Les avocats des accusés, dont DSK, reprochent à la justice d'avoir cacher à la défense certaines pièces du dossier.
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn et d'autres mis en examen dans le dossier de proxénétisme dit du Carlton de Lille ont plaidé mercredi devant la chambre de l'instruction la nullité de la procédure en dénonçant des méthodes "déloyales" utilisées "sciemment" par les juges.
"Depuis maintenant onze mois on se bat avec des méthodes en face de nous qui sont parfaitement déloyales", a ainsi déclaré Me Olivier Bluche, avocat du commissaire Jean-Christophe Lagarde, à la sortie de l'audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai (Nord).
"Nous avons rapporté la preuve qu'à deux reprises au moins, la presse avait été informée d'un certain nombre d'éléments qui n'étaient en possession que de la police et de la justice et qui n'ont pas été communiqués à la défense. Ce n'est que cinq mois plus tard, alors que le procès avait été fait dans les médias, (...) que les éléments ont été produits au dossier", a-t-il ajouté.
Me Henri Leclerc, l'un des avocats de DSK, a renchéri, évoquant "d'incroyables nullités de procédure, c'est-à-dire des défauts de notifications des faits qui étaient reprochés, des problèmes de communication de pièces, des atteintes aux droits de la défense".
Le point sur la situation avec Simon Colaone, Emmanuel Quinart et Vincent Dusausoy :
"Concernant les requêtes de messieurs Lagarde et Strauss-Kahn, elles sont recevables mais non fondées", a répliqué devant la presse un porte-parole du parquet général de Douai, après l'audience.
"Certains documents ne sont pas paginés. Certaines pièces ne sont toujours pas au dossier. C'est l'une des atteintes les plus graves que l'on puisse commettre à l'égard de la défense, qui n'a jamais été respectée dans ce dossier", a estimé Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat d'un autre mis en cause, l'entrepreneur David Roquet.
Selon lui, le "parquet général n'a pas envie réellement d'examiner ces pratiques qui consistent à cacher un certain nombre de procès-verbaux, qui ont été communiqués (aux) journalistes" avant d'être mis au dossier de l'instruction.
"Les juges ont non seulement commis des fautes dans le (débat) contradictoire, mais il est établi que ceci a été fait sciemment", a ajouté Me Bluche, qui a demandé avec son co-défenseur Me Julien Neveux que "la totalité" de l'instruction soit annulée. "La justice n'a pas fonctionné normalement, ceci doit être sanctionné", a-t-il conclu.
La chambre de l'instruction rendra sa décision le 28 novembre. Si les mises en examen de Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Christophe Lagarde devaient être annulées, ils seraient placés sous le statut de témoin assisté.
"Si jamais cette affaire est renvoyée devant un tribunal ou une cour d'assises, je suis bien tranquille, il y aura une relaxe ou un acquittement, parce que ça ne tient pas debout", a estimé Me Leclerc. "Dans ce dossier, le commissaire Lagarde sert de marche-pied. Je crois que tout a été fait depuis le début de cette affaire pour atteindre Dominique Strauss-Kahn, alors on a fait un casting, on distribue les rôles à chacun pour essayer de démontrer l'existence d'une bande organisée", a estimé pour sa part Me Bluche, qui a dénoncé "le vide sidéral de ce dossier".
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