Cette méthode de lutte contre le coronavirus fait débat.
Le nettoyage a débuté lundi. Des hommes en combinaison jaune dans les rues de Valenciennes répandent avec un nettoyeur à haute pression un produit à base de javel dilué. Objectif : désinfecter les rues de la ville. "Dans le cadre des mesures de précaution visant à réduire les risques de développement de l'épidémie du COVID-19 sur notre territoire, les services de la municipalité de Valenciennes en lien avec les équipes de Suez ont commencé, depuis ce lundi 30 mars, une opération de nettoyage à la javel de certains axes et lieux stratégiques de la ville", écrit la ville dans un communiqué.
Toutes les rues ne sont pas concernées. La mairie indique se concentrer "sur certains axes de la ville et lieux les plus fréquentés, notamment les abords du Centre Hospitalier de Valenciennes et des laboratoires, les EPAHD, les crèches et écoles accueillant les enfants du personnel soignant." Et elle précise que "le produit est suffisamment dosé pour être efficace 2 semaines, sans pour autant agresser les différents supports (enrobé, mobilier urbain, bordures, ect.))."
Une précision qui va à l'encontre des recommandations de la Direction générale de la Santé au plan national. Selon cet organe public, « les effets du lavage du sol avec un produit chloré disparaissent au bout de quelques dizaines de secondes ».
Dangereux pour l'environnement ?
A Douai, ville voisine, le maire Frédéric Chéreau a d'ailleurs choisi de suivre cet avis. Il écrit sur sa page Facebook : "La désinfection massive de voiries est à proscrire. L’association des villes pour la propreté urbaine (dont Douai fait partie) a interrogé le ministère des Solidarités et de la Santé. L’aspersion de javel ou autre désinfectant est parfaitement inutile d’un point de vue sanitaire tout en étant dangereuse pour l’environnement."
Même raisonnement à Calais (Pas-de-Calais) : "Compte tenu d’une part de la faible persistance du virus sur les surfaces et, d’autre part, de l’obligation générale de confinement, la charge virale dans l’environnement est en effet considérée comme négligeable. En conséquence l’aspersion de javel ou de tout autre désinfectant n’est pas jugée utile d’un point de vue scientifique", écrit la ville dans un communiqué.
Désinfecter des rues peu fréquentées actuellement est-il utile ? Le virus est-il sensible à ce genre de nettoyage ? Non, selon le gouvernement qui affirme sur son site officiel que "l’efficacité de la désinfection systématique des rues […] n’est pas démontrée".
Pourtant, le nombre de villes procédant à ces désinfections se multiplient : Nice, Cannes, Reims, Suresnes, Asnières-sur-Seine... A Doullens (Somme) et Gauchy (Aisne), la mairie a aussi procédé à la même opération. "Nous avons vu les images de désinfection en Chine, puis entendu que des villes du sud de la France allaient s’y mettre, alors nous nous sommes lancés", explique Christelle Hiver, adjointe au maire de Doullens, ville qui nettoie et désinfecte désormais deux fois par semaine.
A Saint-Pol-sur-Mer, les rues rues vont aussi être "désinfectées". Le maire Jean-Pierre Clicq l'a annoncé sur sa page Facebook : "Certains diront que cela ne sert à rien ; peut-être ont-ils raison ; peut-être pas. Il y a quelques semaines, d'autres disaient que les masques et les tests ne servaient à rien...Il est sans doute impossible, aujourd'hui, de dire l'efficacité de tel ou tel dispositif ; par contre, il me semble que la situation mérite de tout tenter, de tout mettre en oeuvre pour préserver la santé de chacun."
Selon Que choisir ?, il n'y a pas de justification scientifique à procéder à ces désinfections : "Les rues et les trottoirs, on a beau chercher, à moins de se rouler par terre, difficile de courir un risque, sauf celui de rencontrer un porteur de virus. Les élus locaux invoquent « le principe de précaution », Que Choisir penche plutôt pour le besoin de masquer son impuissance par l'action."
Laurent Degallaix, maire de Valenciennes, ne comprend pas la polémique naissante : « C’est le genre de nettoyage auquel on procède tout au long de l’année, avec les mêmes produits. Tout cela est réglementé. J’ai pris mes responsabilités. Le principe de précaution m’a amené à dire : faisons-le ! » en France, d'autres villes que Douai renoncent à ces nettoyages : la ville de Nancy, qui étudiait aussi cette possibilité d’une désinfection, y a finalement renoncé après un avis défavorable de l’ARS.
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