Coronavirus - Fermeture des frontières, restrictions de déplacement : le confinement coûte cher aux fumeurs de l'Aisne

Avec la fermeture des frontières et les restrictions de déplacements, seul le marché français reste accessible aux fumeurs. Ceux qui achetaient habituellement leurs cigarettes ouleur tabac en Belgique doivent se reporter sur les buralistes les plus proches.

"Tout est fermé depuis au moins 8 ou 10 jours". André Meunier, guide du musée de la douane de Courquain, au point frontière de Macquenoise près d’Hirson, confirme. "Les 3 ou 4 commerces belges de Macquenoise sont fermés. Il n’y a que pour le travail que l’on peut passer. A la frontière, il y a des patrouilles de police belge ou de gendarmerie qui verbalisent".
  Fermeture de la frontière, limitation des déplacements pour cause de confinement, il est devenu presque impossible d’acheter du tabac en Belgique. Traditionnellement, de nombreux habitants de l’Aisne et même des départements voisins faisaient le déplacement régulièrement à Macquenoise pour faire le plein de tabac. Ils doivent désormais se rabattre sur d’autres solutions.

"C'est très très dur", confie Jean-Pierre Roze, consommateur axonais. "Je me rendais à Macquenoise une fois par mois avec mon neveu pour acheter du tabac". Désormais, son stock s'amenuise. "J'en avais acheté pour 4 ou 5 semaines, là il m'en reste pour une semaine, après je ne sais pas comment je vais faire. En plus, chercher du tabac n'est pas un motif qui figure sur les attestations de déplacement"

 

Solutions peu nombreuses

Dorénavant, les seules possibilités pour se fournir légalement sont les buralistes français toujours autorisés à ouvrir. Pas si simple. Dans le secteur proche de la frontière, les débitants sont en temps normal peu nombreux et aujourd'hui, certains ont fermé en raison de la situation. Ceux qui restent sont débordés de demandes à cause du report des clients, en particulier les plus proches de la frontière.

Une buraliste du nord de l’Aisne souhaitant garder l’anonymat semble à cran. "La question ne se pose même pas, c’est évident", réagit-elle. "On voit des clients qu’on ne voyait plus depuis 5, 6 ou même 8 ans". Même si elle se refuse à chiffrer la hausse, elle ne voit pas cet afflux comme une bonne nouvelle. Selon elle, "cela ne compense pas l’arrêt des autres activités".

A Saint-Quentin, Jacques Héry, président de la Chambre syndicale des débitants de tabac de l’Aisne confirme : "On voit  revenir des gens qu’on n'imaginait plus fumeurs. On ne va pas se frotter les mains car en ce moment il faut rendre service à la population qui en a besoin, mais les gens ont retrouvé le chemin de nos établissements".

Le buraliste évalue l’augmentation de ses ventes à 15 ou 20 %, "même si c’est difficile à chiffrer car certains débitants voisins sont fermés". Des débitants qui ne rencontrent pas de grosses difficultés pour s’approvisionner. "On continue d’être approvisionnés régulièrement, même s’il y a des ruptures sur certains produits moins courants", précise Jacques Héry.
 

Une hausse pas encore ressentie partout

L’augmentation des ventes n’est pour autant pas constatée partout dans le département, notamment quand on s’éloigne de la frontière. "On a eu une hausse au moment de l’annonce du confinement. Les gens avaient senti le vent, ils sont venus faire le plein. Depuis, c’est redevenu calme", raconte Pierre Durieux, buraliste à Soissons. "Les gens vivent certainement sur leur stock. En plus, on est en fin de mois", analyse-t-il. "Après, automatiquement ils vont bientôt se devoir se rabattre sur nous".

Effectivement, les fumeurs commencent à penser à la suite. Tika Gensane, consommatrice originaire de Fère-en-Tardenois dans le sud de l’Aisne avait l’habitude de se rendre au Luxembourg pour elle et ses collègues. Là aussi la frontière est fermée. "En ce qui me concerne, ça va j'ai encore une petite réserve de tabac à rouler et de tubes, je devrais pouvoir tenir une grande partie du mois d'avril, mais pour mes collègues de travail à qui je ramène du tabac et des cigarettes du Luxembourg, c'est une autre histoire. Ils vont devoir se débrouiller pour le mois d'avril voire mai".

Le sujet alimente les conversation : "Mes collègues en parlent et certaines vont peut-être arrêter de fumer ou se rabattre sur la cigarette électronique parce que ca va leur coûter beaucoup plus cher", confie Tika. L’impact financier pourrait en effet être important pour les fumeurs. "Il faut savoir que pour le prix d'une cartouche de cigarette achetée en France, vous pouvez en acheter deux au Luxembourg. En fonction de la marque, cela varie de 43€ à 60€ la cartouche au Luxembourg".

Un problème qui pourrait aussi toucher ceux qui accomplissaient régulièrement leur plein de carburant en Belgique, mais dans une moindre mesure car les prix ont tout de même baissé dernièrement en France.


 
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