Bouchain: la centrale à gaz sera-t-elle rentable ?

EDF a misé sur cette forme de production d'électricité. A Hornaing, E.ON a abandonné : trop peu rentable. Qui a raison ?

 

Le groupe E.On, propriétaire de la centrale électrique d’Hornaing (Nord), estime que la production d’électricité à partir de gaz naturel n’est pas rentable. C’est en tout cas son argument pour justifier sa décision d’abandonner le « projet H4 » lancé par l’ancien propriétaire de la centrale, l’espagnol ENDESA, qui visait précisément à substituer le gaz naturel au charbon.

Le groupe EDF en revanche s’est justement lancé sur cette voie, en décidant de transformer la centrale de Bouchain en centrale à gaz. Les travaux de terrassement ont démarré en juillet, et le cycle combiné gaz d’Hornaing devrait tourner en 2015. Le projet est le produit d’une collaboration entre EDF, propriétaire, et General Electric, géant américain qui a trouvé là l’occasion de s’implanter en Europe.

Deux groupes. Deux stratégies. A priori deux paris strictement opposés. Pourquoi ? Qui a raison ? Produire de l’électricité à partir de gaz naturel est-il rentable ?

Aujourd’hui, il est courant que les grands groupes visent un taux de rentabilité avoisinant les 15%. Mais pour la théorie économique, ce n’est pas raisonnable, voire intenable. On peut s'insurger dès lors, si les estimations de la CGT sont véridiques, qu'E.On détruise une production et des emplois par pêché de gourmandise financière. On peut immédiatement ajouter qu'il en va ici d'une caractéristique fondamentale du capitalisme du XXIe siècle, sujet de luttes idéologiques et politiques. 

Le degré de rentabilité visé par EDF sur le site de Bouchain est confidentiel. Mais le projet dans lequel l'entreprise a fortement investi est avant tout une vitrine. C’est une technologie différente que ce qui a été installé à Hornaing. Une technologie innovante, sur laquelle les acteurs manquent nécessairement de recul, rendant impossible l’évaluation certaine de son niveau de rentabilité.

Mais c’est un pari certainement bien pensé, puisqu’EDF a tout de même de l’expérience dans le cycle combiné gaz. Elle a construit le premier en France à Blénod, en Lorraine. Le groupe ne s’en plaint pas depuis, même si la chose est trop récente pour tirer des leçons pertinentes. A Bouchain, c'est d'ailleurs au bout de deux ans que la rentabilité du site sera évaluée. La CGT estime d'ailleurs que c'est en 2017 que l'avenir redeviendra incertain...

Restent deux problèmes fondamentaux, qui ne justifient pas la position soupçonnée d’E.On, mais qui rappellent les risques pris par EDF :

- La France ne produit pas de gaz. Toute entreprise française fondant sa production sur une matière première qui ne peut qu’être importée sera soumise à des considérations géopolitiques, en l’occurrence notamment quant aux relations franco-russes, la Russie étant le principal fournisseur de gaz naturel du continent. Pour la France elle-même, c’est peut-être inquiétant de voir que son industrie se rend un peu plus dépendante de puissances extérieures.

- Le prix du gaz est indexé sur le cours du pétrole, qui a une forte tendance à la hausse, laquelle ne s’arrêtera jamais, pénurie oblige. Tôt ou tard, il atteindra donc un niveau limite au-delà duquel il ne sera nécessairement plus rentable. L’essentiel est là : « tôt ou tard ».

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