Dix ans après le centre Croix-Rouge de Sangatte...

Dix ans après la fermeture de Sangatte en novembre 2002, la question des migrants n'est pas réglée...

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La fermeture du centre de Sangatte il y a 10 ans, devenu en quelques mois le symbole de l'émigration clandestine vers l'Angleterre, n'a pas fait disparaître les migrants de la région, où les différents acteurs sont toujours en quête de solutions.

Depuis la rentrée, l'agitation règne chez les associations, qui dénoncent la "répression policière" exercée à Calais contre les migrants : le lieu de distribution des repas a été détruit, plusieurs expulsions de squats ont été ordonnées. Juste avant le 10e anniversaire de Sangatte, c'est l'occasion de dénoncer un problème irrésolu.

"Rendre les migrants invisibles"
"La fermeture de Sangatte, c'est le début de la stratégie de l'invisibilité pour les migrants", résume Maël Galisson, de la Plate-forme de Services aux Migrants. "Au lieu d'un camp qui renferme 1.500 personnes, il y a eu un éclatement de la population migrante exilée sur l'ensemble du territoire. C'est le grand nord qui est concerné, de Cherbourg à Ostende en Belgique", précise-t-il.

Ils sont désormais entre 200 et 250 personnes, selon la préfecture. Les associations parlent de 600 à 700 personnes sur la région Nord/Pas-de-Calais.

En 1999, alors qu'errent de nombreux réfugiés de la guerre du Kosovo, le centre de Sangatte est créé à la demande du gouvernement pour accueillir 800 personnes. Il en comptera jusqu'à 1.800 juste avant sa fermeture le 5 novembre.

Au cours de l'année 2002, 97.500 personnes avaient été interpellées dans des camions

ou dans le port de Calais. Dix ans plus tard, la moyenne est entre 550 et 600 par mois, explique le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin.

"Sangatte était un dispositif à gestion associative, organisée, qui est sorti de l'épure initiale, qui n'était plus sous contrôle", estime M. Robin.

Après Sangatte, la jungle de Calais en 2009
Philippe Wannesson
, de La Marmite aux Idées, est partagé. "Les conditions à l'intérieur n'étaient pas idéales. Mais ils pouvaient se laver, accéder à des soins médicaux, ne pas avoir d'incertitude sur où dormir ou être expulsé, ne pas avoir cette insécurité qu'il y a depuis que les gens sont à la rue".

Après Sangatte il y a eu aussi le démantèlement de la "jungle" de Calais, en 2009, un énorme campement de fortune où des centaines de migrants s'étaient installés.

"Calais reste tout aussi attractif pour un certain nombre de candidats à l'émigration. La fermeture de Sangatte de ce point de vue n'a pas modifié l'attitude des migrants. Par contre, on a mis fin à ce dispositif de regroupement qui pesait exclusivement sur le Calaisis. Depuis 2009, le nombre de migrants évalués reste à peu près stable", note Denis Robin.

A la rentrée, une circulaire (du 26 août) a précisé "le cadre de l'action de l'Etat" et "le dispositif de coordination des acteurs locaux" dans le cas d'évacuations de campements illicites. M. Robin a donc organisé une table ronde début octobre pour organiser l'aide aux migrants.

"Il y a un changement d'attitude, au moins dans la posture des autorités", reconnaît

Maël Galisson, avant de tempérer : "Le préfet ne s'est pas trop mouillé sur +ceux

qui passent+ (par opposition aux demandeurs d'asile, ndlr), il a plutôt confié

ça au Conseil régional et à une association qui s'appelle les Elus hospitaliers".


Dimanche une marche partira de l'ancien centre
"Il n'y a plus de solidarité nationale", déplore Claire, une bénévole d'Amnesty

International. A l'époque de Sangatte, outre les organisations comme la Croix-Rouge ou Médecins du Monde, il n'existait que quelques associations locales pour s'occuper des migrants. Elles sont des dizaines aujourd'hui.

"On a d'abord l'impression de faire le boulot de l'Etat", note Nan Suel, présidente

de Terre d'Errance. Elle fait partie des organisateurs de "Sangatte, 10 ans qu'ça se gâte" : dimanche, une marche partira du site de l'ancien centre. De nombreux événements sont organisés jusqu'à début décembre. "Le but, c'est de ne pas avoir à fêter les 20 ans", dit Nan Suel.

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