Électricité verte : Greenpeace pointe du doigt le "paradoxe" des Hauts-de-France, champions de l'éolien

Selon Greenpeace, les Hauts-de-France souffrent d'un manque d’ambition dans la mise en place de la transition énergétique permettant d’atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050. Pourtant, la région réduit sa consommation et développe l’éolien à vitesse grand V.

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Dans les Hauts-de-France, la transition énergétique est un paradoxe. À quelques jours du premier tour des élections régionales, Greenpeace dévoile un classement des régions les plus "vertes" en se basant sur quatre critères : la réduction de la consommation énergétique, le développement de l’éolien terrestre, de l’éolien en mer et du photovoltaïque.

L’objectif de l’étude : montrer que le 100% renouvelable est possible en 2050. Et que les régions jouent un rôle clé dans la transition énergétique que doit opérer la France pour lutter contre les changements climatiques. "On a établi une trajectoire nationale pour arriver à l’objectif du 100% renouvelable en comparant des scénarios qui existent déjà et on l’a ensuite déclinée au niveau régional", détaille Nicolas Nace, ingénieur et chargé de campagne Transition Énergétique à Greenpeace.

Une déclinaison qui tient compte des spécificités de chaque régions pour pouvoir ensuite les comparer : démographie, industrialisation ou encore potentiel de production renouvelable. "C’est un outil simple pour savoir si la politique mise en oeuvre dans telle ou telle région permettrait d’atteindre une énergie 100% renouvelable en 2050"

Si certaines collectivités sont très en avance sur le photovoltaïque ou l'éolien, d’autres accusent un retard considérable. Certaines régions se fixent des objectifs ambitieux de réduction de la consommation énergétique sans pour autant y parvenir. 

Et les Hauts-de-France se trouvent dans une situation paradoxale. "Malgré de piètres objectifs de réduction de la consommation d’électricité et de production d’énergie renouvelable, la réalité est nettement plus positive", analyse Greenpeace dans son rapport. Selon l’ONG, la région est parvenue à "réduire sa consommation d’électricité à un rythme satisfaisant tout en développant très rapidement l’éolien terrestre". Comment l’expliquer ? Éléments de réponse.

En tête des régions qui réduisent le plus leur consommation d’énergie

Premier enseignement de ce rapport : la réduction de la consommation d’électricité est en marche dans les Hauts-de-France et la trajectoire de la région est jugée "ambitieuse" par l’ONG. À titre de comparaison, huit des treize régions métropolitaines sont engagés dans une dynamique "insatisfaisante" pour atteindre les objectifs fixés de 100% d’électricité renouvelable à l’horizon 2050, précise Greenpeace. 

Depuis six ans, les régions doivent se fixer des objectifs en terme d’ambitions climatiques - dans un document qu’on appelle SRADDET - notamment en matière de baisse de la consommation énergétique et de développement des énergies renouvelables. "Les objectifs des Hauts-de-France sont très peu ambitieux", explique Nicolas Nace. Un manque d’ambition bien visible sur le graphique ci-dessous extrait du rapport.

De 2010 à 2019, on observe une diminution de la consommation d’énergie via la courbe bleue (historique). Mais la courbe grise correspondant aux objectifs que s’est fixée la région (SRADDET) montre que les ambitions de la région ne correspondent pas à la trajectoire modélisée par l’ONG (cible).

Pour autant, les Hauts-de-France se hissent en tête du palmarès des régions où la réduction de la consommation est la plus importante. Un paradoxe. "C’est la région qui réduit le plus sa consommation sur la période 2013 - 2019, confirme Nicolas Mace. C’est un bon point qu’il faut réussir à faire perdurer dans le temps".

Impossible cependant de savoir si cette première place est due à des politiques régionales ou des facteurs socio-économiques. "Nous n’avons pas pu regarder secteur par secteur, explique l’ingénieur, mais nous avons plusieurs hypothèses. Dans les filières industrielles comme l’automobile par exemple, l’amélioration des procédés qui nécessitent moins d’électricité peut en partie expliquer une part de la réduction de la consommation énergétique. On note également une baisse de la consommation d’électricité des particuliers, probablement le résultat de politiques de rénovation énergétique des logements et des bâtiments tertiaires".

