Grâce à ses créations de vêtements et accessoires, un jeune créateur lensois valorise le bassin minier inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Une terre riche d'histoire et de valeurs.
Benjamin Micheli est petit-fils et arrière petit-fils de mineur. Avec sa ligne de vêtements Gueule Noire, tee-shirts, sweats, sacs ou encore bonnets, il veut célébrer le territoire du bassin minier. "Je suis Lensois d'origine, donc l'idée est de tout simplement valoriser notre territoire," annonce-t-il, depuis l'un de ses points de vente à la Cité des électriciens de Bruay-la-Buissière.
Il confie, "mon grand-père qui était italien me racontait l'histoire, ses souvenirs difficiles étaient ceux du métier quand il était au fond de la mine. Tous ces témoignages qui vont au fur et à mesure disparaitre et bien on essaie justement de les véhiculer. Une sorte de devoir de mémoire et l'épopée des mineurs, ça ne peut pas disparaitre!"
Un hommage au travers d'une marque emblématique, crée en octobre 2020, pour faire perdurer l'histoire de manière plus actuelle, un concept qui s'inscrit totalement dans ce mouvement de valorisation de territoire.
"Mettre en lumière la transformation du bassin minier."
Benjamin Micheli - Créateur de la marque Gueule Noire
Il reconnait : "Il y a une vraie dynamique ! Une transformation du bassin minier est à l'œuvre depuis quelques temps, on essaie d'accompagner cela et de la mettre en lumière." Les clients, eux, sont conquis.
"Se projeter vers l'avenir c'est regarder un petit peu, parfois, derrière soi."
Un client
Venu chercher un cadeau pour son fils, ce client lui aussi petits-fils de mineur, concède qu'il y a un aspect nostalgique, "Ce sont nos racines, c'est notre histoire. On ne peut pas oublier, ce serait un peu trop facile. Se projeter vers l'avenir c'est regarder un petit peu, parfois, derrière soi. Mes grands-parents étaient mineurs et c'est une vraie fierté !"
Une fabrication exclusivement locale
La fierté d'un territoire marqué par plus de 270 ans d'exploitation charbonnière, alors pour aller au bout de sa démarche, le jeune créateur de trente-huit ans a privilégié une fabrication exclusivement locale. "On ne valorise pas que le territoire, on valorise aussi les gens. C'est la raison pour laquelle on ne travaille qu'avec des ateliers du bassin minier, on a une démarche sociale."
Aux côtés des couturières de l'atelier Vestali à Wingles (62), Benjamin Micheli précise :"On travaille à partir des bleus recyclés, ce sont de vieux pantalons issus de dotations, dans lesquels nous allons récupérer la matière première et la transformer en poche, en sac ou en coussin."
Sur les vêtements et accessoires, les mots comme charbon, enfant du Nord, tête de brique ou galibot, véhiculent des messages forts en terme d'histoire et d'images.
La sobriété pour porter haut et fort et de manière élégante toute l'histoire d'un territoire.
Le saviez-vous ?
Un galibot désignait un jeune enfant qui rentrait à la mine à l'âge de 12 ans, s'il avait obtenu son certificat d'études primaires. Sans ce certificat, il commençait à la mine à 13 ans. Si il travaillait de jour, son travail était de trier le charbon. Puis peu de temps après il descendait dans la fosse, son travail était alors de tirer les berlines chargées de charbon, d'ouvrir les portes d'aération et apporter les lampes à celui dont la sienne s'était éteinte.
Reportage de Christine Defurne et Sergio Rosenstrauch