Une étude de l’Institut Pasteur bouscule nos connaissances sur l’origine de l’épidémie de Covid-19 en France. Le virus circulait dans l’Hexagone, silencieusement, avant l’annonce, fin janvier, des premiers cas connus et aurait pu partir des Hauts-de-France.
L’institut Pasteur a partagé en prépublication, le 24 avril dernier, une étude sur l’introduction du coronavirus en France. Co-dirigée par le virologue Etienne Simon-Lorière, elle remet en question la date et l’origine du coronavirus dans l’Hexagone.
#COVID-19 : ce que révèle l'analyse phylogénétique effectuée sur une centaine de génomes de patients échantillonnés entre le 24 janvier et le 24 mars 2020 en France. https://t.co/rW4oO3N68e
— Institut Pasteur (@institutpasteur) April 28, 2020
Un confinement efficace
Les chercheurs ont réalisé un arbre phylogénétique pour retracer l’histoire évolutive du virus. “Les premières mesures d’isolement des cas détectés ont été efficaces”, constate le virologue de l’Institut Pasteur. En effet, l’étude révèle que les souches de cas directement importés de Chine ou d’Italie, introduits fin janvier, n’ont plus de descendants aujourd’hui en France.
Si le coronavirus sévit encore sur notre territoire, c’est parce qu’une des trois souches qui circulent dans le monde entier, s’y est développée. Elle recouvre aujourd’hui environ 95% des cas, selon les chercheurs. Pas d’inquiétude : “ Ça reste le même virus, avec les mêmes symptômes et les mêmes modes de transmission”, nous rassure Etienne Simon-Lorière.
Un virus silencieux
L’étude démontre également que le virus est apparu en France avant l’annonce des premiers cas, fin janvier : “Une personne qui n’avait pas été à l’étranger, ni en contact avec des gens qui avaient voyagé, a été touchée par le covid-19. On en conclut qu’il y a eu une circulation silencieuse en France, par le biais de personnes asymptomatiques, et ce, dès janvier, avec une marge d’erreur de quelques semaines”.
Une prolifération du virus à partir du Nord ?
Ces premiers cas de Covid-19 sur notre territoire, en provenance d’autres pays, pourraient s’être déclarés dans les Hauts-de-France. “C’est vrai que le cluster qui correspond à cette souche prédominante dans le pays, peut correspondre à la région des Hauts-de-France. Que ce soit en terme de rapidité de la prolifération du virus ou en terme de date”, constate le virologue. Toutefois, l’institut Pasteur ne dispose pas des données nécessaires, à ce stade, pour confirmer l’hypothèse : “Il y a encore trop peu de données d’autres régions comme le Grand-Est, autre cluster, surchargé depuis le début de l’épidémie ”.
Etienne Simon-Lorière espère pouvoir rapidement comparer ses recherches avec celles des médecins de Bondy. Ces derniers ont annoncé ce 4 mai avoir retrouvé un cas de coronavirus remontant au 27 décembre 2019 en Seine-Saint-Denis.