Une intrusion concertée inédite de 113 migrants qui ont réussi à parcourir 15 km dans le tunnel sous la Manche a paralysé le trafic pendant toute la nuit de vendredi à samedi le trafic, et a conduit le ministère de l'Intérieur à envoyer 220 CRS et gendarmes en renfort à Calais.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé à l'AFP que trois unités de forces mobiles, correspondant à 220 CRS et gendarmes, avaient en conséquence été déployées en renfort dans le Calaisis, sans préciser la durée de leur présence. Des CRS du Sud-Ouest sont déjà arrivés, hier après-midi, pour sécuriser l'endroit où les barrières ont été endommagées.
Ces forces supplémentaires viennent s'ajouter aux sept forces mobiles et demie déjà présentes, portant le total à 10 forces et demie, ce qui correspond à environ 750 hommes.
Au cours d'un point presse informel à Strasbourg samedi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a affirmé que "la stratégie à Calais ne changera pas". "Laisser la frontière sans sécurité, sans garantir son étanchéité, c'est envoyer le signal que les passeurs peuvent continuer à faire leur trafic; nous ne le souhaitons pas", a-t-il déclaré.
"Ma responsabilité c'est de ne pas perdre le cap et de ne pas me laisser impressionner par les manoeuvres des organisations criminelles qui visent de façon abjecte à prélever des sommes de plus en plus importantes à des personnes de plus en plus vulnérables en les poussant parfois à des actes violents, et de ne pas perdre de vue les objectifs humanitaires qui sont les nôtres", a-t-il ajouté.
Vers minuit samedi, "une centaine de migrants ont forcé une clôture et le passage auprès d'agents de sécurité du tunnel", a indiqué à l'AFP une porte-parole d'Eurotunnel. Puis, "les migrants sont entrés dans le tunnel sud, assez loin, sur 15 km environ", a relaté la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, à l'AFP. Les gendarmes sont intervenus pour les empêcher d'aller plus loin et ont procédé à des interpellations; 23 migrants étaient actuellement en garde à vue, selon le parquet de Boulogne-sur-mer.
"On a eu des migrants manifestant une certaine agressivité", a confirmé la préfète. "D'habitude ils reculent devant les forces de l'ordre, là ils voulaient passer, ils étaient 113". Les pompiers ont, eux, fait état de dix blessés légers dans la nuit, dont sept migrants, deux gendarmes et un membre du personnel de sécurité d'Eurotunnel.