Le groupe Les Républicains, majoritaire au conseil régional des Hauts-de-France, avait adressé début octobre un questionnaire aux sept candidats à la primaire de la droite et du centre pour la prochaine présidentielle, sur plusieurs grands dossiers régionaux. Voici les réponses des deux finalistes.
Le questionnaire avait été adressé le 4 octobre aux sept candidats à la primaire de la droite et du centre qui avaient jusqu'au 4 novembre pour répondre. Tous avaient joué le jeu, à l'exception de Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson. Nous avions déjà diffusé leurs réponses la semaine dernière, mais au lendemain du premier tour, voici le rappel des positions des deux finalistes, François Fillon et Alain Juppé, sur les thématiques soulevées par les conseillers régionaux Les Républicains, majoritaires dans les Hauts-de-France (apprentissage, formation, finances régionales, réforme territoriale, travail détaché, emploi, crise migratoire, ruralité, Louvre-Lens, Canal-Seine-Nord...)
Apprentissage
François FILLON : "Pour favoriser l’alternance, il faut rendre le dispositif plus attractif pour les entreprises. Je ferai supprimer les charges sociales pour tous les jeunes en bénéficiant, et j’alignerai les conditions de sécurité ainsi que les restrictions pesant sur ces jeunes sur celles exigées pour les salariés. (...) Je supprimerai les contrats aidés et je flécherai une partie des 1,4 milliard d’euros qui leur sont alloués vers l’alternance. Enfin, je propose de confier aux régions la pleine responsabilité des lycées professionnels, en plus des centres de formation des apprentis."
Alain JUPPÉ : "L’apprentissage doit être une priorité (…) L’enseignement professionnel sera rapproché de l’apprentissage, un modèle qui a fait ses preuves, en partenariat avec les filières économiques et il faudra conforter les ressources de l’apprentissage. Il faudra aussi mettre l’orientation au service de la qualification et de l’emploi en agissant dès le secondaire. (…) Pour doper l’apprentissage, il faut en réduire substantiellement le coût pour les entreprises, le stabiliser et simplifier le contrat d’apprentissage."
Travail détaché
François FILLON : "Je veux agir dans deux directions : baisser les charges en France pour que le coût du travail soit moins cher et exiger un salaire plus élevé pour les travailleurs détachés. J’accueille favorablement l’initiative prise par la région Hauts-de-France et d’autres collectivités, avec l’adoption de la « clause Molière », qui permet de lutter contre les effets pervers du travail détaché, et qui répond avant tout à une exigence de sécurité sur les chantiers."
Alain JUPPÉ : "Je veux inverser la logique des textes européens sur le détachement : il faut garantir le respect du principe « à travail égal salaire égal » et les cotisations sociales doivent être payées en France et aux taux français."
Recettes régionales
François FILLON : "Confier aux régions une part de la fiscalité prélevée par l’État peut être une solution."
Alain JUPPÉ : "L’Etat doit conclure avec les collectivités un contrat clair, qui comporte à la fois avec un objectif de maîtrise et d’efficacité des dépenses publiques et leur donne les moyens de l'atteindre."
Réforme territoriale
François FILLON : "Depuis longtemps je suis pour le rapprochement des Départements et des Régions à travers le conseiller territorial. (…) Il faut notamment permettre de fusionner les départements dans les régions. Il faut aussi permettre aux communes de s’agréger harmonieusement dans des intercommunalités dont le périmètre varie en fonction des conditions locales. Parmi les nouvelles Régions, certaines sont équilibrées, nous les conserverons, certaines sont notoirement trop vastes. Il faudra les réduire. Une fois cela réalisé, la question de la fusion des Départements et des Régions sera posée, par référendum."
Alain JUPPÉ : "J’ai proposé une évolution du cadre actuel afin de le rendre suffisamment souple pour adapter les organisations locales aux réalités des territoires et ce par le libre jeu de la discussion et du contrat au niveau local."
Canal Seine Nord
François FILLON : "Le canal Seine Nord Europe est indispensable pour la région Hauts-de-France, mais aussi pour la France et l’Europe (…)Si je suis élu président de la République, je ne reviendrai pas sur la parole de l’État, et respecterai l’engagement."
