Samedi 24 novembre, 200 personnes se sont réunies dans les rues de Dunkerque pour rendre hommage aux exilés disparus lors d'un naufrage en 2021, en tentant de rejoindre l'Angleterre. Malgré une alerte lancée depuis leur canot pneumatique, les secours ne sont pas intervenus.
31 noms ont été énumérés dans la nuit, pour commémorer le naufrage du 24 novembre 2021. Ils étaient 200 à défiler en silence dans les rues de Dunkerque pour rendre hommage à ces hommes et ces femmes. "La vie ne vaut pas de se perdre comme ça, presque dans l'indifférence", estime une participante à cette marche. "Ils viennent ici parce que, chez eux, ils souffrent, il n'y a pas de travail, et quand on n'a rien, on part", déplore un autre manifestant.
Il y a 3 ans, 33 personnes montaient à bord d’un canot pneumatique direction l’Angleterre. Après leur départ, l’embarcation prend l’eau, se dégonfle, puis sombre. Un jeune rescapé de 21 ans racontait ainsi aux médias l’inaction des secours français et britanniques : "on a appelé la police française et on a dit : aidez-nous, notre moteur ne fonctionne plus. Alors, on a donné notre localisation et ils nous ont dit : vous êtes dans les eaux britanniques. Alors, on a appelé les Anglais qui nous ont dit d'appeler la police française."
"Nous demandons que la responsabilité de l'État soit reconnu"
Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire et omission de porter secours. Elle révèle des dysfonctionnements dans la coordination du sauvetage : onze passeurs et sept militaires sont mis en examen.
Fait plus rare, des familles de victimes et deux associations ont saisi le tribunal administratif de Lille. "Nous demandons que la responsabilité de l'État soit reconnu, que les victimes soient indemnisées du fait de la responsabilité de l'État, du fait de ses fautes, en particulier son inaction, ses manquements, ses négligences", affirme Jessica Lescs, avocate d’une famille de victime, de la Ligue des Droits de l’Homme et Utopia 56.
Les candidats à l’exil sont toujours aussi nombreux et prennent de plus en plus de risque. En 2024, on dénombre déjà 70 morts lors de tentatives de traversées.
Un collectif de maires demande des voies d’immigration légale au gouvernement britannique pour que cesse l’hécatombe.
Édité par Eline Erzilbengoa / FTV