Hénin/Carvin : duel Le Pen/Kemel J-2

Dernier jour de campagne dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais.

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"Il va falloir faire des affiches "Au secours, Mélenchon revient!"". Marine Le Pen plante le décor du second tour dimanche à Hénin-Beaumont, où elle est en embuscade face au candidat PS soutenu par le leader du Front de gauche, toujours aussi dur envers ses ex-"camarades" socialistes.

"Cette incapacité de M. Mélenchon à se passer de moi relève de la psychiatrie", ironise la présidente du Front national, en en appelant aux électeurs du Front de gauche (21% au premier tour) pour faire la différence dimanche dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais.


"Ils savent que les socialistes se sont pliés depuis des années à un système ultra-libéral. Pour lutter contre, ils n'ont qu'une seule possibilité", proclame l'eurodéputée FN, arrivée en tête (42%) devant le "candidat inconnu" du PS, Philippe Kemel (23,5%).

Flanquée de son suppléant Steeve Briois, qui vise la mairie de Hénin en 2014, Marine Le Pen signe des autographes à tour de bras sur les marchés de Libercourt, Noyelles-Godault, Hénin-Beaumont..., après pourtant une longue absence en raison de la campagne présidentielle.

A Libercourt, elle salue des militants socialistes, qui lui rendent la pareille, l'occasion d'une nouvelle charge envers M. Mélenchon: "Depuis son départ, nous faisons campagne courtoisement comme nous en avons l'habitude depuis des années".

Voire. "Ses gorilles nous agressent quand vous n'êtes pas là", glisse à la presse un jeune militant socialiste.
La patronne du FN elle-même utilise des mots sans courtoisie envers son rival, le maire PS de Carvin, "inodore, incolore, sans courage" pour avoir refusé un débat d'entre-deux-tours.

"Je ne voulais pas aller au débat en mettant des gants de boxe", se justifie Philippe Kemel, qui a accusé vendredi matin les militants FN d'avoir dégradé sa ville de Carvin avec un collage sauvage et des tags. Des dégâts qu'il évalue à 15.000 euros.
Cet universitaire d'une soixantaine d'années joue la carte de la discrétion, parle plus volontiers de "friches industrielles à reconstruire" que de bataille "front contre front", comme le faisait Jean-Luc Mélenchon en invoquant les grandes heures de l'histoire de France.

Il s'est contenté avec plaisir de jouer les seconds rôles quand Jean-Luc Mélenchon l'a "invité" à sa conférence de presse, pour lui apporter officiellement son soutien, en présence de militants PCF. A trois jours du scrutin, M. Kemel a ensuite marqué une pause dans sa campagne... pour soutenir son fils, selon lui stressé par des examens.

"Je reviens pour nous couvrir et que les socialistes ne nous fassent pas porter la responsabilité d'une éventuelle défaite face à Marine Le Pen", explique à ses militants M. Mélenchon, en pestant contre les journalistes qui n'ont pas relevé combien il avait amélioré son score par rapport à la présidentielle dans la circonscription.

"Je trouve mes camarades socialistes un peu trop confiants. Ils feraient mieux de venir ici plutôt que d'aller faire les pitres à la Rochelle", s'énerve aussi l'ex-sénateur PS.
"Martine Aubry vient ici pour me damer le pion, mais par pour Marine Le Pen. On dirait que je suis leur principal ennemi", râle-t-il encore lors d'une brève apparition vendredi matin sur le marché de Hénin.

Que vont faire ses électeurs ? Philippe Kemel, qui a pris en 2001 la mairie de Carvin au PCF avec le soutien tacite de la droite, n'est pas l'idole des communistes locaux. "Des électeurs du Front de gauche ne voteront pas pour Kemel", s'inquiète Alain Alpern, blogueur local et ancien élu de gauche. "La dynamique est pour Marine Le Pen".

Dimanche soir, Marine Le Pen attendra les résultats à Hénin, et Philippe Kemel à Carvin. Jean-Luc Mélenchon sera à Paris, sur les plateaux de télévision. L'eurodéputé du Grand Sud-Ouest, qui siège à Bruxelles et Strasbourg, a promis d'ouvrir une permanence à Hénin-Beaumont.

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