Les gîtes, chambres d’hôtes et hôtels peuvent accueillir les touristes alors que les campings n’y sont toujours pas autorisés. Dans la Somme, où ils représentent 60% des hébergements marchands, les gérants attendent avec impatience de pouvoir reprendre leur activité.
Dès le mois d’avril, les côtes des Hauts-de-France sont habituées à recevoir de nombreux campeurs français et étrangers. A elle seule, la Baie de Somme réunit 70% des 150 campings de la Somme. Pourtant, depuis le début du confinement et de l’épidémie de coronavirus, impossible d’accueillir des touristes sur les 16 000 emplacements du département qui y sont dédiés. "Sur les 100 départements français, on figure parmi les 30 premiers en termes d’offre", affirme Laurent Pruvot, vice-président de la fédération d’hôtellerie de plein-air des Hauts-de-France.
Dans le courant de cette semaine décisive, le secteur du tourisme va être fixé sur les termes de son calendrier d’ouverture au public. Les 8 000 #campings français ont fait appel au Président de la République et au Premier Ministre pour que la date soit fixée au plus vite. pic.twitter.com/la8F7ysSMB
— FNHPA_Officiel (@FNHPA_Officiel) May 25, 2020
"On ne comprend pas vraiment, c’est injuste"
Depuis le confinement, un arrêté interdit aux campings d’accueillir des visiteurs. "On était considéré comme un lieu qui reçoit beaucoup de monde tandis que les hôtels, eux, sont restés ouverts pour héberger des travailleurs ou des personnes malades", remarque Laurent Pruvot.Pourtant, depuis la fin du confinement, les lieux d’hébergement comme les gîtes ou les chambres d’hôtes ont pu de nouveau recevoir les touristes originaires d’un périmètre de moins de 100 kilomètres. "Ça reste un peu mystérieux, on trouve ça injuste de ne pas pouvoir rouvrir", témoigne Laurent Pruvot.
Plus difficile à comprendre, les aires de camping-car sont également ouvertes alors qu’il est parfois difficile d’y faire appliquer la distanciation physique. Vincent Tyson est propriétaire du Camping de la Baie à Pendé (Somme), lui non plus ne comprend pas cette situation : "On a des parcelles de 100 à 120 mètres carrés séparées par des haies pour chaque camping-car, alors que ce n’est pas le cas sur les aires. Ce n’est pas logique."
Autorisés à accueillir les résidents permanents depuis près d’une semaine (qui représentent en moyenne 50% des emplacements), les gérants de campings se préparent à pouvoir rouvrir leurs portes à tous les campeurs. "On gère un camping, pas un cimetière. Le but, c’est de le faire vivre, assure Vincent Tyson. On est prêts à rouvrir pour tous ceux qui sont autonomes. Pour le moment, les espaces communs resteront fermés."
Un début de saison sans recette
Comme pour de nombreux autres secteurs, les conséquences financières de la crise sanitaire sont importantes. En temps normal, les campings ouvrent début avril pour clore leur saison courant octobre. "En avril, les campings n’ont pas pu ouvrir. Fin mai, on se retrouve avec deux mois de fermeture, déplore Laurent Pruvot. Sur les locations, la recette est de zéro." Malgré la forte proportion de résidents, "il y a des retards de paiement".Pour l’ensemble des Hauts-de-France, la perte se chiffre à 600 000 nuitées au total. "Cela engendre une baisse des recettes, mais aussi des conséquences économiques indirectes pour les destinations touristiques", remarque Laurent Pruvot.
De son côté, le propriétaire du Camping de la Baie a pour habitude d’afficher complet tous les week-ends dès le mois d’avril. "Financièrement c’est difficile. On a dû mettre deux salariés au chômage partiel et débaucher une troisième personne que l’on avait embauchée pour la saison."
Désormais, le secteur de l’hôtellerie de plein-air attend les annonces gouvernementales de ce jeudi 28 mai. Laurent Pruvot espère "une ouverture généralisée le 2 juin, et que les 100 kilomètres soient élargis à 300 voire 400 kilomètres afin de pouvoir héberger plus de monde des régions limitrophes."