EXCLUSIF. Vidéo d'un acte sexuel à la prison de Sequedin : le détenu témoigne

Une de nos journalistes a pu discuter avec le détenu qui s'est filmé en plein acte sexuel avec une surveillante stagiaire de la prison de Sequedin. 

Il a 22 ans. M. est désormais en détention en région parisienne, pour faits de de vol et de trafic de stupéfiants. Il était jusqu'à vendredi dernier à la prison de Sequedin. C'est là qu'il a filmé, début juillet, un acte sexuel avec une surveillante, dans sa cellule. Dans cette vidéo d'une vingtaine de secondes, on le voit discuter à l'entrée de sa cellule avec une surveillante, avec la télévision en bruit de fond. Après quelques secondes, la surveillante regarde autour d'elle puis s'agenouille devant le détenu torse nu. Elle pratique une fellation pendant 2 ou 3 secondes.

Ce mardi, il a appris que cette vidéo et les questions qu'elles posent étaient relayées par de nombreux médias. M. détient toujours un téléphone. Une journaliste de France 3 Nord Pas-de-Calais a pu lui parler. Il a raconté sa version des faits et le contexte dans lequel cette vidéo a été tournée, à l'insu de la surveillante stagiaire. 

"La surveillante, c'est une stagiaire qui était dans mon bâtiment. Elle était là depuis une semaine. Mes co-détenus m'ont dit qu'elle était un peu "tchatcheuse" donc on parlait en rigolant et un jour, ça a été au bisou et voilà quoi... A ce moment-là, j'étais tout seul en cellule, mes co-détenus étaient chez le coiffeur. J'ai posé mon téléphone, j'ai tout enregistré. On a eu des petits mots jusqu'au moment où je lui propose de faire ça, elle n'a pas refusé. J'ai eu une relation avec une surveillante pénitentiaire, voilà... "
 

 

"Nous, ça nous amuse..."


Pourquoi a-t-il filmé puis publié cette vidéo ? Sur cette question, la réponse du détenu est claire : il a filmé pour s'en vanter ensuite auprès d'autres détenus : "Nous, ça nous amuse. Je l'ai mise sur Snap, voilà. Ensuite, les gens, les autres détenus copient la vidéo et après, ça fait tout le tour... Moi, ça ne me dérange pas, ça me fait rigoler, c'est pas quelque chose qui me choque. J'ai vu qu'il y avait moyen. J'ai forcé personne. Je me croyais même plus en détention : on se parlait comme si c'était ma copine. Il y a eu un rapprochement sexuel, il y a rien eu de plus, voilà...". 

M. affirme que c'était la première et la seule fois qu'il a eu une relation avec cette surveillante. Il dit également assumer les conséquences pour lui de la diffusion de cette vidéo. Il a été transféré en fin de semaine dernière de Sequedin à une autre prison ("à l'isolement", affirme-t-il) mais aurait réussi à garder son téléphone. L'administration pénitentiaire affirme pourtant que "le téléphone avec lequel la scène a été tournée a été saisi".
 

Une photo (ci-dessus) montrant la surveillante posant avec M. et ses deux co-détenus, a également été diffusée sur Snapchat par M.. Elle montre, selon lui, la proximité de cette surveillante avec certains détenus au cours de son stage à Sequedin.

Cette vidéo et cette photo ont été repérées mercredi par les surveillants de la maison d'arrêt de Sequedin qui ont alerté la direction. La surveillante stagiaire a été immédiatement suspendue et va faire l'objet d'une procédure disciplinaire. "Ce support (NDLR : cette vidéo) met en évidence une posture inadaptée, non professionnelle, qui ne respecte pas les principe de bonne distance et de sécurité enseignés à l’ENAP (Ecole nationale de l'administration pénitentiaire) pendant la formation, explique l'administration pénitentiaire dans un communiqué. Pour cette raison, l’interruption immédiate de la formation de cette élève a été décidée par la directrice de l’Enap. Une phase d’enquête préalable à la procédure disciplinaire est engagée, et la commission d’aptitude professionnelle donnera cette semaine un avis sur cette situation immédiatement."


"On est sur un acte isolé, une grosse connerie"


L'affaire a forcément provoqué des remous dans la maison d'arrêt, mais aussi plus largement dans le monde pénitentiaire. "On a pris une claque, explique Benoît Normand, secrétaire local Ufap Unsa Justice. On est choqués. On fait déjà une profession qui n'a pas toujours bonne presse. On n'avait pas besoin de ça. Ça salit la profession alors qu'on a plus de 25000 surveillants qui font, avec le peu de moyens qu'ils ont, leur travail correctement tous les jours. Il faut que les gens comprennent qu'on est sur un acte isolé, une grosse connerie. C'est tout sauf une pratique courante. C'est l'acte d'une personne qui était en formation dans l'administration pénitentiaire et qui ne va pas y rester."
 

L'affaire a aussi des conséquences concrètes notamment pour les surveillantes : "On a un métier où la provocation est déjà assez courante, je pense à toutes mes collègues surveillantes qui vont se confronter aux moqueries et aux sous-entendus des détenus."

"Il faut être plus vigilant dans le recrutement, complète Guillaume Pottier, secrétaire général UFAP Unsa justice dans les Hauts-de-France. Cela pose aussi la question des portables. Ils sont interdits et il y en a partout. On demande à ce qu'il y ait enfin de vrais brouilleurs et qu'on puisse fouiller les détenus dès qu'il y a suspicion."
 

Suites judiciaires ? 

 
"Pour rappel, les stages en détention ont une double utilité : conforter l’institution dans la pertinence des recrutements qu’elle opère, ainsi que les élèves dans leur choix de carrière. Il peuvent donc permettre de discerner les personnalités incompatibles avec l’exercice du métier de surveillant pénitentiaire.", explique l'administration pénitentiaire. A l'issue de la procédure judiciaire, la surveillante stagiaire n'exercera vraisemblablement plus jamais ce métier.

M. ne s'en soucie guère et affirme qu'il n'y avait aucune intention de nuire : "Vous me l'apprenez (NDLR : qu'elle ne pourra plus être surveillante). Je ne sais pas quoi vous répondre. Je n'ai aucune nouvelle d'elle. Je ne sais pas quoi vous dire.."

Y-aura-t-il des suites judiciaires à cette affaire ? Selon LCI, le parquet de Lille indique avoir simplement été informé par la direction de l'établissement pénitentiaire de cette affaire, qui, "en l’état des informations fournies, ne justifie pas d'investigations judiciaires faute d’infraction pénale". 

 
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