Trois exploitants installés dans le Nord, le Pas-de-Calais et l'Oise avaient dénoncé la stratégie financière du groupe et s'en retrouvent aujourd'hui exclus. Le nouveau volet d'une crise profonde chez le sucrier.
Ils avaient contesté la gouvernance du groupe coopératif Tereos et se retrouvent aujourd'hui exclus du premier sucrier mondial. Gilles Bollé, betteravier dans l'Oise, Gérard Clay, exploitant dans le Pas-de-Calais, et Xavier Laude, installé dans le Nord, "ont tous trois été exclus de leur coopérative", a indiqué la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB).
"La CGB déplore que le conseil de surveillance de Tereos ait décidé d'exclure trois betteraviers suite à leur prise de position publique plutôt que de mettre en place les conditions d'une conciliation", indique le syndicat, adhérent à la FNSEA, dans un communiqué.
Jeudi, les trois élus frondeurs du conseil de surveillance de Tereos ont été convoqués devant la direction en vue de leur exclusion, qui leur a été notifiée le jour-même par courrier, selon la CGB.
"Nous contestons depuis plus de 18 mois la stratégie financière de Tereos, nous demandons des chiffres pour expliquer les déficits et on ne nous répond jamais", avait expliqué mi-août à l'AFP l'un des trois mis en cause, Gilles Bollé, fondateur de la sucrerie de Chevrière, fusionnée dans Tereos au moment de la constitution du groupe en 2004.
Gérard Clay, alors président de la coopérative SDHF (Sucrerie-distillerie des Hauts de France), avait lui aussi amené sa coopérative à Tereos en 2004 au moment de la fusion avec Beghin Say.
Une crise de longue date
Depuis plusieurs mois, Tereos, une union de coopératives devenue au printemps dernier une coopérative unique, subit une profonde crise larvée au sein de sa gouvernance.
Fin juillet, 70 élus (sur 172), représentant 7 500 des 12 000 coopérateurs et cinq usines sucrières du Nord, ont démissionné en bloc pour dénoncer une "gouvernance défaillante" et demander plus de transparence sur la gestion, en mettant en cause l'absence de résultat de la diversification internationale du groupe.
Pour la CGB, cette exclusion "pose les questions de la garantie du pluralisme des opinions, de la possibilité des responsables agricoles à partager des visions pouvant être divergentes, et au-delà de la relation entre un betteravier et son groupe sucrier".
Le syndicat s'oppose à cette exclusion qui "vient mettre dans des difficultés personnelles lourdes ces chefs d'entreprises qui ont investi depuis de nombreuses années dans leur activité betteravière".
La CGB "mettra tout en oeuvre pour les assister et rétablir leurs droits en tant que betteravier", conclut-elle, sans dire à qui les planteurs pourront livrer leur récolte.