Une dizaine de personnes ont été placées en garde à vue depuis lundi dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Charlie hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015, soupçonnées d'être impliquées dans la fourniture d'armes à Amédy Coulibaly. Un Nordiste est soupçonné d'être au coeur du trafic.
Par quels trafics et entre quelles mains ont transité les armes parvenues au tueur de l'Hyper Cacher Amédy Coulibaly ? L'enquête sur les attentats de janvier 2015 a conduit depuis lundi à une douzaine interpellations en France et en Belgique, dont celles de trafiquants d'armes présumés.
L'opération menée en France et en Belgique par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire vise notamment un ancien douanier et des trafiquants d'armes présumés. Parmi eux, Claude Hermant, 54 ans, un ancien mercenaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, proche des milieux de l'extrême droite nordiste, a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Actuellement interrogé en garde à vue par les services antiterroristes, ainsi que sa femme, il a été extrait de la cellule où il est incarcéré dans un dossier de trafic d'armes instruit par un magistrat lillois. Les investigations sur les attentats de janvier 2015 ont montré que les armes de l'assaillant de l'Hyper Cacher avaient été achetées parmi des dizaines d'autres par une société de la compagne de Hermant, Seth Outdoor, entre juillet et novembre 2014.
D'après l'enquête, ces armes venues de Slovaquie et démilitarisées étaient passées par un intermédiaire en Belgique avant d'être revendues à Seth Outdoor. Le couple avait déjà été interrogé en garde à vue en décembre 2015, dans le cadre de l'enquête antiterroriste, sans être mis en examen.
Les enquêteurs cherchent à reconstituer le circuit des armes passées de trafic en trafic, et à savoir comment elles ont été remilitarisées. Quatre pistolets semi-automatiques Tokarev et un fusil d'assaut avaient été retrouvées dans l'appartement occupé par Amédy Coulibaly à Gentilly et sur les lieux de la prise d'otages du supermarché de la porte de Vincennes le 9 janvier 2015.
Au lendemain de l'assassinat d'une policière municipale à Montrouge, ce délinquant multiréciviste
radicalisé avait surgi dans ce commerce de produits cashers, tuant quatre personnes, avant d'être abattu par les forces de l'ordre dans un assaut quasi-simultané avec celui mené contre les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier.
Un indic' ?
Dans cette enquête, sept hommes, dont six sont écroués, ont été mis en examen, suspectés à des degrés divers d'avoir apporté une aide logistique à Coulibaly, mais tous nient avoir eu connaissance du projet d'attentat.Dans l'affaire qui le met en cause à Lille, Claude Hermant a affirmé en janvier 2015 lors d'une garde à vue avoir agi en tant qu'indicateur de douaniers et de gendarmes, mais ce rôle pose question, des témoins le présentant aussi comme un trafiquant d'armes pur et simple. "Les dernières actualités (...) ces événements horribles, je parle bien des attentats de Paris, ont fait tilt dans ma tête", avait-il alors affirmé en garde à vue, selon une source proche du dossier.
En voyant les informations, et "notamment le type d'arme (...), j'ai pris conscience que ces armes citées (ont) pu être des armes que j'ai été amené à fournir" à un autre trafiquant présumé, Samir L., "une cible très intéressante" à qui il aurait remis "40 à 45 pièces".
Claude Hermant assurait qu'il agissait en lien avec un service de gendarmerie, mais que n'ayant plus de nouvelles de ses agents traitants, il avait "continué à travailler" avec ce trafiquant présumé. Interrogé en décembre 2015 à la Sdat, Hermant avait assuré n'avoir "ni de près,
ni de loin à voir avec ces attentats". "Ils m'ont dit qu'ils cherchaient des armes pour un braqueur" avait-il dit au sujet de Samir L., qui a nié les faits lors de sa mis en examen à Lille.
Ce dernier se trouvait en garde à vue mercredi, comme d'autres trafiquants présumés en lien avec Claude Hermant et eux aussi cités dans cette affaire de trafic d'armes à Lille. La série d'interpellations a débuté lundi et se poursuivait mercredi, ont indiqué des sources judiciaires.