Dédoublement des classes de CP : opération délicate pour les communes de Picardie

En mai dernier, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer annonçait sa volonté de dédoubler les classes de CP dans les établissements de l’éducation prioritaire renforcée (REP+). En quelques mois seulement, comment les mairies ont-elles pu s'organiser ? 

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Réduire les classes de CP à 12 élèves dans les quartiers en difficulté, une mesure qui date de mai dernier et qui part à priori d'une bonne volonté... Mais difficile à appliquer pour les mairies et les écoles qui n'ont eu que quelques mois pour mettre en place le dispositif. 

Le problème des locaux

Qui dit dédoublement des classes dit locaux supplémentaires... Un point sensible pour les communes, à l'heure où l'austérité est de mise et les budgets soumis à des coupes. À Montataire, qui comprend six écoles REP+ sur sept au total, aucun locaux n'ont pu être trouvés. "Pour répondre à cette promesse électorale, il faudrait dans l'idéal ouvrir deux nouvelles écoles mais c'est évidemment impossible. Certaines communes ont peut-être des locaux désaffectés à rénover mais ce n'est pas notre cas", témoigne Abdelkrim Kordjani, adjoint au maire en charge de l'éducation.

C'est une autre option qui est alors adoptée pour les six écoles : deux professeurs pour 24 élèves. Au terme des vacances de la Toussaint, la mairie compte organiser des évaluation avec les enseignants. "Le dispositif est amené à évoluer", poursuit M. Kordjani.

Un impact sur le personnel

Pour permettre aux classes de CP de REP + de se dédoubler, l'Éducation nationale dû piocher chez des enseignants du dispositif "plus de maîtres que de classes", qui permet depuis 2013 l’intervention de deux instituteurs dans une même classe. La SNUIPP s'est opposé à la transformation de ces postes, en vain. "Du jour au lendemain, ces postes ont été supprimés par l'inspecteur d'Académie à la demande du ministre", témoigne le secrétaire départemental du SNUIPP dans l'Oise. 

La mise en place de cette mesure a également supprimé des postes de remplaçants devant être créés. "Dans l'Oise, on a des besoins importants en matière de remplaçants. Sur notre demande, l'inspecteur d'Académie avait prévu la création de postes de remplaçants de longue durée sur un nombre de 30. Or la quasi-totalité de ces postes ne sera pas créée", regrette le secrétaire départemental.

Quelle continuité ? 

Cette mesure n'est pour l'instant réservée qu'au CP, même si elle a, selon le gouvernement, vocation à être étendue au CE1 et CE2. Mais est-ce suffisant ? "Il faut que cette 'correction d'injustice sociale' se traduise par une vraie pédagogie et un vrai suivi. Est-ce qu'on considère qu'en CE2 on a assez donné d'élement à l'enfant pour qu'il se retrouve de nouveau dans une classe à 20, tout seul, alors qu'on l'a accompagné jusque là ? On sait pertinemment que c'est à cet âge qu'ils apprennent les fondamentaux", s'inquiète M. Kordjani.

Le SNUIPP milite pour que le dispositif soit étendu aux autres écoles. "On ne peut pas s'opposer à cette mesure, raconte le secrétaire départemental du SNUIPP dans l'Oise. Les études ont largement fait le lien entre le nombre d'élèves dans les classes et la réussite. Mais à notre avis, la mesure devrait être largement étendue"  

Dans l'Oise, à la rentrée, il y aura 41 classes de CP à 12, 14 classes de CP à 24 avec deux enseignants, 3 classes de CP-CE1 à 12 et sept classes de CP-CE1 à 24 avec deux enseignants. Des chiffres éloignés de ceux annoncés par le ministre de l'Éducation, à savoir 45%. 

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