Nando de Colo, d'habitude voué au rôle de joker offensif, a franchi un palier au point de se rendre indispensable dans le cinq majeur de l'équipe de France de basket qui défend sa couronne européenne à partir de samedi.
L'arrière nordiste, par son adresse, sa polyvalence et sa rapidité, a terminé deuxième meilleur marqueur des Bleus en préparation (11,4 pts en moyenne), derrière Tony Parker mais avec un match en moins. Il a ainsi confirmé sa belle saison au CSKA Moscou, l'une des plus puissantes équipes d'Euroligue.
Ses prestations ont même relégué sur le banc Mickaël Gelabale, l'un des piliers de la "maison bleue" (32 ans, 133 sélections). "Je ne me suis jamais pris la tête sur le fait d'être dans le cinq ou pas. Le plus important, c'est ce que l'on produit sur le terrain et le temps de jeu que l'on peut avoir pour aider l'équipe," relativise néanmoins De Colo avec la tempérance qui le caractérise.
Mais à 28 ans et "120 capes", le joueur révélé à Cholet n'a plus grand-chose à voir avec le minot qui avait démarré chez les Bleus il y a sept ans. Il a gardé la sobriété de ses débuts tout en gagnant en confiance. "Même s'il reste discret, il prend de plus en plus de place dans le groupe", souligne le sélectionneur Vincent Collet. "Par rapport au Nando que j'ai connu à mon arrivée en 2009, c'est le jour et la nuit concernant son ouverture aux autres. Il était à l'époque très solitaire."
Nouvelles responsabilités
Arrière de formation, de Colo peut aussi dépanner à la mène, voire au poste 3. Et le choix de Vincent Collet de se priver de Thomas Heurtel va lui offrir de nouvelles responsabilités lorsque Tony Parker et Antoine Diot se reposeront. "Avec Nando, on peut se partager le travail de création, je ne suis pas obligé de monter la balle tout le temps. C'est pas mal pour garder de l'énergie dans une compétition où on joue presque tous les jours", explique "TP", qui a aussi côtoyé de Colo chez les Spurs de San Antonio (2012-2014).Ces deux saisons frustrantes, où il a été peu utilisé, ont endurci le natif de Sainte-Catherine (Pas-de-Calais), qui avait confirmé son talent à Valence, en Espagne, avant de rejoindre la grosse écurie NBA. La fracture de la main gauche qui l'a privé du Mondial-2014, où les Bleus ont décroché le bronze, l'a aussi rendu plus fort. "J'étais quand même bien dans ma tête parce que j'arrivais dans un club (le CSKA) qui connaissait mon passé en Europe", assure de Colo. "Le coach (Dimitris Itoudis) avait des idées bien définies par rapport à mon rôle dans l'équipe. Il a tenu sa parole tout au long de la saison. Il a été très patient par rapport à ma blessure. Derrière, cela m'a permis d'être beaucoup plus confiant."
A Moscou, il n'a guère eu besoin d'un temps d'adaptation. Dès son retour de blessure, fin octobre, il avait inscrit 14 points contre Zagreb en Euroligue.
Retour en NBA ?
Son entente avec le meneur serbe Milos Teodosic a fait merveille dans la prestigieuse compétition continentale où le CSKA a atteint la troisième place. De Colo, qui a tourné à une moyenne de 14,4 points par match (avec 47% de réussite à trois points), aurait tant aimé apporter une septième couronne à l'équipe russe.Il s'est consolé (un peu) avec la nomination de meilleur joueur du championnat domestique et le titre de champion. Épanoui à Moscou, où il a encore deux ans de contrat, le champion d'Europe 2013 garde quand même la NBA "dans un coin de (sa) tête", lui qui avait repoussé une prolongation des Raptors de Toronto. "S'il y a une vraie opportunité, pourquoi pas y retourner. Si cela ne correspond pas à mes attentes, l'Europe me conviendra très bien", conclut-il.