Le procureur a demandé la peine capitale pour les auteurs de l'attentat de Marrakech en avril.
Le procès des auteurs présumés de l'attentat à la bombe de Marrakech
en avril, qui a fait 17 morts, connaît son point d'orgue vendredi avec le verdict
de la cour qui devrait confirmer la peine capitale requise par le parquet.
Prenant tour à tour la parole dans la salle d'audience du tribunal anti-terroriste
de Salé (près de Rabat), avant que la cour ne se retire pour délibérer, les neuf
accusés ont nié en bloc les charges à leur encontre et clamé leur innocence.
En présence des proches des victimes françaises et marocaines et des familles
des accusés, ils ont tous réitéré qu'ils n'avaient aucun lien avec le Jihad et
avec le terrorisme, et ont clamé leur innocence.
"Je n'ai aucun lien avec cet attentat. Je suis innocent (...) et le résultat de
ce procès va nous permettre d'établir si le Maroc est vraiment sur la voie des
réformes", a lancé le principal accusé, le Marocain Adil Al-Atmani qui était le
premier à prendre la parole.
L'accusé a mis à profit son intervention pour saluer les "réformes du roi" Mohamed
VI, instigateur de la nouvelle Constitution adoptée en juillet en faveur d'une
justice indépendante, et du respect des droits de l'homme.
L'attentat à la bombe dans un café du centre de Marrakech
le 28 avril, accompli à l'aide d'un engin explosif actionné à distance, a fait
17 morts, dont huit (bien huit) Français, trois Suisses et trois Marocains.
L'explosion a porté un préjudice énorme au tourisme dans le royaume.
Le procureur du roi a réclamé la peine capitale contre le principal suspect et
un de ses complices Hakim al Dah alors que les avocats des parties civiles, ainsi
que les proches des victimes françaises, ont demandé la réclusion à perpétuité.
Toujours inscrite dans le code pénal, mais en voie d'être formellement supprimée,
la peine de mort n'est plus appliquée au Maroc depuis 1992.
Al-Atmani avait reconnu sa responsabilité dans l'attentat devant un juge d'instruction,
quelques jours après l'attentat, avant de se rétracter quelques mois plus tard
en proclamant son "innocence".
Selon l'acte d'accusation, les prévenus sont coupables d'avoir "porté gravement
atteinte à l'ordre public, assassinat avec préméditation (..) et appartenance à
un groupe religieux interdit".
La veille, l'avocat d'Al-Atmani, a plaidé l'innocence de son client dont il a
réclamé l'acquittement, devant le tribunal.
Demandant à la cour d'être "juste", Me Hassan Mouhib, avocat du barreau de Safi
(sud de Rabat) d'où sont originaires les neuf accusés, a affirmé que le parquet
n'avait pas prouvé la culpabilité de son client.
Selon lui, le fait que l'accusé ait reconnu sa responsabilité durant l'enquête
avant de se rétracter devant les juges en clamant son innocence constituait une
zone d'ombre.
Dans sa plaidoirie, Me Mouhib a balayé l'accusation relative aux voyages de son
client dans certains pays pour s'entraîner au Jihad. Il a fait valoir qu'Al-Atmani
n'était qu'un "simple migrant" qui voyagait pour faire du commerce.
Cependant, un des co-accusés, Mohamed Njim, le seul à comparaître librement, avait
reconnu lors d'une audience précédente qu'Al-Atmani lui avait "un jour fait part
de son intention d'aller en Tchétchénie pour y accomplir le Jihad".
Selon le parquet, les principaux accusés étaient des personnes "qui ont avoué
avoir adhéré au courant jihadiste" et "aux idées d'Al-Qaïda au Maghreb, après leurs
séjours en 2005 en Irak, en Syrie, en Tchétchénie, au Mali, en Algérie et en Mauritanie".
Pour le parquet, la cour a des preuves irréfutables de la culpabilité d'Al-Atmani.
Selon l'acte d'accusation, les prévenus sont coupables d'avoir "porté gravement
atteinte à l'ordre public, assassinat avec préméditation (..) et appartenance à
un groupe religieux interdit".