Visites en chambre, sorties autorisées et repas en petits groupes... De nouvelles mesures d'assouplissement sont mises en place dans les Ehpad depuis le samedi 13 mars. La décision d'application revient à chaque directeur d'établissement. On fait le point dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Un premier signe du retour à la vie normale ? Depuis samedi 13 mars, des mesures d’assouplissement sont entrées en vigueur dans les Ehpad de France, grâce notamment à la vaccination massive : près de 87% des résidents ont déjà reçu une dose de vaccin.
Sorties des pensionnaires autorisées, visites possibles sans rendez-vous dans les chambres, repas en petit groupe… des allégements pour s’engager sur le "chemin des retrouvailles", comme le précise Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’Autonomie.
#COVID19 | De nouvelles recommandations pour les #EHPAD, pour un retour progressif à la vie sociale ⤵
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@Sante_Gouv) March 12, 2021
✅Cette première étape d’assouplissement débutera dès demain.
Moins de contraintes perçues comme une bouffée d’oxygène pour les résidents confinés depuis près d’un an, sous certaines conditions néanmoins. On fait le point.
Quels assouplissements et dans quelles conditions ?
Jusqu’à présent, des visites strictement encadrées et limitées dans le temps étaient possibles dans les espaces collectifs des établissements, comme les couloirs ou les salles de restauration. Désormais, les visites en chambre par des membres de la famille ou des amis sont possibles sans rendez-vous.
À l’Ehpad de la Fraternité à Roubaix, Christiane, 99 ans, est soulagée. Admise quelques semaines seulement avant le début du premier confinement, elle accueille pour la toute première fois sa fille dans sa chambre depuis le printemps dernier. Un peu d’intimité retrouvée, qui ne cache cependant pas son envie de retrouver sa vie d’avant. "On espère que c’est un premier pas et que bientôt ça reviendra à la normal. Mais, le jour où on pourra se revoir dans la rue et se dire bonjour, s’embrasser… ce sera un grand pas", raconte-t-elle.
Pourtant, ces sorties sont désormais possibles, mais la rapidité de mise en place du nouveau protocole n’a pas permis de mettre tous les résidents au courant, raconte Jody Callens, infirmière dans le même établissement. "On n’a pas énormément de demandes, peut-être par la suite… Je pense qu’ils ont tellement pris l’habitude d’être dans la résidence et de ne plus sortir". Un délai logique entre "le temps de l’annonce politique et celui de sa déclinaison pratique", explique Emmanuel Sys, président de la conférence nationale des directeurs d’Ehpad à la tête d'un établissement à Wasquehal.
"Il faut laisser quelques jours aux établissements pour s’organiser, étant entendu qu’il nous est demandé, pour décliner en fonction de la situation de chaque établissement, d’engager un dialogue avec les représentants des familles et des résidents".
Depuis la mise en place du nouveau protocole sanitaire ce samedi 13 mars, les promenades aux alentours des Ehpad sont de nouveau possibles dans le strict respect ders gestes barrières. Les résidents peuvent également rendre visite au domicile de leurs familles, excepté ceux admis dans des établissements situés dans les zones où un confinement local est en vigueur comme c’est le cas dans la totalité du département du Pas-de-Calais ou dans l’agglomération dunkerquoise.
À noter également la possibilité pour les résidents de déjeuner en petit groupe, tout en respectant une distance de deux mètres entre chaque table.
Les mesures s’appliquent-elles de façon identique dans tous les établissements ?
Au sein de chaque établissement, ces mesures d’allégement doivent être "progressives et éventuellement sectorisées", détaille le ministère de la Santé, tout en rappelant qu’il est primordial de continuer à observer les mesures de distanciation physique et le port du masque en dehors des chambres.
Cependant, tous les Ehpad ne vont pas appliquer cet assouplissement des mesures de la même manière, ni au même moment. Comme le précise la ministre déléguée à l'autonomie, la décision revient aux chefs d’établissements, "selon la situation épidémique locale et l’avancement de la campagne vaccinale".
? « À partir d'aujourd'hui, les résidents vaccinés dans les #EHPAD vont pouvoir retrouver une vie sociale. Cela commence dès la porte de leur chambre, à nouveau ouverte aux familles. »
— Brigitte Bourguignon (@BrigBourguignon) March 12, 2021
? Retrouvez mon interview dans @le_Parisien ⤵️https://t.co/EfiDARvJqv
À ce jour dans le Nord et le Pas-de-Calais, 85% des résidents ont été vaccinés avec au moins une dose depuis début janvier. Des chiffres encourageants qui permettent aux deux départements de se situer dans la moyenne nationale. À titre de comparaison dans le département du Jura par exemple, seuls 62% des résidents en Ehpad ont reçu au moins une dose de vaccin à ce jour.
Mais le virus circule activement dans les Hauts-de-France, en témoigne les taux d’incidence qui ne cessent de grimper. Dans le Nord, il dépasse les 350 cas pour 100 000 habitants, bien au-delà du seuil d'alerte fixé à 250 par le gouvernement.
Le département voisin du Pas-de-Calais enregistre un taux d’incidence de 420. Il est soumis depuis le début du mois de mars à un confinement partiel le week-end.
"Il y a à la fois une fatigue et une lassitude de période passée qu’il ne faut pas négliger et à la fois la perspective de retrouver des temps meilleurs, plus de collectif, plus de convivialité, résume Emmanuel Sys. Le temps relatif de nos résidents qui sont très âgés n’est pas le même que pour nous. Savoir que dans les heures qui viennent, on va retrouver ses proches dans un espace plus intime, c’est source d’enthousiasme même si maintenant il va falloir que ça se décline très rapidement".
Que se passe-t-il si un cas positif est avéré dans un Ehpad ?
"La détection d’un cas parmi les résidents ou les professionnels (…) doit conduire à une remise en cause immédiate des mesures d’assouplissement dans les établissements touchés", prévient toutefois le ministère de la Santé. Comprendre par cette formulation la fin des visites en chambre et le retour à des mesures plus drastiques, comme c’est le cas depuis un an maintenant.
Pour permettre la détection des cas positifs le plus rapidement possible, les campagnes de dépistage se poursuivent auprès des résidents mais également des professionnels de santé et des visiteurs réguliers.