Gilets jaunes : un dialogue avec la République en marche est-il possible ?

Deux représentants régionaux des Gilets jaunes et deux députés locaux LReM ont débattu dans l’émission « Dimanche en politique » du 31 mars.
 

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Depuis novembre dernier et l’acte I, le mouvement des Gilets jaunes s’est organisé. « Ca fait cinq mois, on s’est retrouvé autour de ronds-points, autour de débats, bien sûr qu’on en a appris une méthode », témoigne Alexandre Chantry, ancien travailleur social, étudiant en sciences économiques et militant. A l’échelle locale, les Gilets jaunes Hauts-de-France organisent des assemblées générales régulières. « Il y a une véritable volonté de fédérer, de se rassembler, souligne Alison Hubert, institutrice elle aussi militante Gilets jaunes. On vote en assemblées des décisions pour le mouvements ou pour les manifestations, pour faire en sorte que chaque voix compte. »
 

 

Actes violents isolés ou violence inhérente au mouvement ?

Jusqu’à l’acte XIX, les manifestations de la région avaient évité les dégradations et les violences. Mais le samedi 23 mars, à Lille, d’importantes dégradations ont été constatées dans le centre-ville.
 

De son côté, Alison Hubert déplore la casse. « Je suis pacifique depuis le début, et ça, ça n’a pas changé », soutient l’institutrice, qui insiste sur le caractère isolé des violences. Le virage s’explique, selon Alexandre Chantry, par le « silence assourdissant d’un président et d’un gouvernement » : « avant l’acte XVIII, toute la France savait que ça allait péter, et que fait le président ? Il va au ski ! »

Face aux militants, deux députés LReM : Charlotte Lecocq, de la 6ème circonscription du Nord, et Laurent Pietraszewski, élu de la 11ème circonscription. « Quand on manifeste, il y a des règles à respecter », oppose ce dernier, soutenant l’idée d’une violence intrinsèque au mouvement des Gilets jaunes. « Quand on porte un mouvement politique, il faut le faire à visage découvert et ne pas se cacher sous des revendications sociales. » Interrogée sur la réponse d’Emmanuel Macron à Geneviève Legay, militante septuagénaire blessée lors de l’acte XIX à Nice, Charlotte Lecocq appuie : « dans ces manifestations, il y a des risques de dérapages et de violences. Et c’est depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. »

« Le mouvement ce n’est pas que les violences, rétorque Alexandre Chantry. Il y a des cas isolés de violence parce que le peuple est ainsi fait. » « Vous n’êtes pas le peuple », enchaîne le député du Nord.

Une révision de la TVA oui, un retour de l’ISF, non


Quant aux revendications des Gilets jaunes, la priorité, « c’est le pouvoir d’achat », rapporte l’ex-travailleur social. « Il faut une hausse du salaire brut, parce que les cotisations sociales sont du salaire différé, qui permet de bénéficier des services publics. Et puis, on entend de plus en plus la volonté de la suppression pure et simple de la TVA. » Le système de retraites serait également à revoir selon Alison Hubert.

Pour ce qui est de l’impôt, l’élu de la 11ème circonscription du Nord estime qu’il est « constitutif de notre société », et qu’il doit être « le plus juste possible ». « Nous réfléchissons à rééquilibrer le poids de la TVA en fonction des revenus », indique de son côté Charlotte Lecocq.

Quand à l’épineuse question du retour de l’ISF, souhaité par les Gilets jaunes, les élus LReM estiment que le sujet n’est pas là. « La vraie inégalité, elle est entre ceux qui sont dans l’emploi et ceux qui sont en dehors du système, qui ne sont inscrits nulle part », indique Laurent Pietraszewski.

« J’ai la sensation d’être une électrice, pas une citoyenne »


Viennent ensuite le renforcement des services publics, et la création d’un référendum d’initiative populaire. « J’ai la sensation d’être une électrice, pas une citoyenne, témoigne l’enseignante. Je suis attachée à la démocratie, je veux la faire vivre. » Selon un sondage Viavoice pour la Fondation Jean Jaurès et La revue civique, 62% des Français seraient favorable au RIC encadré. « On peut développer le participatif en plus du représentatif », estime Charlotte Lecocq. « L’outil n°1, c’est le grand débat. »

Le problème est plus profond d’après Alexandre Chantry. « Le problème c’est la politique néolibéraliste appliquée depuis 1983 », analyse se dernier. Après l’échec d’une relance économique du gouvernement Mauroy, un plan de rigueur est adopté. La pression fiscale est accentuée et les dépenses publiques nettement réduites. Quelle issue à la crise des Gilets jaunes, alors ? « Un référendum d’initiative populaire sur la destitution d’Emmanuel Macron », provoque le militant.  
 
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