Coronavirus - Confinement : "Je n'ai pas vu ma compagne depuis 2 mois", un couple franco-belge demande une "exception"

Alors que la France s'apprête à "déconfiner" le 11 mai et que la Belgique a commencé le 4 mai, de nombreux couples transfrontaliers demandent expressément une autorisation de passer la frontière pour se retrouver. Cette dernière ne pourrait rouvrir qu'en juin. 

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Calme, dans la retenue, Pierre B, 53 ans, habite près de Tournai (Belgique) s'étonne de la situation. Il n'emploie pas le mot, mais à l'écouter, elle semble pour le moins ubuesque.

La France et la Belgique ont confiné leurs territoires respectifs la même semaine de la mi-mars : il était effectif le 17 mars en France et deux jours plus tard en Belgique. Depuis près de deux mois donc, Pierre n'a pas vu sa compagne Viviane qui habite à 25 km de chez lui à Nomain, près d'Orchies, en France. Après avoir envisagé de vivre le confinement à deux, mais se rendant compte que cela n'était simple, ni pour l'un, ni pour l'autre, à cause de leurs emplois (Pierre commençait alors le confinement par deux jours de travail par semaine en présentiel et trois jours en chômage partiel et Viviane, elle, gérait et gère encore, une équipe en télétravail toute la semaine) le couple opte pour un confinement de part et d'autre de la frontière. 

"On s'est dit que 15 jours ou trois semaines sans se voir, ça pouvait se faire", explique Pierre. Mais aujourd'hui, alors que les déconfinements s'apprêtent à se mettre en place dans les deux pays le Belge l'affirme : "Si la frontière reste fermée jusqu'au 2 ou 8 juin comme cela semble être envisagé, je prendrai ma moto et j'irai à Orchies. Je connais les petites routes, les petits chemins et à la guerre comme à la guerre. L'amende de 135 euros ne me retiendra pas".

Car si à partir du 11 mai, les couples français non confinés sous le même toit, pourront se retrouver, à partir du moment où les deux personnes sont distantes de moins de 100 km : "Qu'en sera-t-il pour nous couples transfrontaliers ?", interroge Pierre B.
 

Demande d'un droit de passage de la frontière


Pour lui, comme pour 600 personnes membres d'un groupe privé sur Facebook intitulé : Groupe D Entraide Pour Couples transfrontaliers Covid_19, la situation devient de plus en plus "compliquée" avec le temps. L'idée de ce groupe n'est pourtant pas de trouver des "magouilles" pour "passer la frontière illégalement". Au contraire, ce serait plutôt de se faire entendre pour organiser les choses : Ce groupe d’entraide a été créé pour nous faire connaître des politiques, pour nous permettre de pouvoir continuer notre vie sentimentale malgré la crise sanitaire. Nous aimerions avoir une dérogation de droit de passage à la frontière sans être refoulé par les autorités.

Il appuie : "Le virus existe et il ne faut pas prendre de risques. Mais, après n'avoir vu personne pendant plus d'un mois, lundi 4 mai, en Belgique, les règles se sont assouplies, et j'ai pu prendre ma moto, seul, et faire le tour des chaussées de Lille, Douai et Valenciennes (axes frontaliers au niveau de Tournai). Pour aller vers Lille, il y avait des blocs de béton à la frontière, mais ce qui m'a surpris c'est la file de voitures françaises à la frontière, sur l'axe Douai - Tournai. Une trentaine de voitures, contrôlées par la gendarmerie, mais qui passaient, pour aller travailler en Belgique... Je pense qu'avec une attestation de l'employeur belge et en cochant la première case de l'attestation de déplacement dérogatoire française (1), ils arrivaient à passer. L'économique prime, le reste on s'en fout, en déduit Pierre Bontems. Nous ne sommes pas des assassins ou des fous pourtant ! Comme tout le monde nous respectons les règles sanitaires !"
 

L'économique prime, le reste on s'en fout pourtant comme tout le monde nous respectons les règles sanitaires"

 

Alors comme Pierre, qui cite Brigitte Macron, Christophe Castaner, ou le préfet, plusieurs couples dans la même situation, interpellent les pouvoirs publics. Une parlementaire à Tournai, également, qui se défosse sur la réponse de la France... "Et l'Europe alors, elle sert à quoi ?", interroge-t-il. Sur le compte Facebook du groupe privé les mails des Douanes, de la Police Aux Frontières, des Premiers ministres belge et français etc. Mais la plupart du temps les démarches ne donnent rien ou un : nous avons bien pris en compte votre demande...

Pourtant, il y a là une véritable souffrance. "Ça peut mettre les couples en danger. Beaucoup de gens ont peur pour leur couple dans ce groupe, d'autant plus les plus jeunes" semble-t-il, selon Pierre, qui a dû annuler la semaine dernière un séjour dans les Alpes-Maritimes avec Viviane et qui craint une nouvelle annulation pour juillet. Bien sûr il y a les outils de communication modernes : "Une fois ou deux par semaine avec Viviane et parfois avec un couple de Lillois confinés au Crotoy (Somme), mais ça reste difficile, pas de famille, pas d'amis, pas de compagne pendant deux mois... Heureusement qu'il a fait beau comme me disait un ami policier car, pour les déprimés seuls - ce qui n'est pas mon cas - cette situation est vraiment dramatique".

Du coup, et avant que de nouvelles annonces soient faites par les pouvoirs publics, Pierre et les nombreux couples dans le même cas de figure, espèrent se faire entendre. "Nous demandons simplement une exception pour passer la frontière à condition qu'on puisse justifier de notre situation. C'est simple, il suffit de donner l'adresse de sa compagne qui elle-même attestera sur l'honneur que je me rends bien chez elle". 

(1) déplacements professionnels ne pouvant être différés et ne pouvant se faire sous la forme de télétravail, NDLR. 

 
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