Européennes. Erasmus, travailleurs détachés, migrants : faut-il repenser la "libre circulation" ?

Le Rassemblement National, Les Républicains et Le Parti Communiste Français en débattront dans Dimanche en politique, à trois semaines du premier tour des élections européennes.

C'est l'un des principes fondateurs de la construction européenne : la libre circulation des personnes.

Aujourd'hui, elle évoque spontanément Erasmus, le programme d'échanges pour les jeunes, salué par le public et toute la classe politique.

Mais à l'origine, elle était pensée pour les travailleurs, pour favoriser l'activité économique. Un sujet qui fait déjà bien plus polémique, avec notamment le statut de "travailleur détaché".

Autre question clivante : où la liberté de circulation doit-elle s'arrêter ? L'immigration est évidemment un thème fort de la campagne des européennes 2019 en France.

Le débat sera ouvert ce weekend dans Dimanche en Politique, à 11h25 sur France 3 Picardie. Mickaël Guiho recevra :

  • Patricia Chagnon, pour le Rassemblement National ;
  • Sandrine Dauchelle, pour Les Républicains ;
  • Aurélien Gall, pour le Parti Communiste Français.
  

Erasmus+ met-il tout le monde d'accord ?

Les jeunes Picards ne sont pas très friands d'Erasmus. Dans le cadre de ce programme, l'Union européenne a déboursé 58 millions d'euros en Picardie sur la période 2014-2018, permettant chaque année à 700 étudiants de l'Université Picardie Jules-Verne de bénéficier d'une mobilité d'un semestre ou d'un an, ainsi qu'à 746 lycéens et étudiants en BTS de profiter d'échanges encadrés par l'Éducation nationale en 2017-2018. Mais cela reste moins qu'en Ile-de-France, notamment.
 
Parfois critiqué comme étant inégalitaire, le programme fait tout de même la quasi-unanimité chez les candidats aux européennes : ceux qui ont publié leur programme et évoquent la question proposent tous de le poursuivre et de l'améliorer.

Certains sont particulièrement ambitieux : La France Insoumise veut augmenter les bourses Erasmus (aujourd'hui entre 150 et 450€) et y ajouter une allocation d'un an ; Europe-Ecologie-Les-Verts propose même un revenu universel de base pour tous les jeunes d'Europe, assorti d'un "pass interrail" facilitant leurs déplacements pendant 10 ans.

D'autres, plus vagues, auront l'occasion de s'expliquer dans l'émission : comment les communistes comptent-ils en faire profiter "tous" les jeunes ? Qu'est-ce que "l'Erasmus 3.0" proposé par Les Républicains ? Le Rassemblement National défend ce programme qui construit des "citoyens européens" ?
  

Travailleurs détachés : faut-il accepter les salariés étrangers ?

Erasmus a 30 ans. La liberté de circulation des travailleurs, elle, était inscrite dans les traités dès 1957. Aujourd'hui, on estime que 17 millions d’Européens travaillent dans un État-membre autre que celui de leur nationalité, soit 3% de la population européenne. Tout citoyen d'un État-membre peut en effet travailler (et s'installer) dans un autre, sans demander de permis de travail. Au bout de 5 ans, il peut même obtenir un titre de séjour permanent.

Mais une réglementation fait polémique : la directive sur les "travailleurs détachés". L'an dernier en Picardie, 15.700 personnes ont travaillé sous ce statut. Le principe : un employeur envoie son salarié en mission dans un autre État-membre ; le salarié y sera payé aux conditions locales, par un employeur local... qui n'aura pas de cotisations à verser, les cotisations se faisant dans le pays d'origine.
 

À peu près toute la classe politique voit dans ce statut (bien que révisé l'an dernier sous l'impulsion d'Emmanuel Macron) un encouragement au dumping social qu'il convient d'abroger ou de réviser. Quelques nuances seront toutefois relevées par nos invités, notamment sur la nécessité d'élever les conditions sociales dans les autres États et sur l'instauration ou non d'une préférence nationale à l'embauche.
 

Immigration : de la Picardie à la Méditerranée

Le débat sur les travailleurs détachés nous amènera naturellement sur la question des frontières. Par des moyens différents (sortie de Schengen ou réforme des textes), le Rassemblement National et les Républicains sont d'accord pour rétablir des contrôles aux frontières nationales et renforcer ceux aux frontières européennes.
 
À l'inverse, le Parti communiste souhaite réorienter Frontex vers une mission humanitaire - sauver les migrants qui traversent la Méditerrannée au péril de leur vie - et accueillir les migrants au nom du droit d'asile, principe du droit européen mais aussi international (la Convention de Genève signée par la France) et même inscrit dans le préambule de notre Constitution. 
 
Un positionnement proche de celui d'Europe-Ecologie-les-Verts, qui détaille dans son programme la création de "corridors", des voies maritimes sécurisées pour les migrants. Ces derniers seraient ensuite répartis entre les États-membres et obtiendraient un titre de séjour européen, pour in fine les laisser choisir leur pays de résidence. 
 
Sur le plateau dimanche, nous verrons que si l'extrême-droite se désole de la misère dans laquelle les migrants se trouvent souvent en France, sa réponse est de stopper toute immigration, même légale. Les Républicains ne vont pas jusque là, mais consacrent les 11 premières propositions de leur programme à l'immigration. Au menu : création de centres d'étude de l'asile au sud de la Méditerranée, expulsion des migrants n'y étant pas passé, et pas de prestations sociales avant 3 ans de présence.

En 2017, 3 466 personnes ont fait leur première demande d’asile en Hauts-de-France, ce qui place notre région en 7e position, parmi les 12 régions métropolitaines.
 

 
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