Distancé par le FN à Hénin-Beaumont et en France, il a reconnu n'avoir pas su "installer un quelconque sujet de débat".
Hier, Jean-Luc Mélenchon recevait un nouveau soutien a-posteriori : celui de Nicolas Hulot, qui a confié avoir voté pour le candidat Front de gauche au premier tour de l'élection présidentielle. « Ca me fait très plaisir », a déclaré le président du Parti de gauche à l'AFP. Même si ce soutien ne mange pas de pain : après une année entière de campagne, pour la présidentielle et aux législatives à Hénin-Beaumont, Jean-Luc Mélenchon a été défait à ces deux scrutins. Il est redevenu uniquement député européen.
Convoqué aujourd'hui au Palais de justice de Paris, il a été mis en examen pour "injures", dans le cadre d'une plainte de Marine Le Pen visant l'utilisation du terme "fasciste" par le leader de gauche. Dans les couloirs de l'institution, les questions des journalistes ont été pour lui l'occasion, bonne ou mauvaise, de tirer une première leçon personnelle de cette longue séquence électorale.
« Le seul échec que je me reconnais, de ces deux campagnes, c'est de ne pas être parvenu, quelque effort que j'aie fait, à installer un quelconque sujet de débat politique », a reconnu Jean-Luc Mélenchon. A Hénin-Beaumont, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, « je ne suis pas arrivé à faire connaître que je m'opposais à Mme Le Pen "contenu contre contenu" », a-t-il ajouté.
Venir défier Marine Le Pen à Hénin-Beaumont ? Tous les communistes n’étaient pas d’accord avec cette stratégie. Entre autres exemples, Alain Boquet, député-Maire de Saint-Amand-les-Eaux, était défavorable à la venue de Mélenchon.
Comme une réponse aux critiques, le principal intéressé rappelait, en conclusion de sa dernière intervention sur le plateau de France 3 Nord-Pas-de-Calais, qu'il a gagné 1.000 voix par rapport à la présidentielle, tandis que la candidate frontiste « n'en a pas gagné et le candidat socialiste en a perdu 8.000 ».
« J’ai surestimé le niveau intellectuel des médias »
Jean-Luc Mélenchon, pour le moment, ne va pas jusqu’à considérer que son parachutage était une erreur. Son erreur à lui a seulement été « d'avoir surestimé le niveau intellectuel des médias qui observaient », a-t-il déclaré. « La machine médiatique s'intéresse à des formats conceptuels de plus en plus étroits. Il lui faut des choses simples à consommer, en quelques mots, des situations un peu infantilisées », a considéré le député européen, pour expliquer que « les feux de l’actualité » ne se soient pas allumés sur « la bataille des contenus ».
Une analyse qu’il avait déjà pu faire à propos de la campagne présidentielle. « La viande halal a eu beaucoup de succès médiatique, la planification écologique, zéro », a-t-il rappelé. Il comparait ainsi une thématique que Marine Le Pen avait su imposer dans l’agenda médiatique et le débat politique en février dernier, avec une notion fondamentale de "L’humain d’abord", le programme du Front de gauche. « Pourtant, j'en ai parlé dans tous mes discours, sans exception », a ajouté Jean-Luc Mélenchon.
Un aveu de faiblesse pour un homme politique qui a déjà expliqué, sans langue de bois et en public, les filons d'une stratégie médiatique très élaborée. Aux micros de radios, sur certains plateaux télévisés ou devant les caméras de documentaristes, il a parfois expliqué, avec de la finesse et une forme de jubilation, combien il fallait « faire des phrases courtes » ou encore en penser la construction syntaxique pour qu’aucun journaliste ne puisse la couper.
Jean-Luc Mélenchon est un adepte de la sociologie critique des médias, développée notamment par Pierre Bourdieu. Son rapport tendu avec la presse est à géométrie variable, selon la personne et le statut de son interlocuteur. Selon l’humeur du personnage, aussi. Mais l’essentiel pour lui est là : pas plus que Bourdieu, Jean-Luc Mélenchon n’a trouvé les armes pour modifier les règles de fonctionnement des médias face aux intellectuels (et aux politiques).
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