Joël Gombin, politologue à Amiens, analyse les résultats du Front national en Picardie.
On l’annonçait comme l’arbitre des législatives en Picardie. Le Front national ne sera finalement présent au second tour de l’élection présidentielle que dans trois circonscriptions – celles de ses dirigeants les mieux implantés.
Dans la cinquième circonscription de l’Aisne, Franck Briffaut (22,74 %) met Isabelle Vasseur, la députée UMP sortante (31,22 %), en difficulté. Cela fera-t-il les affaires de Jacques Krabal (29,79 %), le maire de Château-Thierry, candidat investi par le PS ? Il dispose en tout cas de réservoirs de voix conséquents grâce aux voix de la candidate du Front de Gauche, Mireille Ausécache (4,46 %) et surtout à celles de Dominique Jourdain (9,79 %), l’ancien maire socialiste de Château-Thierry investi par Europe-Ecologie les Verts.
La situation semble également incertaine pour Jean-François Mancel (33,36 %), député UMP de la 2e circonscription de l’Oise, qui y fut élu pour la première fois en 1978. Son adversaire socialiste, Sylvie Houssin (30,5 %) pourra bénéficier de reports de voix en provenance de Pierre Ripart (5,25 %), le candidat du Front de Gauche, tandis que Florence Italiani (23,23 %), la candidate du Front national, se maintiendra au second tour dans ce fief traditionnel de la droite.
Un nombre limité de triangulaires
Enfin, dans la sixième circonscription de l’Oise, Patrice Carvalho (23,14 %), le candidat du Front de Gauche, qui en est à sa quatrième tentative face au député UMP sortant François-Michel Gonnot (28,54 %), sera en situation de challenger. Mais le maintien du leader régional du Front national, Michel Guiniot (22,16 %) et le bon score du candidat investi par le Parti socialiste Jean-Pierre Cossin (20,49 %) pourraient créer la surprise et permettre à la gauche de conquérir une circonscription tenue par la droite depuis dix ans.
Au total, une abstention élevée et un recul du Front national par rapport à l’élection présidentielle se sont conjugués pour limiter le nombre de triangulaires dans la région qui offrit pourtant son meilleur score à Marine Le Pen le 22 avril 2012. Ainsi, au second tour, le clivage gauche-droite structurera les élections législatives dans la majorité des circonscriptions de la région.
Joël Gombin
Doctorant en science politique / PhD candidate in political science
CURAPP - Université de Picardie Jules Verne