Le juge des libertés et de la détention a refusé mercredi de remettre en liberté David Roquet, l'ex-salarié d'Eiffage.
Le juge des libertés et de la détention a refusé mercredi de remettre en liberté David Roquet, l'ex-directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage qui a été mis en examen dans l'affaire de proxénétisme en lien avec l'hôtel Carlton de Lille, a-t-on appris jeudi auprès du parquet.
M. Roquet avait été entendu le 13 décembre sur le fond de l'affaire par les juges d'instruction lillois, qui avaient refusé sa remise en liberté, amenant son avocat à se tourner vers le JLD.
Carte d'identité
Ancien directeur de la société Matériaux enrobés du Nord, une filiale du groupe Eiffage dans le Pas-de-Calais, M. Roquet est notamment soupçonné d'avoir réglé des frais liés à des parties fines avec des prostituées, auxquelles Dominique Strauss-Kahn aurait participé. M. Roquet a été mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" le 14 octobre et placé en détention provisoire. Eiffage avait annoncé d'abord sa mise à pied, puis, à la fin novembre, son licenciement.
Son rôle dans l'affaire
David Roquet, s'est dit lors de son audition à la PJ "fasciné par DSK". C'est pour lui, qu'il aurait co-organisé des "soirées coquines" aux frais de son entreprise : "Au dos des factures, j'indiquais DSK".
Selon lui, DSK ne payait rien. "Vous savez, dans ce métier, pour accéder à certaines personnes on les invite. DSK, c'était dans cet esprit.". David Roquet a connu DSK par le biais de Fabrice Paszkowski : "En fait c'est Fabrice P. qui m'a dit qu'on avait l'occasion de déjeuner avec monsieur Strauss-Kahn aux enquêteurs, et qu'il apprécierait que je ramène des copines, en fait des prostituées. ".
Dans la lettre ci-dessus qu'il a adressé à ses anciens employés, et révélée par Complément d'Enquête sur France 2 , David Roquet explique que ces rendez-vous n'étaient rien d'autres que des relations publiques; "Oui, j'ai fait des sorties avec cet homme (DSK)et m'y suis fait accompagner. Oui, cela a coûté en frais de représentations. D'autres organisent des somptueuses chasses, ou loges au stade de France, des voyages pour assister à un grand prix de Formule 1 dans le but de rencontrer des hommes politiques, en s'adaptant à ses goût ou passions."
Le patron du groupe de BTP Eiffage a confirmé qu'un audit interne avait mis en évidence 50 000 euros de dépenses en lien avec cette affaire. David Roquet avait alors affirmé avoir agi avec l'aval de son supérieur hiérarchique, et soutenu que le dirigeants d'Eiffage "ne pouvaient ignorer l'organisation de parties fines". Le groupe avait dénoncé des "accusations sans fondement". C'est justement sur ce point que David Roquet a appuyé sa défense lors de son audition il y a quelques jours, versant au dossier une affaire embarrassante pour Eiffage.
Par ailleurs, Fabrice Paszkowski, mis en examen pour proxénétisme et abus de biens sociaux dans l'affaire dite du Carlton de Lille, a été maintenu en détention jeudi, a-t-on appris auprès de son avocat Me Karl Vandamme.
Pour motiver sa décision, le JLD a évoqué le risque de concertation, de pressions sur les témoins et le trouble à l'ordre public "s'agissant de soirées clandestines organisées en présence de personnalités d'une haute autorité ou d'un pouvoir important", selon l'avocat.
M. Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical dans le Pas-de-Calais "paie sa proximité avec DSK", "c'est évident", a ajouté l'avocat, soulignant le sentiment d'"injustice" que ressent son client.
A lire aussi :
David Roquet entendu par les juges
Carlton : qui est Paszkowski, l'ami lensois de DSK ?
Affaire Carlton : DSK entendu en janvier ?
Carlton : Eiffage suspend le supérieur de D.Roquet