C’est un débat source de crispations dans les Hauts-de-France, premiers producteurs d'énergie éolienne. Le développement des parcs sera désormais mieux encadré. Depuis début janvier 2022, dix mesures sont en place pour tenter de calmer la contestation.
La réduction de l’impact éolien pour les riverains. C'est ce que promet le gouvernement avec ces nouvelles mesures.
Des contrôles systématiques du bruit seront ainsi réalisés. Les nouvelles installations devront être controlées dans les douze mois de la mise en service industrielle, afin de vérifier leur conformité acoustique.
Une bridage sonore interviendra en cas de dépassement des seuils autorisés.
L’impact lumineux devra lui aussi être réduit d’ici mi-2022. Ainsi, les flashs lumineux des éoliennes ne seront allumés que lors du passage d’un aéronef.
Les textes prévoient également une obligation de l’excavation complète des fondations, et du recyclage de 90% des éoliennes démantelées à partir de 2022.
Les préoccupations des riverains mieux prises en compte
Le gouvernement dit vouloir garantir une meilleure prise en compte des préoccupations des riverains
Depuis le début de l’année, la consultation du maire de la commune est obligatoire avant tout lancement de projet. Des comités régionaux de l’énergie seront mis en place et un fonds de sauvegarde du patrimoine naturel et culturel a été créé. Il est alimenté par 1% des ventes d’électricité d’origine éolienne en France, pour répondre aux préoccupations liées aux paysages. Des projets dans les communes accueillant des éoliennes pourraient ainsi être financés. Cela pourrait représenter entre 35 millions et 40 millions d’euros par an.
Depuis fin 2021, les préfets planchent sur des cartographies des zones propices au développement de l’éolien. Ainsi, les enjeux environnementaux locaux devraient mieux être pris en compte.
Enfin, un médiateur de l’éolien, rattaché au ministère de la Transition écologique sera nommé, pour les projets de parcs les plus controversés. Celui-ci pourra être saisi par le préfet, dans le cadre de l’instruction d’un dossier, en cas de fort risque de contestation.
Une figure de la contestation dans la région
Dans la région, un éleveur, ancien producteur laitier installé dans la commune du Boisle en Picardie maritime, est devenu l'une des figures de cette contestation. Il est le premier éleveur à poursuivre en justice un promoteur éolien. Il réclamait 350 000€ à la société allemande Enercon. Selon lui, le parc de 24 mats construit à proximité de son exploitation serait à l’origine de la perte de 180 bovins de sa ferme. Il accuse les « courants parasites » des éoliennes et du relai électrique construit à proximité d’une rivière souterraine.
Il a finalement été débouté par le tribunal de grande Instance de Paris le 11 janvier.
Où en est la production éolienne dans les Hauts-de-France ?
La programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit au minimum de doubler la puissance installée de l’éolien terrestre pour atteindre entre 33,2 et 34,7 gigawatts en 2028 sur le territoire national.
La région des Hauts-de-France est la première en termes de puissance éolienne. Elle fournit 28% de la puissance installée en métropole, avec 2 049 éoliennes (chiffres DREAL, en septembre 2021). Les parcs éoliens sont concentrés dans les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et de l’Aisne.