Coronavirus : "Fuir n'est pas la solution", le maire de Longueil-Sainte-Marie explique pourquoi il rouvrira ses écoles

Le 11 mai, les deux écoles de Longueil-Sainte-Marie dans l’Oise vont rouvrir leurs portes. Une décision prise par Stanislas Barthélémy, le maire (LREM) de la commune, qui s'appuie notamment sur une large approbation lors de la consultation des parents d’élèves et des enseignants.

 

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"Il faut apprendre à vivre avec le risque, le fuir n’est pas la solution". Le ton est résolument offensif et traduit la détermination de Stanislas Barthélémy, le maire de Longueil-Sainte-Marie. Les portes de l’école maternelle et élémentaire de cette commune de l’Oise de près de 2 000 habitants seront ouvertes le 11 mai prochain. Une date qui marque le début du déconfinement et celle d’une réouverture progressive des établissements scolaires.
 


Les réunions s’enchaînent pour le maire avec les parents d’élèves, personnels éducatifs et pédagogiques. Tous sont sur le pont pour finaliser cette rentrée si particulière. "Nous avons beaucoup de choses à ajuster notamment sur les questions d’hygiène". C’est l’une des grosses préoccupations de Stanislas Barthélémy. Pour répondre au long et contraignant protocole sanitaire du gouvernement, les services de la municipalité vont devoir tous les jours désinfecter les salles de classes et les parties communes.

"Notre souci, ce sont les sanitaires. Nous avons fait le choix du lavage des mains et non du gel hydroalcoolique mais le nombre de lavabos risque de ne pas être suffisant", explique la maire de Longueil-Sainte-Marie. Les services techniques sont en train d’évaluer les possibilités d’installer d’autres points d’eau pour les élèves. Un casse tête pour beaucoup de communes ayant des locaux peu ou pas évolutifs. A Longueil-Sainte-Marie, des solutions d’aménagements semblent possible selon le maire.

"Cette rentrée progressive est une bonne chose, elle nous permet de nous préparer pour septembre"

Le 11 mai, Stanislas Barthélémy l’entrevoit comme une opportunité. Celle d’une répétition générale avant une rentrée massive en septembre prochain. Pour la cantine, les repas prendront la forme d’un pique-nique fourni par la mairie : "S’il fait beau, les élèves pourront manger dehors. Nous avons la possibilité d’ouvrir d’autres locaux comme la salle des fêtes située juste devant l’école élémentaire", détaille le maire, avant d'ajouter : "je préfère ajuster mon dispositif maintenant que de me retrouver en septembre avec les 200 élèves de l’école élémentaire sans qu’aucune solution concrète n’ait été trouvée, se serait catastrophique".

Sur le plan pédagogique, en concertation avec les enseignants, il a été décidé de privilégier, pour des raisons pédagogiques et psychologiques, les élèves en fin de cycle : la Grande Section de maternelle, le CP et le CM2 : "Avec les enseignants, nous sommes sur la même longueur d’onde. Il est important pour la symbolique comme pour les acquis fondamentaux, que ces élèves puissent avoir le sentiment de terminer leur apprentissage avant d’entamer un nouveau chapitre scolaire".

Le dilemme des maires

Le déconfinement du 11 mai et la réouverture possible des écoles sont différemment vécus par les maires. Les élus que nous avons interrogés, sont écartelés entre la nécessité pédagogique, les problématiques sociétales et les considérations sanitaires et médicales. Mais ce qui les hantent le plus, c’est la probabilité que des enfants soient contaminés et décèdent.

"Si un enfant meurt, nous aurons cela sur la conscience toute notre vie". Ce sont les mots imprégnés de crainte et de colère d’Alain Pétrement, maire (SE) d’Ermenonville dans l’Oise . "On traite les êtres humains comme des machines. En gros on nous dit, ouvrez les écoles. Si un enfant meurt, ne vous inquiétez pas, on changera la loi et vous serez couvert. Mais moi je connais chaque habitant de ma commune et je refuse d’assumer cela". Il met aussi en exergue, l’importance du collectif dans l’apprentissage des enfants notamment en maternelle.

"Fuir n’est pas la solution"

La position de Stanislas Bathélémy maire Longueil-Sainte-Marie est toute autre. Pour lui, la "fuite" face au virus n’est pas la solution : "Nous devons apprendre à vivre avec. Les accidents domestiques font des milliers de morts chez les enfants chaque année. Nous vivons avec, tout en prenant des mesures pour limiter ces accidents". Pour lui , le virus est partout et la vie doit reprendre son cours. Une position partagée par certains psychologues. Interrogée sur la question fin avril par France 3 Bourgogne Franche-Comté, Valérie Touvenot-Lambert, psychologue pour enfants à Dijon déclarait : "l'isolement ne sera pas la solution. L'angoisse ne ferait qu'augmenter. Les êtres humains ont énormément de ressources. La clé, c'est d'avoir confiance." 

La confiance est peut-être ce qui pose problème en cette période troublée. A force de s’opposer et de s’affronter, la parole politique et celle des scientifiques est en train de devenir inaudible, fragilisant des élus de proximité qui doivent prendre des décisions lourdes de conséquences. Avant les élections municipales de mars dernier, les maires de France avaient le blues et le taux de démission était en hausse de près de 55%. Ils se sentaient isolés et mal considérés. L’épidémie du Covid-19 n’a sûrement pas fait diminué ce mal-être. Beaucoup d’entre eux ont toujours le sentiment d’être seuls face à des enjeux qui les dépassent.
 
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