ce résultat, Yann Lavallée, le manager général du club, regrette une fin précipitée. "Le championnat s’est arrêté du jour au lendemain. La plupart des joueurs sont partis. Nous n’avons même pas eu le temps de nous dire au-revoir… »
« Le 17 mars, nos joueurs étrangers (NDLR : 6 sur les 10 joueurs pros) ont été pris de panique à l’annonce du confinement. Ils nous ont demandé immédiatement s’ils pouvaient rentrer dans leur pays. Comme il y avait une totale incertitude sur la reprise de la compétition, nous les avons laissé partir », explique Yann Lavallée.
L’équipe dirigeante a profité de cette période pour préparer l’avenir. Avec pour commencer un changement d’entraîneur. Le Croate Igor Juricic n’est pas conservé après 4 saisons où il a fait remonter le TLM en ligue A. Le Franco-Brésilien Mauricio Paes, 8 fois champion de France avec Tours et Paris, a signé pour trois ans. Il arrive du Japon, où il dirigeait les Black Panthers, équipe-phare du championnat nippon.
" C’est une décision que nous avions prise avant la crise », confie Yann Lavallée. "Avec cet entraîneur renommé, nous allons bâtir un nouveau collectif ». Le recrutement a commencé avec le central de l’équipe de France Daryl Bultor. L’expérimenté libéro Julien Lemay rempile une saison. Le TLM aura 14 joueurs sous contrat la prochaine saison.
Les dirigeants tablent sur un « budget prudent », qui prévoit une diminution du partenariat privé, vu l’incertitude de la conjoncture économique. Actuellement, tous les salariés du club sont en chômage partiel. "Nous avons stoppé toute démarche commerciale. Nous attendons des informations sur la prochaine saison pour reprendre contact avec les entreprises ».
Néanmoins, le patron sportif du Tourcoing Volley se dit « ravi de la montée de Cambrai en ligue A, contre lequel nous jouerons deux beaux derbies ».
Le VCMB avait anticipé
Satisfaction totale du côté du Volley club de Marcq en Baroeul. Le président Vincent Joly avait réclamé l’arrêt définitif du championnat dès le 16 mars. "Par respect pour les victimes et les soignants », affirme-t-il, «mais aussi pour libérer mes joueuses très inquiètes sur leur lieu de confinement. Nous avons pris tout de suite le risque de leur permettre de rentrer chez elles. Je suis très fier d’avoir pris cette décision qui a permis de mettre nos joueuses en sécurité. Je félicite aujourd’hui le président de la Ligue nationale, Alain Griguer, pour cette sage décision ».
Comme le TLM, l’effectif est composé de plusieurs joueuses étrangères, sud-américaines notamment, qui ont pu choisir leur lieu de confinement, comme la capitaine brésilienne Alessandra Franco, qui est finalement restée en France. Le club de la métropole lilloise sera donc classé 7è du championnat 2019-2020, alors qu’il pouvait espérer un beau parcours, comme la saison passée en play-off. Mais le président Joly n’a aucun regret.
« Notre priorité maintenant, c’est de reconstruire un projet pragmatique après cette saison singulière. Nous avions pour objectif de nous qualifier pour une Coupe d’Europe. Nous repoussons cet objectif à deux ans. La saison prochaine, nous allons structurer l’équipe, la rendre plus forte afin d’accrocher l’Europe la saison suivante ».
Pour cela, le club compte recruter un adjoint pour aider l’entraîneur Thibault Gosselin, "effectue un énorme travail depuis qu’il est chez nous. Nous envisageons de recruter une nouvelle passeuse et de renforcer le secteur central ».
Avec quel budget ? « On ne peut pas le définir pour le moment, mais je suis confiant car d’ores et déjà, nos partenaires institutionnels (Région, Département, MEL, Ville) m’ont confirmé leur soutien pour la prochaine saison. C’est important d’avoir l’appui des politiques ».
Il y a bien sûr une incertitude pour le partenariat privé. » Ces partenaires sont tous des amis. Nous savons que beaucoup d’entreprises vont souffrir avec la crise économique qui sera la conséquence de l’épidémie. C’est pourquoi nous envisageons une nouvelle stratégie pour trouver d’autres partenaires », conclut Vincent Joly.
Le président marcquois reste positif pour la suite. Il espère que le prochain championnat démarrera comme les années précédentes au début de l’automne. Et que l’équipe de Thibault Gosselin reprendra l’entraînement en août.