Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a évoqué ce lundi 10 juillet la possibilité de fermer "jusqu'à 17" réacteurs nucléaires. Pour Paulo-Serge Lopes, porte parole d'Europe Ecologie les Verts, la centrale de Gravelines ne fera pas exception.
Paulo-Serge Lopes est porte parole d'Europe Ecologie les Verts en Flandres Maritimes. Il réagit pour France3 aux déclarations du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui déclarait ce matin sur RTL envisager la fermeture d'une dizaine de réacteurs nucléaires.
France 3 : Après l'annonce de Nicolas Hulot, pensez-vous que la centrale nucléaire de Gravelines pourra être concernée ?
Paulo Serge Lopes : Globalement oui, parce qu’on a six réacteurs, qui ont été mis en réseau entre 1980 et 1985, ils ont déjà dépassé la limite de temps pour laquelle ils devaient fonctionner initialement. Ils sont parmi les plus anciens réacteurs de France. Il n’y a pas de raison qu’on soit immunisés.
Est-ce que c'est une centrale qui inquiète ?
Elle est inquiétante, comme pour toutes les centrales qui comportent des réacteurs de 900 watts, il y a eu des incidents. On ne peut pas remplacer toutes les composantes, donc on a une structure qui vieillit malgré les efforts des équipes. Et le vieillissement accroît nécessairement le risque. La centrale est construite sur un polder, à huit ou neuf mètres de hauteur, mais il reste un risque d’inondations alentours.
Pourrait-on envie de prolonger encore la durée de vie des équipements ?
Vouloir prolonger la centrale, c’est aussi un prix à mettre ! Cet investissement va faire augmenter le prix du kilowatt qui ressortira du réacteur et le rendre moins compétitif, par rapport à d’autres sources d’énergies liées au fort notamment.
Que peut-on prévoir pour protéger les salariés de la centrale ?
Pour atténuer l’impact social au niveau français, mieux vaut fermer un ou deux réacteurs à Gravelines, qui en a six, qu’en fermer deux ailleurs. Mais six réacteurs, c’est beaucoup d’employés (1898 selon EDF, ndlr), donc il est important qu’une fermeture soit progressive, claire, qu’elle s’inscrive dans une transition énergétique qui soit acceptable pour tous. Les salariés ont un savoir-faire, donc on a notamment besoin d'eux pour déconstruire les réacteurs, que cela s’opère avec eux.
ça fait tellement d’années qu’on leur indique qu’on va réduire la voilure… C’était déjà un engagement de Hollande en 2012, puis une loi en 2015. Réduire la part du nucléaire, ça nécessite de se préparer : on attend un calendrier, et un accompagnement.
Vous pensez que la région doit prendre ce virage maintenant ?
Notre territoire se définit comme un territoire en transition, qui change ses industries, c’est le moment de se lancer dans le post-nucléaire. Pas du jour au lendemain, mais prenons de l’avance ! Nous allons vers la troisième révolution industrielle, et le nucléaire ne fait pas partie de la feuille de route. Les centrales fermeront, de la même façon que les mines ont fermé.