Les Hauts-de-France, première région éolienne de France

Autre enseignement de ce rapport, la région est celle qui développe le plus vite son parc éolien. Et de loin. Sur les dix dernières années, "le rythme d’installation est trois à quatre fois plus élevé que ce que notre trajectoire préconise", indique Nicolas Mace de Greenpeace. Dans les Hauts-de-France, on dénombre actuellement 360 parcs et 1 800 mâts produisant plus du quart de la puissance française.

La production d’énergie renouvelable dans notre région a ainsi explosé depuis 2010, dépassant les maigres ambitions affichées par la région mais également la trajectoire fixée par l’ONG, comme le montre ce graphique. 

Un déploiement de l’éolien qui s’accompagne de son lot de critiques, à commencer par celles, virulentes, de l’actuel président de région. 

En 2019, Xavier Bertrand appelait à la mise en place d’un moratoire sur l’éolien. Candidat à sa réélection les 20 et 27 juin prochains, il a été encore plus loin : faute de pouvoir agir à son échelle sur le déploiement des éoliennes, Xavier Bertrand a annoncé vouloir financer les associations anti-éoliens. "Nous allons financer des associations qui s’en serviront soit pour faire des études environnement / santé, ou alors qui décideront d’engager des actions pour bloquer (les projets éoliens,  ndlr)".

Une hérésie pour Greenpeace. "Au Rassemblement national ou chez Les Républicains , on parle de ce sujet juste en amont des élections, dénonce Nicolas Mace. C’est un calcul électoraliste"

Selon lui, il est nécessaire de ralentir le déploiement de l’éolien dans la région mais il ne faut pas arrêter tous les projets. "Avec le déploiement rapide ces dernières années, on se pose la question de savoir si la région n’est pas allée trop vite, engendrant des questions d’acceptabilité sociale. Donc ralentir oui, mais tout arrêter non".

Entre l’éolien sur-développé et le solaire quasi-inexistant, "la région devrait mieux équilibrer ses efforts"

D’autant plus que la dynamique mise en place avec le déploiement rapide de l’éolien ne doit pas s’arrêter subitement : "cela réduirait à néant la possibilité du 100% renouvelable à l’horizon 2050", résume Greenpeace. Mais des solutions existent. 

Dans l’éolien d’abord. "Il suffirait de remplacer les modèles d’éoliennes en fin de vie par des modèles de dernière génération pour atteindre les objectifs à long terme", avance Nicolas Mace. "Cela permettrait de ralentir le rythme sur l’éolien terrestre en mettant l’accent sur le qualitatif plus que sur le quantitatif et en impliquant plus les citoyens".

"Cette région est par ailleurs dans le groupe des pires régions sur l’énergie solaire. Le soleil brille pourtant bel et bien dans les Hauts-de-France et représente un gisement non négligeable encore très peu exploité".

Extrait du rapport de Greenpeace : "Électricité : quelles régions sont les plus vertes ?"

Dans l’énergie solaire ensuite, où la marge de progression est énorme : les Hauts-de-France font partie "des pires régions sur l’énergie solaire" et occupent actuellement la dernière place du classement. Dans son rapport, Greenpeace rappelle que "le soleil brille pourtant bel et bien dans les Hauts-de-France et représente un gisement non négligeable encore très peu exploité". Selon l’ONG, la région devrait quasiment multiplier par dix son rythme annuel de développement de l’énergie solaire pour tenir ses objectifs. 

Plusieurs projets ont été initiés, comme l’installation de panneaux solaires sur les toits des lycées des Hauts-de-France, soit plus de 300 000 m2 mis à disposition. Mais c’est insuffisant. "La région devrait mieux équilibrer ses efforts", entre éolien et solaire, résume Nicolas Mace.  Avec toujours le même objectif : atteindre 100% de l’énergie renouvelable à l’horizon 2050.

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