Cette année, les traditionnelles sessions de formations au Bafa des vacances de printemps n'ont pas pu avoir lieu à cause du confinement. Les conséquences de ce report sont multiples et risquent d'impacter directement le secteur déjà fragile de l'animation.
Pour les organismes d'éducation populaire, c'est au printemps qu'ont lieu une grande partie des formations Bafa dispensées aux futurs animateurs. Des sessions qui n'ont pas pu avoir lieu cette année, pour cause de confinement, mettant en péril l'équilibre du secteur entier.
Une source de revenu indispensable
"On a fait nos dernières sessions pendant les vacances de février, et on n'a pu reprendre que samedi dernier", explique Gauthier Herbomel, délégué régional à l'Union française des colonies de vacances (UFCV). En tout, pour l'organisme, ce sont 60 sessions qui ont été annulées à l'échelle de la région Hauts-de-France sur les 210 planifiées chaque année.
Sur le seul territoire picard, 25 formations ont dû être différées, privant quelque 500 stagiaires du précieux enseignement, dont le coût varie de 350 à 600 euros. Un manque qui peut paraître anecdotique mais qui menace directement les structures opératrices du Bafa. "Nous sommes très inquiets, poursuit le responsable de l'UFCV, parce que ça représente 34 % de nos activités et une source de revenu indispensable. Ça va directement impacter notre projet associatif et on va être contraints de reporter certaines actions."
Une structure menacée
Stéphane Depoilly est directeur régional du Crajep, qui fédère les associations de jeunesse et d'éducation populaire, et il partage cette inquiétude. "Ce manque peut s'élever à plusieurs centaines de milliers d'euros pour certains de nos adhérents et on a une structure dont la pérennité est particulièrement menacée." Alors pour rattraper tant bien que mal la situation, il va falloir mettre en place des sessions exceptionnelles.
Dans l'Oise, la ligue de l'enseignement, qui dispense entre 20 et 25 formations chaque année, s'est vue contrainte d'annuler huit sessions à destination de quelque 160 stagiaires pendant le confinement. Des sessions qui ne reprendront que début juillet en effectif réduit. "Le bon côté des choses, c'est qu'on va pouvoir intégrer directement les contraintes liées au protocole sanitaire dans nos formations", relativise Bertrand Lecorps, directeur des programmes à la ligue de l'enseignement de l'Oise.
Une situation mouvante
Pour autant, l'activité estivale reste pour le moins incertaine et extrêmement dépendante des directives sanitaires adoptées par le gouvernement, vers lequel tous les yeux sont tournés. "La situation est extrêmement mouvante, poursuit le responsable de la ligue de l'enseignement, et il est fort probable que les protocoles soient revus à la baisse dans les semaines à venir."
Mais au-delà de l'impact financier pour les structures formatrices, la filière court également le risque d'une pénurie d'animateurs à court et moyen terme, sans aucune visibilité sur l'affluence de futurs animateurs lors des prochaines sessions. "Si tous les centres d'accueil devaient ouvrir, il pourrait y avoir des tensions, poursuit Gauthier Herbomel. Surtout dans un contexte où depuis plusieurs années les organismes éprouvent des difficultés à recruter."
"Tout va se faire dans l'urgence"
Un constat que partage le Centre régional d'information jeunesse (Crij). "Pour l'instant, tout semble au point mort, confirme Baptiste Vincre, chargé de communication auprès de la structure. Tout va se faire dans l'urgence, au dernier moment." L'an dernier, le Crij recensait environ 1 000 postes à pourvoir dans le seul secteur de l'animation alors que cette année, elle n'estime leur nombre actuel qu'à une petite centaine. "Une fourchette un peu basse, reconnaît Baptiste Vincre qui veut rester optimiste, mais cela restera en deçà des années normales."
En attendant, les formations ont enfin pu reprendre à l'UFCV, en effectif réduit. Ce samedi 20 juin, une dizaine de sessions vont démarrer en Picardie. Mais il ne fait aucun doute que la filière va devoir se réinventer. "Nous ne faisons pas de politique, conclut Gauthier Herbomel, mais nous attendons d'Emmanuel Macron qu'il mette en oeuvre le plan pour la jeunesse qu'il a annoncé lors de son allocution."