Coronavirus. Tarifs, plannings, mesures sanitaires... : comment les coiffeurs se préparent au déconfinement

Dés le 11 mai prochain, les coiffeurs vont pouvoir retrouver leur clientèle. Ils s’attendent à un raz-de-marée. Certains ont déjà des plannings chargés mais cette reprise du travail devra passer par la mise en place de protocoles sanitaires importants. Avec une répercussion sur les tarifs ?

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Aprés 2 mois d'interruption de travail, en raison du confinement instauré dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, les salons de coiffure vont bientôt retrouver une clientèle impatiente. Les coups de fil affluent. De nombreux professionnels ont déjà anticipé la réorganisation de leur travail dans le cadre des mesures barriéres. Gels hydroalcooliques, masques, gants… côtoieront désormais ciseaux, peignes et sèche-cheveux.
 

Des horaires aménagés


La demande est énorme ", constate Justine Lescieux. Cette jeune coiffeuse, installée depuis septembre dernier à Calais, a mis en place une longue liste d'attente. "Mes clients habituels sont au rendez vous mais pas seulement. Les besoins de coupe de cheveux, de soins, de couleurs sont très importants. Je me prépare, avec ma salariée, à une reprise très dense. Des horaires peut-être aménagés mais surtout une mise en place d'un protocole de respect des gestes barriéres très complexe ! "

Comme tous les professionnels de la coiffure, la jeune patronne de l'Atelier de justine attend pour cette semaine, les consignes sanitaires précises du gouvernement en matière de sécurité, même si, elle a déjà devancé les achats d'équipements de protection : "J'ai acheté des serviettes, des gants, des blouses à usage unique. Du matériel jetable, qui sera changé à chaque client. La commune, grâce à Action coeur de ville, m'a fourni comme aux autres commerçants de la ville des visières. Je vais désinfecter après chaque personne le matériel utilisé pour coiffer. "

 


Un budget supplémentaire pour cette jeune coiffeuse qui précise avoir dû piocher dans ses économies : " J'espére que des aides pourront nous être accordées sinon je vais devoir répercuter ce coût par une hausse de mes tarifs ou par un supplément hygiène pour chaque prestation. Pour l'instant, je ne le fais pas ", précise Justine.
 

Protéger les clients et les salariés


"Des achats coûteux mais indispensables", confirme Anne-Sophie Kulak, du salon de coiffure Anne So'Chic à Lille. " En plus de ces équipements de base, j'ai investi dans des parois de plexiglass. Je veux protéger au maximum mes clientes et aussi mon équipe. Je pense mettre plus de temps pour installer, coiffer puis nettoyer le salon à chaque prestation."  

Beaucoup de demande et beaucoup plus de temps à chaque client. Conséquence : des horaires d'ouverture beaucoup plus larges et des prix plus élevés. "Je pense ouvrir de 8h à 21h, les 2 premières semaines. Une équipe du matin, une de l'aprés-midi, 6 jours sur 7. Une fois la demande stabilisée, je réadapterai le travail. J'ai déjà prévenu mes clients que mes tarifs allaient augmenter. 2€ pour les hommes et 3 € pour les femmes car si mes dépenses sont en hausses, mon chiffre d'affaires, lui, a baissé depuis ces 6 semaines et je ne veux pas me séparer de mes 5 salariés." 

 

Installée depuis 6 ans, dans une des rues commerçantes de la capitale des Flandres et malgré toute son énergie, Anne-Sophie rencontre des difficultés pour s'équiper en masques et constate l'augmentation des prix chez les fournisseurs. " Je suis impatiente de reprendre le travail mais franchement c'est l'inconnu. On ne sait pas bien où l'on va, j'espère que mon entreprise pourra tenir face à l'augmentation de certaines fournitures. La seule chose dont je suis sûre, c'est que je ne prendrai pas de risque pour la santé et que mes clients, comme mes salariés, porteront tous un masque."


Et à domicile ?


La sécurité, une priorité aussi pour cette coiffeuse à domicile de la banlieue lilloise. "J'ai une clientèle très fidèle qui me connait bien et chez qui je vais régulièrement. Elles se sentent en confiance avec moi et souhaitent rester chez elle. J'apporte mon matériel que je vais désinfecter. Des serviettes et des blouses pour chacune d'entre elles, qui seront changées et lavées chaque soir ",   détaille Nathalie.

"Je n'ai pas peur pour ma santé, je vais me protéger avec des gants et un masque. Ce métier est un métier de contacts, de proximité avec la clientèle. Comme je me déplace chez les unes et les autres, je note chaque intervention. Je fais cela depuis plusieurs années et je vais continuer. Il le faut aussi parce que je n'ai pas une seule rentrée d'argent pour le mois d'avril et en mars j'ai perdu prés de 60% de mon chiffre d'affaires", constate Nathalie.
 

Plus de 7 000 entreprises de coiffure dans les Hauts-de-France attendent de retravailler !


A ce jour, les consignes officielles permettant de sécuriser l’exercice de la profession dans ce contexte sanitaire particulier ne sont toujours pas connues. Les gestes barrières semblent, eux, bien ancrés, pour ces professionnels en attente de prendre le travail. Laure Bazan, Présidente de l’UNEC (l’union commerciale des coiffeurs) des Hauts-de-France et propriétaire d'un salon de coiffure à Houplin-Ancoisne, conseille pourtant de ne pas se précipiter sur des achats trop lourds face à des trésoreries fragilisées.

 

"Anticiper, c'est bien. Mais beaucoup trop d'achats vont faire que les prix vont augmenter, la pression va engendrer des situations tendues. Certains salons ne pourront pas survivre. Il faut attendre les consignes claires qui devraient arriver cette semaine, en terme de sécurité sanitaire mais aussi en terme de sécurité financiére. "

Certaines communes ou régions promettent de mettre en place des aides pour favoriser la reprise des entreprises de leur secteur. Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand a annoncé, dés la mi-mars un plan de soutien aux "artisants, commerçants et entreprises" du territoire, de l'ordre de 50 millions d'euros. Le Ministre Bruno le Maire a lui indiqué qu’il demandait l’annulation de 3 mois de loyers pour les entreprises de moins de 10 salariés.
 

Laure Bazan se dit ravie de reprendre le travail pour retrouver ses clients qui durant ce confinement lui ont adressé réguliérement des photos de l'évolution de leur chevelure ou de leurs tentatives de coupe maison. " Oui, je reconnais, les cheveux c'est important mais la santé c'est primordial et conserver son emploi tout autant." Une conclusion qui fait référence à Bernard Stalter, l’emblématique Président de l’Union nationale des entreprises de coiffure décédé le 13 avril, du coronavirus.
 

 
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