Les ports s'estimaient menacés par le tracé des nouvelles routes maritimes reliant l'Irlande et le continent européen.
Le Parlement européen va défendre l'inclusion des ports français dans la révision des tracés des "corridors" maritimes reliant l'Irlande et le continent européen initiée par la Commission dans la perspective du Brexit.La commission Transport réunie jeudi à Bruxelles a voté en faveur d'un texte ajoutant les ports "de Calais, du Havre et de Dunkerque au corridor Mer du Nord - Méditerranée du MIE (Mécanisme d'interconnexion européen, ndlr) et les ports de Brest, Roscoff, Saint Nazaire, Saint Malo, Cherbourg, Caen, Le Havre, Rouen, Paris et Boulogne au corridor Atlantique, afin qu'ils concentrent les financements européens dans la période post Brexit", s'est félicitée dans un communiqué Karima Delli, présidente (Verts) de cette commission.
De nombreux élus locaux du littoral de la Manche s'étaient inquiétés de ne pas voir apparaître les noms des ports français dans la proposition déposée l'été dernier par la Commission européenne.
Craintes de responsables
Bruxelles veut adapter le tracé des corridors "Mer du Nord-Méditerranée" et "Atlantique" pour s'assurer que l'Irlande continuera d'être connectée, sans friction, au continent européen après le départ du Royaume-Uni de l'UE, prévu le 29 mars.De nombreux responsables français ont fait part de leurs craintes après la présentation par la Commission d'un tracé qui privilégierait les ports belges et néerlandais.
"Nous avons deux urgences : celle d'assurer la continuité des transports de marchandises et passager avec l'Irlande et celle d'adapter les ports et littoraux de la Manche - Mer du Nord à accueillir une nouvelle frontière extérieure", une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers, a expliqué Karima Delli.
L'avenir de Calais et Dunkerque en question
L'inclusion dans les corridors identifiés par l'UE permet de bénéficier de fonds européens supplémentaires.L'avenir des ports de Calais et Dunkerque, dont le trafic est totalement tourné vers le Royaume-Uni, est appelé à évoluer avec le Brexit. Ils "devront engager de très lourds investissements s'ils venaient à devenir des ports de commerce international", a averti Mme Delli.
Son collègue au sein de la commission Transports Renaud Muselier (PPE, droite) a salué une "victoire" pour les ports français.
Victoire contre la "faute politique"
"Ce sont 24 milliards d'euros qui étaient en jeu pour nos acteurs portuaires français sur la période 2014-2020. En excluant les ports français des façades Atlantique et Mer du Nord des nouveaux tracés post-Brexit, la Commission commettait une faute politique et économique au détriment de la connectivité de l'Irlande et de l'économie portuaire européenne dans son ensemble", a-t-il réagi dans un communiqué.La position votée par la commission Transport sera celle défendue par le Parlement lors des négociations à venir avec le Conseil de l'UE (les Etats membres) pour trouver un texte de compromis.