Entretien avec le vice-président des Hauts-de-France chargé des Transports, une semaine après la publication du rapport Spinetta sur de possibles réformes de la SNCF.
Question : Vous avez pu rencontrer la ministre des Transports au sujet du rapport Spinetta ?Réponse : "Oui, nous nous sommes entretenus pendant deux heures avec la ministre des transports, Élisabeth Borne. Toutes les régions étaient représentées et tout le monde était inquiet au sujet des petites lignes, même si elles n'ont pas nommément été mises sur le devant de la scène."
Réunion de travail avec @Elisabeth_Borne pour l’avenir du #train et sauver les petites lignes. L’aménagement du territoire est le rôle de l’Etat, et nous ne pouvons pas accepter une France à deux vitesses ! #RapportSpinetta pic.twitter.com/gtEKFLjyGU
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 20 février 2018
Q : Que pensez-vous du rapport remis par Jean-Cyril Spinetta sur la SNCF ?
R : "Le rapport Spinetta était extrêmement dur, mais c'est souvent comme cela que ça se passe : le gouvernement commande un rapport dur pour pouvoir l'adoucir par la suite. Tout ne sera pas gardé. L'ouverture à la concurrence de la SNCF semble confirmée, mais sa privatisation semble difficilement réalisable. Le Premier ministre s'exprimera à ce sujet la semaine prochaine.
Ce qui est sûr, c'est que les lignes UIC 7 à 9 sont touchées." (NDLR : cette norme de l'Union internationale des chemins de fer indique la fréquentation des lignes ferroviaires, de 1 pour les plus empruntées à 7-8-9 pour les plus désertées)
Q : Sait-on si ces petites lignes sont réellement menacées ?
R : "La ministre a prévenu qu'on ne pourrait pas toutes les garder, mais elle souhaite en discuter au cas par cas avec tous les présidents de région. Je crains fort que beaucoup de lignes 7 à 9 soient en danger, peut-être pas celles qui passent par les villes moyennes, mais en tout cas celles qui relient entre elles les petites villes.
Cela concerne un quart de nos lignes. C'est beaucoup, mais d'autres régions sont encore plus touchées. Selon mon collègue de la région Occitanie, c'est la moitié du réseau capillaire qui est menacée là-bas."
Q : "Quelle est la position de la région ?
R : "Nous, on est pour sauver toutes les lignes. La région s'est engagée à prendre en charge 50% du coût de réhabilitation des infrastructure dans les Hauts-de-France. Les 50% doivent être pris en charge par l'État.
À l'échelle de la France, le chantier de cette réhabilitation coûte 1,2 milliards d'euros, c'est un gros effort que les régions ne peuvent pas faire seules. Mardi, toutes les régions ont parlé d'une même voix."
Q : Dans un tout autre sujet, une ligne de train franco-belge reliant Paris à Charleroi et passant par Maubeuge est envisagée. Qu'en pensez-vous ?
R : "En tant que région, nous sommes tout à fait d'accord pour prolonger la liaison avec la Belgique et investir dans cette ligne qui mènera vers Charleroi. On est prêts à mettre de l'argent, mais à condition que la SNCF se 'bouge le derrière'.
En somme, nous y sommes favorables, mais nous ne pouvons pas y aller tout seuls. La SNCF et la SNCB doivent se parler, surtout qu'il me semble qu'il y aura plus d'argent à investir côté belge."
Q : A-t-on déjà une date ?
R : "Il est trop tôt pour le savoir. Dans tous les cas, cela prendra du temps : rien que lancer les études prendra déjà 18 à 24 mois. Je dirais qu'il faut attendre au moins quatre ans pour voir des résultats, ça ne peut pas aller plus vite."