Alain JUPPÉ : "Je suis un ardent partisan du Canal Seine Nord Europe. le Canal doit s’inscrire dans une stratégie d’ensemble qui prend en compte l’activité portuaire et le besoin d’améliorer la compétitivité des ports. La nécessité d’un plan financement solide, qui implique l’engagement de toutes les collectivités concernées est aussi un enjeu majeur."
Liaison ferroviaire Roissy-Picardie (Creil)
François FILLON : "J’ai (…) conscience du coût de cette infrastructure ferroviaire, de près de 400 millions d’euros. Je suis favorable à une participation de l’État au financement des travaux."
Alain JUPPÉ : "Afin d'utiliser au mieux le denier public, une Commission nationale d'évaluation des infrastructures de transport sera chargée d'évaluer la pertinence de tous les projets engagés ou sujets à engagement en matière d'investissement public. La liaison Roissy-Picardie sera donc étudiée dans le cadre des travaux de cette Commission."
Port de Calais 2015
François FILLON : "Je m’engage à respecter la parole de l’État quant au soutien financier pour ce projet d’envergure, à hauteur de ce que prévoit le plan de financement (100 millions d’euros NDR)"
Alain JUPPÉ : "La poursuite des financements publics à toute extension d'infrastructure portuaire (…) sera donc conditionnée à un engagement fort dans une démarche de coopération avec les autres ports régionaux."
Louvre-Lens
François FILLON : "Même si la décision d’affecter une partie des recettes du Louvre Paris ne relève pas du pouvoir propre de l’État, mais du Conseil d’administration du Louvre, j’appuierai cette demande et donnerai consigne aux représentants de l’État au Conseil d’administration du Louvre Paris de la défendre."
Alain JUPPÉ : "La question du financement du Louvre Lens pourra être prioritairement évoquée dans le cadre des assises régionales du patrimoine que je souhaite organiser dans chaque région dès le début de mandat. (La) proposition de contribution de l’Etat assise sur la fréquentation du Louvre à Paris méritera d’être débattue et expertisée. J’attire toutefois l’attention sur le fait que cette hausse du prix acquitté comporterait un effet indéniable sur le nombre de visiteurs qu’il conviendra de prendre en considération en période de fort ralentissement de la fréquentation des grands musées parisiens."
Accords du Touquet
François FILLON : "Xavier Bertrand (président LR des Hauts-de-France NDR) a raison de réclamer la renégociation des accords du Touquet qui fixent la frontière à Calais et non à Douvres. (…)Plus de dix ans après leur signature, il est devenu indispensable d’engager une renégociation de ces accords, de manière à prendre en compte l’évolution de la situation, de la pression migratoire et des conséquences du Brexit."
Alain JUPPÉ : "Je propose de dénoncer immédiatement cet accord pour renvoyer le contrôle des frontières sur le sol britannique. La frontière extérieure du Royaume Uni, qui sera un pays tiers par rapport à l'Union européenne ne peut certainement pas être gérée sur le sol français."
Démantèlement des camps de migrants du littoral
François FILLON : "Je suis bien évidemment favorable au démantèlement de la « jungle » de Calais, mais je souhaite que la répartition des migrants sur le territoire français se fasse sous contrôle. (…)Je demande, en outre, une négociation immédiate avec la Grande-Bretagne pour que Londres s’implique activement dans le choix des migrants qui seraient admis au séjour en Grande-Bretagne et des actions à conduire pour éloigner effectivement les autres migrants."
Alain JUPPÉ : "Afin d’éviter une nouvelle concentration de migrants sur le littoral, un seuil d’alerte doit être défini en concertation avec les élus locaux au regard des capacités d’accueil et, dès que celui-ci est atteint, un mécanisme de re-répartition des demandeurs d’asile doit être immédiatement activé sans attendre que la situation devienne ingérable."
Expérimentation d'une Zone Franche Réglementaire
François FILLON : "L’idée d’expérimenter une « zone franche réglementaire » me séduit dans le sens où elle allie liberté et simplification, qui me paraissent être deux facteurs essentiels à la création d’activités et au développement. (…) J’accepterai donc de faire de la région Hauts-de-France une zone expérimentale pour favoriser l’attractivité de votre territoire, l’installation ou le développement d’entreprises nouvelles, avec les créations d’emplois que cela implique."
