Selon les données publiées chaque jour par Santé publique France, les Hauts-de-France ont toutes les raisons de passer au vert. Xavier Bertrand l'a demandé officiellement à Edouard Philippe.
Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, ainsi que son homologue de Grand-Est Jean Rottner ont écrit ce mardi 26 mai à Edouard Philippe pour lui demander "d'entériner dans les meilleurs délais le passage en 'zone verte'" des Hauts-de-France et du Grand Est, seules régions encore en rouge dans le cadre de l'épidémie de Covid-19.
"Au regard" de données de Santé publique France "et à moins que des critères implicites ne figurant pas expressément dans la règlementation en vigueur soient appliqués, il est peu compréhensible que nos régions figurent encore en rouge sur la carte de France tant la situation sanitaire ne le justifie plus", écrivent les deux présidents de région dans une lettre au Premier ministre dont l'AFP a obtenu copie.
Ce que disent les chiffres
Comme le soulignent les deux hommes politiques, les données communiquées chaque jour par les autorités sanitaires sont largement en-deçà des seuils qui avaient été établis début mai pour dresser la carte du déconfinement.
- Si l'on se penche sur la circulation active du virus, mesurée à partir du taux de passages aux urgences pour des suspicions de Covid-19, le % est de 0,7% pour le Nord, 1,2% pour le Pas-de-Calais, 2% pour la Somme, 1,3% pour l'Oise et 0,3% pour l'Aisne... alors qu'il suffit d'être en-dessous de 6% pour être en vert.
- Même constat pour la tension hospitalière, calculée sur le taux d'occupation des lits en réanimation. Au début du mois, les départements étaient rouge au-dessus de 80% et orange au-dessus de 60%. Ces derniers jours, les départements des Hauts-de-France sont restés bien en-dessous : 33% pour le Nord, 44% pour le Pas-de-Calais, 26% pour la Somme, 39% pour l'Oise et 38% pour l'Aisne.
Énorme enjeu économique
Le passage en vert est un véritable enjeu pour les régions. "Nos collectivités se trouvent stigmatisées par ce marquage particulièrement dégradant au plan symbolique", arguent-ils. "Inutile de préciser qu'une telle coloration n'est en rien favorable à l'attractivité de nos territoires qui ont déjà beaucoup souffert de la crise sanitaire elle-même (1.691 morts dans les Hauts-de-France et 5.127 morts dans le Grand Est) et qui se voient à présent infliger une double peine".
Les deux présidents de région jugent par ailleurs que, face à "une récession de 8,2 points de PIB à prévoir" en 2020, "il est peu à propos de maintenir des mesures contribuant à ralentir la reprise économique dans des régions pesant à elles deux plus de 14% du PIB français".
Le secteur touristique ayant en outre "pâti dramatiquement de la crise sanitaire", MM. Bertrand et Rottner estiment "primordial d'engager les visiteurs à revenir prestement passer leurs vacances dans le Nord et l'Est de la France, ce qui ne saurait s'envisager dans une région 'rouge'".
Le passage en vert conditionne également l'ouverture des parcs, ainsi que les mesures qui seront prises au 2 juin, prochaine étape du déconfinement "progressif" qu'avait promis Edouard Philippe. C'est normalement à cette date qu'était a priori prévue la "mise à jour" de la carte des couleurs.