Conformément à ce qu'a indiqué le premier ministre, hier, les marchés extérieurs sont interdits en France, sauf demande des maires. A Lille, la mairie a fait savoir qu'elle les maintenait, ce mardi, mais c'étaient les derniers. Sur le marché de Wazemmes, ce matin, les clients étaient rares.
Ce lundi soir, Edouard Philippe a annoncé de nouvelles restrictions pour lutter contre l'épidémie de coronavirus avec la limitation des sorties à 1 km de son domicile, pendant 1 heure maximum et la fermeture sauf dérogation des marchés alimentaires à ciel ouvert. Mais concernant les marchés, il a précisé qu "il sera permis aux préfets sur avis des maires de déroger cette interdiction" lorsque le marché dans certains villages est "le seul moyen parfois" d'avoir accès à des produits frais".
A Lille, la mairie a fait savoir dans un tweet qu'elle maintenait ses marchés extérieurs ouverts ce mardi, à condition de respecter les mesures barrières.
[ MARCHÉS ]
— Ville de Lille (@lillefrance) March 23, 2020
En accord avec @prefet59, les marchés alimentaires prévus demain à #Lille sont maintenus. Rappel des consignes pour le bien de tous
? respecter une distance d’1 m avec les autres dans la file
? ne pas rester plus de 5-10 min devant l’étal
? préparer l’appoint pic.twitter.com/sdAGhPjgGk
La mairie de Marcq-en-Baroeul a également fait ce choix pour aujourd'hui.`
[#Covid_19fr] Communiqué de la Ville de #MarcqenBaroeul pic.twitter.com/t8nunBwp3x
— Marcq-en-Baroeul (@villedemarcq) March 24, 2020
Un marché désert
"Il n'y a personne... On pourrait même jouer au ballon!". Maintenu une dernière fois en pleine épidémie de Covid-19, l'emblématique marché de Wazemmes, à Lille, était quasi désert mardi, malgré des mesures d'hygiène drastiques et la bonne volonté des commerçants."La semaine dernière, il y avait un peu de monde, mais aujourd'hui c'est la catastrophe", souffle Mustapha, vendeur d'amandes et de pistaches. Sous un soleil splendide et une température printanière, seuls quelques dizaines de clients - contre des milliers habituellement le dimanche - déambulent d'un pas pressé entre les étals, souvent munis d'un masque ou de gants.
"Tout est réglo. Les gens respectent les mesures", glisse Mustapha, montrant le fléchage au sol des distances de sécurité règlementaires de 1m50 et des barrières qui empêchent les clients de toucher les produits. A 62 ans, lui-même se lave les mains "toutes les cinq minutes au gel hydro-alcoolique". Mais comme ses voisins, la chute vertigineuse de la fréquentation mine son chiffre d'affaires. "Je vis mal cette période, mais c'est la vie. On n'est pas les seuls. J'espère que ça finira bientôt et bien", veut-il croire en souriant.
Au lendemain des annonces d'Edouard Philippe interdisant les marchés primeurs en France, la municipalité a décidé un maintien dérogatoire pour la seule journée de mardi avant de se plier aux mesures gouvernementales. Filtrés au compte-goutte avec présentation obligatoire de l'attestation de déplacement, les rares clients sont priés de ne pas rester plus de 20 mn et de limiter leurs achats au strict nécessaire.
A peine une quinzaine de stands de produits de première nécessité ont d'ailleurs été maintenus, espacés d'une dizaine de mètres.
"Je me sens plus en sécurité ici qu'au supermarché, où les gens sont serrés. Il y a plus d'espace et les distances sont respectées", explique à l'AFP Elise Vallet, 28 ans, son panier à la main. Un message diffusé au haut-parleur depuis une voiture de police rappelle les gestes barrières, semblant se perdre dans le silence. Emilie Huyghe, elle, confie avoir "un peu peur". "Lorsqu'il y a quelqu'un trop près de moi, ça m'oppresse. Je pense que je ne viendrai plus car rien qu'à la vue des barrières, je suis stressée!" Selon elle, le marché devrait toutefois être maintenu une fois par semaine car "les petits commerçants doivent pouvoir vivre aussi." "Ce sont des produits frais, qu'on doit absolument vendre", rappelle Sofiane, 38 ans, vendeur de fruits et légumes. "On se retrouve à brader les produits, pour essayer d'écouler les stocks..." "Nous aussi on a peur de venir, mais malheureusement on n'a vraiment pas le choix. Les factures ne vont pas s'arrêter du jour au lendemain. Si les marchés s'arrêtent, on ne saurait vraiment pas comment faire."
Mardi après-midi, la ville a finalement annoncé avoir "décidé de ne pas demander de dérogation et de fermer ses marchés". "Le délai était trop court hier soir pour annuler les marchés qui débutaient tôt ce matin, mais nous avons toujours respecté les mesures du gouvernement", a indiqué à l'AFP un membre de l'entourage de Martine Aubry. La ville a déjà annoncé avoir mis en place des mesures pour accompagner les commerçants, dont l'annulation des loyers et des droits de terrasse et d'occupation du domaine public pour les mois de mars et d'avril.