Alain JUPPÉ : "Ce droit à l'expérimentation devra être mis en oeuvre au titre des projets de territoires élaborés par les territoires eux-mêmes, dont je propose la mise en place."
Zone France Agricole (exonération de charges fiscales et sociales sur une période de 5 ans)
François FILLON : "L'idée de zone franche agricole est intéressante, et je me propose de l’appliquer en faisant évoluer à titre expérimental la réglementation des zones de revitalisation rurale, comme réponse à la crise que connaît le monde agricole."
Alain JUPPÉ : "Je suis favorable à cette expérimentation. Bien entendu, il faudra que nous précisions les conditions de sa mise en oeuvre. Il nous faudra en particulier disposer d’une analyse pprofondie des projets économiques portés par les acteurs agricoles locaux, et ce, sur le moyen terme. A mon sens, la notion de zone franche doit être ici à durée limitée pour permettre aux modèles économiques de s’adapter."
Revitalisation des zones rurales
François FILLON : "Je propose un nouveau contrat de développement entre (les collectivités locales) et l’État, adapté aux caractéristiques de chaque territoire. Et d’agir, par exemple, pour : inciter financièrement les médecins à s’installer dans les zones rurales où il y a un manque (…) ; accompagner les communes dans l’installation de systèmes de vidéo protection pour prévenir et sanctionner tout acte de délinquance ; mobiliser, dans les intercommunalités, des réservistes de la gendarmerie nationale afin de faire face à la multiplication des vols de récoltes, de matériels agricoles ou de bétail (…) ; équiper tout le territoire en très haut débit pour permettre aux entreprises de s’implanter en zone rurale et ainsi y ramener des commerces, des habitants et donc de la vie (…) ; multiplier les Maisons de Service Public (MSAP) (…) les zones rurales ont besoin de point relais où les citoyens peuvent rencontrer les administrations (…) ; simplifier des procédures imposées par l’État aux collectivités locales, réviser les normes, pour leur permettre de faire des économies dans leur fonctionnement et de consacrer une part de leur budget, plus importante, à l’investissement. (…)Quant aux espaces agricoles, je souhaite, pour eux, rouvrir la recherche, dans trois domaines d’avenir : la génétique (…), la fertilité des sols (…), l’agriculture « 3.0 », en concevant des têtes de récolte géo-référencées, capable d’analyser la récolte et dont le rôle serait de produire des cartes des exploitations. Je souhaite que chaque agriculteur et que chaque forestier redevienne un « paysan-chercheur » et que les exploitations agricoles et forestières bénéficient, dès lors, du Crédit Impôt-Recherche."
Alain JUPPÉ : "Cette attractivité (…) s’exprimera d’une part, grâce à une dynamique de projets définis localement "les projets de territoires" qui devront venir du terrain et que les régions et l'Etat devront soutenir ; d'autre part, à travers une couverture effective de tout le territoire en numérique haut débit et téléphonie mobile (mise en place d'un Fonds National du Numérique associant fonds publics et fonds privés) ; et enfin, grâce à une politique nouvelle de réhabilitation de l'habitat dégradé, de maintien des commerces qui sont les piliers du renouveau des villes moyennes et des communes rurales et des services publics ré-inventés pour lutter contre les déserts médicaux, pour obtenir les meilleurs services possibles dans le domaine de l'éducation, de la culture, des transports en recourant notamment à des formules innovantes déjà expérimentées de services mutualisés publics ou privés et de nouveaux usages et de nouveaux services offerts par internet."
Restauration de la biodiversité
François FILLON : "Je veux confirmer à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, la totalité́ de ses missions de surveillance de l’espace rural, de la police de l’eau et de la nature, de gestion de la faune sauvage et des activités de chasse. Enfin, il est temps de mettre fin au mitage des espaces ruraux, agricoles et naturels. La forêt française doit être protégée et organisée en filière d’excellence."
Alain JUPPÉ : "Les richesses naturelles de nos territoires, leur biodiversité, les ressources dont ils disposent et qu’ils protègent, comme l’eau et l’espace, doivent être entretenues et valorisées comme un élément essentiel de la richesse de notre pays."