Équipements de protection, recherche universitaire, culture en ligne : la communauté scientifique des Hauts-de-France travaille, depuis le début de l'épidémie de covid-19, à trouver des solutions pour mieux vivre la crise sanitaire. Tour d'horizon.
À l'heure où toute la France était confinée pendant plusieurs semaines, la communauté scientifique n'a pas uniquement travaillé à mieux comprendre le fonctionnement du coronavirus covid-19. Les professionnels de la science et de la technologie réfléchissent à différentes solutions pour mieux vivre la crise.
Protéger les populations
D'abord, très concrètement, il a fallu touver des moyens de produire des équipements de protection, dont le milieu hospitalier n'est pas le seul à manquer cruellement. L’association La Machinerie à Amiens, fermée depuis le début du confinement, a mobilisé son réseau d’ateliers de fabrication numérique, pour mettre à disposition les compétences des professionnels et le matériel nécessaire à la production de visière, comme les imprimantes 3D. C’est ce qui a permis de fabriquer des visières en plastiques pour protéger les soignants, et d’en livrer 300 par semaine au CHU, et d’autres pour les médecins libéraux, infirmières, etc.
Une initiative que l’on retrouve d’ailleurs un peu partout en Picardie, comme à la Maison pour tous d’Abbeville ou au Fablab de Château-Thierry. Des bénévoles de la Machinerie ont même fabriqué des valves pour transformer, sur demande de certains médecins, des masques Décathlon en respirateur. "Des gens nous ont contacté aussi pour fabriquer des blouses à partir de sacs poubelle, on les a aidé pour l’organisation et on sert de lieu de rendez-vous", explique Jean-Baptiste Heren, président de l’association. "On ne cherche aucune gloire ou aucun profit là-dedans, le but est vraiment de soutenir ces élans citoyens."
Partager les savoirs
Comme eux, de nombreux universitaires, chercheurs, professionnels des nouvelles technologies mettent à profit leurs compétences pour réfléchir et agir autour de la crise sanitaire. À l’Université Technologique de Compiègne par exemple, les chercheurs créent des contenus numériques (articles ou vidéos) pour rendre accessibles et vulgariser leurs sujets d'étude, qui peuvent intéresser le grand public, comme l'intelligence artificielle ou les innovations médicales.
Des micro-organes sur biopuce - https://t.co/4RvMSELvI8
— UTCommunication (@utcompiegne) April 3, 2020
Directeur de recherche au laboratoire BMBI de l’UTC et du CNRS entre 2003 et 2015, Éric Leclerc collabore, au sein du LIMMS, une unité mixte internationale (CNRS/université de Tokyo), avec des équipes franco-japonaises. pic.twitter.com/MVFlqCkIYA
Car la science et la technologie peuvent également être mis au service de l’apprentissage et de la culture. Dans le même esprit, la Halle aux sucres à Dunkerque, a mis en ligne une multitude de contenus pédagogiques, films et jeux à destination des enfants et des ados. L’opération "Onféquoi" propose chaque jour une activité ludique, pour fabriquer des objets, créer des contenus vidéos originaux, ou apprendre des choses sur plein de sujets différents, allant du fonctionnement biologique des abeilles aux phénomènes physiques qui provoquent les tornades. L’outil technologique au service de la science de de l’apprentissage.
Préparer demain
Bien sûr, la recherche scientifique pure joue aussi un rôle fondamental dans cette crise. Mais il ne s’agit pas seulement d’étudier les virus et de tester des traitements. Les études sur le comportement social pendant une épidémie pourront également se révéler très utile à l’avenir, dans le cas où la situation venait à se reproduire. À Lille par exemple, Ségolène Guérin, actuellement en thèse de psychologie à l’université de Lille et qui travaille sur l’activité physique, a adapté son sujet de recherche au confinement. "À la base, j’étudie l’imagerie cérébrale pour voir ce que l’activité physique provoque sur le cerveau selon les conditions dans laquelle on l’exerce", précise-t-elle. "Avec le confinement, j’ai redirigé ma thèse sur la pratique du sport dans cette situation d’isolement social. J’ai lancé une étude en ligne, pour mieux connaître les pratiques sportives, avec comme objectif de déterminer si le genre, le métier, l’âge, la situation de confinement et plein d’autres critères ont une influence sur le comportement sportifs."
L’analyse des résultats de cette étude lui permettra ensuite de déterminer quelles populations ont besoin de plus d’accompagnement pour faire du sport dans ces périodes d’isolement. "Si on est amenés à être reconfinés, où à vivre des situations similaires, ça pourra servir aux pouvoirs publics pour cibler les gens qui ont besoin de supports supplémentaires pour faire du sport", explique la chercheuse. "Et pour la communauté scientifique, ce sera sûrement utile, ce sont des données qui n’existent pas encore dans la littérature scientifique."
La même étude est menée au Royaume-Uni, en Australie et aux États-unis. Les résultats pourront donc être comparés. "On verra si des points communs ressortent, ou si au contraire il y a des spécificités locales." Une étude précieuse donc, pour préparer l’avenir.
Car c’est bien là l’objectif premier des technologies et de la science : préparer et inventer demain. Et il semble que dans les Hauts-de-France, la communauté scientifique est largement mobilisée pour répondre à cette préoccupation.