Dodo la Saumure. C'est le nom qui "amuse" dans l'affaire Carlton. Son procès s'ouvre ce jeudi en Belgique.
Auto-proclamé "leader des salons de massage", le proxénète français Dominique Alderweireld, alias "Dodo la Saumure", risque gros avec le procès qui s'ouvre jeudi en Belgique,tandis qu'en France son ombre plane sur l'affaire du Carlton de Lille.
De ses activités à la frontière entre les deux pays, tolérées en Belgique bien que formellement interdites par le code pénal, l'homme a tiré le surnom de "Dodo la Saumure", en référence au bain salé dans lequel sont plongés... les maquereaux.
En 2007, une de nos équipes avait rencontré longuement Dodo la Saumure.
A l'époque, Dominique Aldeweireld nous avait ouvert les portes de ses établissements.
Fier de sa réussite.
A 62 ans, ce natif du nord de la France, ancien promoteur immobilier, est soupçonné d'avoir fourni des prostituées employées dans les nombreux bar à hôtesses qu'il exploite en Belgique à des clients d'hôtels de luxe lillois, dont le Carlton.
Certaines de ces jeunes femmes ont affirmé avoir participé à des parties fines avec Dominique Strauss-Kahn, ainsi qu'à des voyages à Washington pour rendre visite à l'ex-patron du FMI.
Depuis sa prison d'Ypres, dans le nord de la Belgique, où il est incarcéré depuis
octobre dans le cadre d'une autre enquête, il nie toute implication dans cette
affaire très médiatisée. Il a dénoncé "une orchestration politique destinée à impliquer la gauche", dans une lettre adressée samedi au quotidien français La Voix du Nord.
Pas de liens avec DSK
"Je n'ai jamais, et les écoutes le confirment, amené des filles au Carlton", affirme-t-il. Concernant ses relations avec l'ancien patron du FMI, il assure: "Mes liens avec DSK, ils sont ténus". "En effet, ils se résument au fait que deux clients, relations, ont amené deux filles travaillant au 36 avenue du Maire à Tournai (l'un de ses salons, NDLR) à une soirée à Paris. Etant indépendante, une a fréquenté DSK et les autres personnes mises en cause", explique M. Alderweireld.
L'un de ses avocats belges, Etienne Wéry, souligne qu'il n'a d'ailleurs "pas été
mis en examen en France, ni même interrogé" dans le dossier du Carlton. Et la justice belge a relâché la pression en ordonnant mardi sa remise en liberté, qu'il retrouvera dès qu'il aura rassemblé une caution de 75.000 euros, selon son autre avocat belge, Thomas Gillis.
La proximité de "Dodo" avec plusieurs protagonistes du dossier lillois, dont son ami René Kojfer, ex-responsable des relations publiques du Carlton mis en examen pour proxénétisme aggravé, ne fait toutefois pas de doute.
"Il n'avait pas besoin de moi pour connaître des filles", a lancé dans la presse Dominique Alderweireld.
En octobre 2011, notre équipe a rencontré l'une des ses ex-compagnes. Elle explique
comment fonctionnait le réseau et les liaisons dangereuses avec des clients français.
Et s'il affirme ne pas connaître "DSK", il admet que sa compagne, Béatrice Legrain, une prostituée de 38 ans, lui a dit avoir participé à une soirée très privée à Paris en compagnie de l'ancien favori socialiste à la présidentielle française.
Des "filles", Dominique Alderweireld en a connu une bonne centaine depuis qu'il a ouvert ses premiers "bars montants" en Belgique il y a une vingtaine d'années.
Certaines le décrivent comme un homme "bien", pas du genre à menacer. "Il apportait les croissants", a même expliqué l'une d'elles.
Depuis des années, ce petit homme replet ne cachait pas ses activités en Belgique. Il avait notamment ouvert l'un de ses établissements face au commissariat de la police fédérale à Tournai.
Dans des médias, il s'est targué d'être "devenu un leader sur le marché transfrontalier des salons de massage". Il a aussi bravé l'interdiction de fumer dans les cafés en Belgique en ouvrant en grande pompe un "bar à cigares".
Depuis quelques mois, le vent a toutefois tourné pour "Dodo". Il comparaîtra à partir de jeudi à Tournai pour la tenue de "maisons de débauche", pour "traite des êtres humains" et pour possession de cocaïne. Selon Le Parisien, il est également dans le collimateur du fisc belge.
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