A Hastings, l'Angleterre commémore sa conquête par les Normands

Des cottes de mailles, des combats à l'épée et des litres d'hydromel : quelque 1 000 passionnés du Moyen-Age se réunissent ce week-end dans le sud de l'Angleterre, pour une reconstitution de la célèbre bataille d'Hastings de 1066 entre Saxons et Normands.

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De part et d'autre d'un champ cabossé et cerné de bosquets, deux campements se font face. D'un côté, les héritiers des Normands, de l'autre, les "Saxons". Au centre, près de la petite ville de Battle, un champ de bataille pentu, celui-là même où, le 14 octobre 1066, le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, mena ses troupes à la victoire contre l'armée anglo-saxonne du roi Harold II pour s'emparer du trône d'Angleterre. L'offensive mit aux prises près de 20 000 combattants et fit passer l'Angleterre sous domination normande.

Samedi, pour son 950e anniversaire, un peu plus de 1 000 combattants s'affrontent une heure durant sous le regard du public. "Le champ de bataille est exactement le même qu'à l'époque. C'est très rare, c'est un peu comme si vous vous battiez à Verdun", explique Michael Sadde, cape rouge et jaune et cheveux noirs mi-longs, qui incarne Guillaume le Conquérant pour la troisième année d'affilée. "Ailleurs, de tels terrains ont été bétonnés ou terrassés. Ici, ils sont préservés depuis 950 ans". Autour de lui, excepté une rangée de toilettes chimiques et une caméra de la BBC, tout est d'époque.


Côté Saxons, Peter Flowerdew, 66 ans, bouc et boucles blanches, s'attèle, rabot en main, à la fabrication d'une hache de guerre en frêne. A son côté, devant une tente en lin blanche, deux hommes s'activent autour d'un chaudron : l'un prépare son déjeuner, une épaisse tranche de pain recouverte de viande, pendant que l'autre trinque à l'hydromel. Ici, ni douche, ni électricité, et surtout pas de pommes de terre, de bananes ou de tomates, des légumes introduits plus tard en Europe, se vantent ces passionnés du Moyen-Age.

Invasion en ferry

Côté Normands, un couple dépèce un chevreuil, bientôt cuit en ragoût. En contrebas du campement, un groupe de Français devise autour d'un feu. Les hommes portent des bandes molletières, des braies en lin et des tuniques en coton, parfois sous de lourdes cottes de mailles. Une femme, cheveux carotte, arbore elle une fourrure de renard autour du cou. Tous consacrent chaque semaine plusieurs heures à leur passion, notamment pour s'entraîner à l'épée. Certains, dans le groupe, projettent même de reproduire un navire d'époque. Mais, cette année encore, les envahisseurs ont emprunté le ferry Calais-Douvres et ont même dû présenter leur passeport, plaisantent-ils.


Soudain, de l'autre côté du champ de bataille, le roi Harold II fait son apparition, casque à nasal sur la tête. Professeur de biologie la semaine, Kendall Kinrade sera à la tête de quelque 500 hommes samedi. Cette année, essaiera-t-il de repousser les Normands, Brexit oblige ? "Pour prendre ce genre de décisions, je crois qu'il vaut mieux tenir une élection que de prendre les armes", s'amuse-t-il. "On va déjà se battre pour de faux, alors on ne va pas en plus s'affronter pour de vrai" au sujet du Brexit, ironise aussi Aurélien Marchal, dans le camp des Normands, coiffé d'un chaperon beige foncé. Peter Flowerdew relativise: à l'échelle de l'Histoire, la construction européenne est un projet récent. La bataille d'Hastings, qui a bouleversé durablement l'équilibre politique de l'Europe occidentale, "est bien plus vieille que ça. Elle a presque mille ans".

Pour plus d'informations sur les commémorations de la bataille d'Hastings, lire la page spéciale de nos collègues de France 3 Normandie.
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