Coronavirus : les religions à l’ère du confinement en Picardie

Le confinement et l’épidémie bouleversent nos modes de vies à bien des égards. Pour de nombreux fidèles, le fait de devoir rester chez soi et de ne pas pouvoir se réunir a également des répercussions sur leurs pratiques religieuses.

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Le rassemblement est un point commun aux principales religions pratiquées sur notre territoire. Chrétiens, Musulmans, Juifs… Pour tous, il est pourtant impossible de se réunir depuis maintenant plus de deux semaines. « Toutes les célébrations, messes et offices sont complètement suspendues depuis le début du confinement, mais les prêtres continuent à célébrer la messe en privé », témoigne Bernard Colas, diacre à Château-Thierry dans l’Aisne.

Impossible aussi pour les Musulmans de se rendre à la mosquée chaque semaine, voire chaque jour : « Les cinq prières quotidiennes peuvent s’effectuer n’importe où. Néanmoins, celle du vendredi doit normalement se faire tous ensemble, à la mosquée », déclare Hassan Younes, imam à Beauvais. Seulement, depuis l’arrêté préfectoral du 29 février, toutes les mosquées du département de l'Oise ont fermé leurs portes. Il a donc fallu s’adapter : « Pour la prière du vendredi, nous disposons d’un système de dérogation. Face à une décision préfectorale ou gouvernementale, le caractère obligatoire de cette prière collective peut être suspendu. A l’inverse, il devient obligatoire de ne plus s’y rendre afin de préserver la vie de chacun. »
 


La synagogue d’Amiens, elle, est fermée depuis près de trois semaines. « On a l’habitude de s’y rencontrer avant et pendant le Chabbat, chaque semaine. » Désormais pour Guy Zarka, président de l’association culturelle israélite de la Somme, chaque célébration se fait en comité restreint, à la maison.
 

Un confinement en période de fêtes

En plus de bouleverser le quotidien des croyants, l’épidémie et le confinement interviennent en période de fêtes pour la plupart d’entre eux. Pour la première fois chez les Chrétiens, la fête de Pâques ne se fera pas à l’église : « La semaine Sainte et les fêtes de Pâques se feront sans aucune célébration publique », assure Bernard Colas.

Même constat pour Pessah, que la communauté juive a aussi pour habitude de célébrer en famille et qui intervient quelques semaines après Pourim. « C’est une fête que nous avons célébré début mars et dont les rassemblements ont fait beaucoup de dégâts, notamment en région parisienne », déplore Guy Zarka.

Quant au Ramadan, il commence dans moins d’un mois et aura bien lieu. Hassan Younes ignore encore comment il va se dérouler : « Chaque soir, un rassemblement spirituel a lieu dans les mosquées. Si la situation ne s’améliore pas, ce sera un changement terrible pour notre religion. Pas au sens strict, mais sur le plan culturel et traditionnel. Dans tous les cas nous feront face à cette situation exceptionnelle, comme toute la nation et toutes les religions. »

La religion 2.0

A l’ère du numérique, les solutions pour se rassembler autrement sont nombreuses. Dans l’Aisne, le diocèse de Soissons va proposer cinq retransmissions en ligne des célébrations de Pâques sur son site. Pour le catéchisme, des jeux et exercices en ligne sont également disponibles, ainsi que des propositions de prière et de partage d’évangile pour tous les fidèles.
 

Si l’imam ne se déplace plus chez les gens, il reste néanmoins disponible pour répondre à leurs questions. « Nous avons aussi mis en place des prêches à distance sur les sites des différents lieux de culte. Pour le Ramadan, il faudra innover et pourquoi pas organiser des prêches nocturnes retransmises en ligne. » Pour Hassan Younes, le but est avant tout de garder un lien avec les fidèles.

Des adaptations parfois plus difficiles à mettre en place au sein de la communauté juive, dont l’usage des appareils électroniques est restreint lors du Chabbat. « En dehors de cela, on prend du temps pour se réunir sur Skype ou Zoom avec le reste de la famille », affirme Guy Zorak.
 

Un facteur de lien social

Pour Bernard Colas aussi, ne plus pouvoir se retrouver chaque dimanche à l’église ne signifie pas que les liens n’existent plus. « S’ils n’existent plus sous une forme physique, il faut imaginer des liens d’une autre nature, qui permettent de maintenir ces relations. C’est aussi une manière d’accompagner les familles touchées par la maladie ou par le deuil. Nous devons montrer que l’Eglise est présente dans ces moments-là. »

Garder contact au sein de la communauté, mais aussi au sein de son propre foyer. Selon Hassan Younes, la prière peut tout aussi bien se faire chez soi, ensemble : « Cela permet de renouer les liens familiaux et spirituels entre les membres d’une famille. »

Quelle que soit la religion, tous s’accordent à dire qu’il est primordial de conserver un lien social. Pour le président de l’association culturelle israélite, « le principe même d’une religion, c’est par définition d’être en communion. Conserver ce lien, même en dehors de notre religion, c’est très important. »

Peu importe les croyances, donc, on retiendra qu’en ces temps difficiles il faut avant tout penser à soi, aux autres, et à ce qui fait du bien à chacun.
 
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