A Estaires, depuis quelques jours, trois allocataires du RSA travaillent bénévolement pour la mairie. Un dispositif nouveau, qui fait débat mais semble satisfaire les principaux intéressés, tous volontaires.
A Estaires, des allocataires du RSA travaillent bénévolement pour la mairie
RSA et bénévolat. A Estaires (Nord), ce principe est appliqué depuis le début du mois, une première dans le Nord (dans la Somme, Cayeux-sur-mer a mis en place un dispositif similaire). Sept heures par semaines, trois habitants de la commune travaillent bénévolement et volontairement pour la mairie. L'un ouvre le parc et le cimetière de la commune le matin et les entretient, l'autre s’occupe du petit entretien d'une école et d'un parc et la dernière donne un coup de main à la bibliothèque et à la cantine.
Ces trois allocataires du RSA "socle" ont décidé de répondre favorablement à l'appel lancé il y a quelques mois par la mairie d'Estaires. Après quelques jours d'expérimentation, ils se disent tous satisfaits : "Moralement, c'est important. C'est valorisant et ça peut peut-être aboutir à un emploi. Ça remet le pied à l'étrier", explique Sébastien, 48 ans, au RSA depuis 8 ans. "Quand je me lève le matin maintenant, je sais au moins à quoi je sers, renchérit Anthony, 26 ans. On reprend des automatismes qu'on a peu perdus : apprendre à se lever plus tôt, à arriver à l'heure, à faire ce qu'on nous demande de faire. On se sent mieux, on fait des rencontres qu'on n'aurait pas fait en étant chez nous..."
"Ça fait du bien au moral"
"Ça permet de ne pas rester à rien faire. C'est bien beau de toucher quelque chose de l'Etat mais si on ne donne rien en retour... C'est un peu normal que je donne un peu de mon temps. Sept heures, c'est pas énorme...Et puis ça fait du bien au moral, ça aère la tête", analyse de son côté Bénédicte au RSA depuis 2009.Concurrence avec les employés de la mairie ?
Les bénévoles-allocataires du RSA ont tous signé une convention avec la mairie. Le bénévole est assuré par la mairie. Et les règles sont, selon le maire d'Estaires, Bruno Ficheux (UDI), très claires et strictes : "L'idée c'est de ne pas confondre employé de la collectivité et bénévole. C'est pour ça qu'on a limité la durée de travail hebdomadaire à 7h maximum et que chaque bénévole puisse d'une minute à l'autre mettre fin à son contrat. De manière à ce qu'on ne puisse pas dire que la collectivité s'appuie finalement sur le travail des bénévoles pour faire tourner ses services." Le contrat moral avec chaque bénévole est de 3 mois. Au maximum, la mission ne peut durer qu'un an. Le maire affirme également que ce nouveau projet n'a pas eu d'effet sur les "contrats aidés" par la mairie : il y en toujours 14 et ils seront maintenus.Les notions de bénévolat et de volontariat sont évidemment centrales dans ce projet de la ville d'Estaires. Notamment parce qu'il y a quelques jours, le tribunal administratif de Strasbourg, saisi par la préfecture, a annulé une délibération prise en février par le conseil départemental du Haut-Rhin, qui conditionnait le versement du RSA à la réalisation de sept heures de bénévolat hebdomadaire. Une mesure qui était présentée comme un moyen de faciliter l'insertion des bénéficiaires et leur retour vers l'emploi.
"Etant au RSA, on touche de l'argent de l'Etat et donc il faut faire quelque chose !"
A Estaires, les objectifs sont les mêmes mais fondés sur le volontariat. Et ça fait tout la différence selon le maire : "L'objectif c'est de remettre le pied à l'étrier à des concitoyens, affirme le maire Redonner de l'employabilité à des personnes, se sentir utile, avoir un espoir de retrouver un autre autre type de contrat. L'idée c'est de recréer du lien social." Pour Sébastien, le principe de donner du temps quand on est au RSA n'est pas du tout choquant, au contraire : "C'est logique. Etant au RSA, on touche de l'argent de l'Etat et donc il faut faire quelque chose ! Je pense que toutes les communes en France devraient faire ça. Je rends service et je trouve que c'est logique qu'on aide."Pour l'instant, à Estaires, seules trois personnes ont répondu favorablement à l'appel lancé par la mairie. Ce qui désole Bénédicte : "C'est même un peu scandaleux qu'on ne soit que trois personnes à faire ça à Estaires !" Le maire espère que le dispositif va s'étendre : "L'objectif un peu fou serait que 30% des allocataires du RSA socle de la commune, soit trente personnes pourraient intégrer nos services. S'il y a 27 personnes qui viennent toquer à la porte de la mairie demain matin, oui nous sommes en capacité de les accueillir."